Une excellente distribution réunira des artistes de premier plan, d’ici et d’ailleurs, du 16 au 24 novembre dans cette œuvre si pertinente tirée du personnage shakespearien de Hamlet. La musique est d’Ambroise Thomas (1811-1896), ce compositeur français assez bourgeois du Second Empire qui ravit à Hector Berlioz son Prix de Rome et qui, selon son collègue contemporain Emmanuel Chabrier, ne composa toute sa vie que de la musique ni belle ni laide mais conforme aux attentes.
Une distribution remarquable
Le metteur en scène Alain Gauthier, si plein d’entregent, n’était pas peu fier (avec le directeur artistique Michel Beaulac) de nous présenter sa conception, son décor, puis cette grande voix française dans le rôle de la Reine Gertrude, soit la mezzo-soprano Karine Deshayes qui réalisera une authentique réminiscence vocale inspirante en ce rôle comme le fut, jadis, son idole Régine Crespin dont elle reçut, en succession raconte t-elle, de beaux témoignages d’amitié et de joaillerie mémorable.
Celle que nous avons connue comme triomphante au Concours musical international de Montréal d’il y a trois ans, la soprano Sarah Dufresne incarne Ophélie. Récemment revenue de Londres soit deux ans d’encadrement musical absolument royal, nous entendrons bien sûr d’elle cette scène de la Folie immanente à toute allusion aux conséquences d’être de l’entourage du pauvre Hamlet. Celui qui incarne ce rôle héroïque n’est nul autre que l’imposant et puissant baryton canadien Elliot Madore qui s’exprime dans un beau français d’élégante clarté.
Esther Gonthier, fidèle au poste
La pianiste accompagnatrice Esther Gonthier était toute d’énergie et de passion, comme toujours, à la présentation média. Assise au piano Steinway, elle anima une musique que Jacques Lacombe dirigera à la tête du Métropolitain et, alors qu’on nous joua trois scènes dont le fameux Être ou ne pas Être, le sujet accaparant et d’actualité nous sauta évidemment aux yeux en ce jour même du dépouillement d’un vote historique qui nous obsédait de l’issue cruciale de ce que nos sociétés humaines soient condamnées à rester aux prises avec l’éternelle corruption!
C’est bien entendu le sujet ambitieux de l’Opéra de Thomas dont Alexandre Dumas père avait extirpé un libretto édulcorant la tragédie anglaise.
Nathan Berg, Matthew Li et plus
Il n’y pas que les édulcorants, la corruption thématique et la tragédie qui seront de provenances ou de formations anglaises dans cet opéra présenté en grande Première montréalaise par l’enthousiaste et dynamique équipe sous la gouverne des énergiques Patrick Corrigan et Michel Beaulac.
Le baryton-basse Nathan Berg jouera le rôle de Claudius, le ténor Rocco Rupolo sera Marcellus et un autre résident de l’essentiel Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal sera des élus (désormais sous la radieuse Jennifer Szetto) soit le baryton Matthew Li (rôle de Polonius), ce garçon solide dont nous avons vanté son récent Dichterliebe de Schumann au Conservatoire de Montréal (lire notre article).
D’autres belles voix d’ici
Le ténor Antoine Bélanger dans Laërte, le baryton-basse Alexandre Sylvestre incarnera Horatio et la basse tant aimée Alain Coulombe se positionnera dans son rôle spectral. Le sujet de l’Opéra Hamlet de Thomas assura le triomphe de l’œuvre et sa consécration perdurante comme compositeur malgré son exercice tyrannique du pouvoir comme directeur du Conservatoire qui écarta bien plus grand que lui des places – clefs tels César Franck, Gabriel Fauré – tout l’entourage de Vincent d’Indy en fait – pour ne nommer qu’eux. Il est de notoriété qu’Ambroise Thomas les persécuta.
L’histoire musicale a de ces retours et de ces jugements ultérieurs qui font que la gloire ne se corrompt jamais de manière transitoire ou embarrassante que du jugement des Hommes! Allons donc découvrir cette œuvre animée par ces interprètes bien choisis qui rempliront de leurs voix retentissantes l’enceinte de la salle Wilfrid-Pelletier.
HAMLET d’Ambroise Thomas, en 5 actes
Opéra de Montréal
Salle Wilfrid-Pelletier
16, 19, 21 novembre 19h30
Dimanche 24 novembre 14h
ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN
CHOEUR DE L’OPÉRA DE MONTRÉAL
Direction d’Orchestre : Jacques Lacombe
Mise en scène : Alain Gauthier
Scénographie : Frédérick Ouellet / Costumes: Sarah Balleux / Éclairages: Renaud Pettigrew