Soir de fête au Théâtre Outremont, où le Louisianais préféré des Québécois était de retour après le silence obligé de la pandémie. Toujours énergique et en voix, Zachary Richard célèbre ses cinquante ans de carrière, en interprétant ses grands succès et quelques nouvelles chansons, accompagné de quatre excellents musiciens. Véritable phare de la francophonie en Amérique, l’homme n’a rien perdu de sa simplicité et on le retrouve comme un membre de la famille.
Avec son accent si particulier, ses rythmes parfois cajuns, ses refrains inoubliables et ses histoires souvent déchirantes, cet artiste occupe une place à part dans nos coeurs. D’ailleurs, malgré la pluie qui aurait pu en décourager plusieurs, la salle était bien remplie de spectateurs enthousiastes et attentifs.
Quant au chanteur, avec une vingtaine d’albums à son actif, disons que son répertoire lui donne l’embarras du choix ! Après Clif’s Zydeco et Sweet Sweet de l’album Le Fou, on passe à Pagayez, bel hymne à la bravoure et à la liberté, rehaussé d’un petit velours qui fait toujours plaisir aux Montréalais : «Dans la ville de Montréal, y a une belle brune À laquelle je donnerais toute ma fortune.»
L’auteur-compositeur souligne aussi les 25 ans de son célèbre album Cap Enragé dont il dédie la chanson titre à ses amis de Floride et des Îles-de-la-Madeleine, récemment éprouvés par des tempêtes dévastatrices.
Parmi les temps forts de la soirée, on retiendra Danser le ciel, composée en l’honneur de sa mère, décédée en 2021. «Elle n’est plus ce qu’elle était, mais elle est partout où je vais», souligne-t-il, en guise de présentation de cette émouvante chanson tournée vers l’espoir.
La douce Au bord du Lac Bijou et l’emblématique Jean Batailleur m’ont parues encore plus belles dans leurs nouveaux arrangements.
Il faut dire que Francis Covan au violon et à l’accordéon ajoute des couleurs splendides aux paysages musicaux de ce monstre sacré qui en plus de chanter et de s’accompagner à la guitare, joue aussi du piano et de l’harmonica.
Mario Légaré à la contrebasse, Paul Picard aux percussions et Rick Haworth aux guitares et à l’harmonica complètent cette équipe de rêve. De toute évidence, ces musiciens sont aussi des amis de longue date et leur joie d’être ensemble est communicative !
Blagueur, le chanteur raconte que chaque fois qu’on s’apprête à fermer le cercueil sur la francophonie en Amérique, «le corps se lève et demande une autre bière !»
C’est d’ailleurs avec le coeur à la fête que l’homme de 72 ans se déhanche joyeusement sur Johnny Danser et Petit Codiac sans oublier l’incontournable L’arbre est dans ses feuilles, avec la participation de son petit fils Émile Cullin aux castagnettes. Le jeune homme qui est handicapé neuromoteur joue aussi de l’harmonica sur J’aime la vie qu’il a gravée sur disque avec son grand-père.
Pour terminer la soirée, le poète cajun raconte l’histoire d’un personnage de son enfance, Monsieur Vincent, qui chantait tout le temps des airs appris de ses ancêtres, dont Travailler c’est trop dur qui est devenue un succès dans toute la francophonie. Voilà comment la mémoire se transmet à travers la musique et demeure vivante grâce à un infatigable batailleur. Grand merci monsieur Richard !
«Je dis que je vis sur l’amour et j’espère de vivre vieux», chante Zachary qui termine en ajoutant : «j’espère de vivre assez vieux pour revenir chanter avec vous !» Revenez vite ! Vous êtes ici chez vous !
La tournée Danser le ciel de Zachary Richard a fait escale au Théâtre Outremont le 13 octobre et se poursuit dans plusieurs villes du Québec, notamment, à Trois-Rivières, Longueuil et Gatineau.