De François Legault à Ginette Reno, en passant par Charlotte Cardin, Xavier Dolan, Louis-José Houde et Alexandra Stréliski, on ratisse large! De Martin St-Louis à Justin Trudeau qui, lui, devient un personnage du film Barbie, un gag n’attend pas l’autre! Le ton est mordant sans être bêtement méchant! Aux dialogues savoureux, s’ajouent des imitations, des chorégraphies, des chansons et même un hommage bien senti aux Cowboys Fringants!

Malgré un numéro d’ouverture sans grand éclat qu’on nous présente comme «imparfait», mais humain et «sans intelligence artificielle», le spectacle ne tarde pas à trouver son rythme.

Comme il fallait s’y attendre, les drag queens prennent leur revanche, après avoir été critiquées pour leur présence auprès des enfants dans les bibliothèques de la Belle Province. Le coup de gueule de Bertha Paprika (St-Martin), entourée de ses danseuses, culmine au son du refrain de Dalida, Laissez-moi danser, que l’on a remplacé par Laissez-moi draguer. Grâce à la magie de la vidéo, le décor se transforme sans cesse et nous transporte dans des univers appropriés aux sketchs.

Ginette Reno dans les allées d’un Jean Coutu

C’est ainsi que Ginette Reno (Sansfaçon) se promène dans les allées d’une pharmacie Jean Coutu, en chantant L’Essentiel dont les nouvelles paroles se réfèrent plutôt à la recherche d’huiles essentielles ! Comme le veut la rengaine publicitaire selon laquelle on trouve de tout chez PJC, «même un ami», la chanteuse y croisera, entre autres, un Jean-Pierre Ferland (Brassard) hilarant! À lui seul, ce numéro vaut le déplacement ! Rappelons qu’on a voulu souligner ainsi le fait que le dernier album de madame Reno n’est disponible que dans les pharmacies Jean Coutu.

La carte Metro & Moi au pilori !

Entre les sketchs, on insère quelques capsules vidéos cinglantes ! On se moque, entre autres, du programme Moi qui permet d’accumuler des récompenses dans toutes les bannières de l’entreprise Metro. Parmi les ambassadeurs égocentriques de cette carte fidélité, on trouve des imitations du chroniqueur Richard Martineau et de la mairesse Valérie Plante qui répètent continuellement : «moi, moi, moi».

Les textes de Mathieu Bouillon, Nicolas Forget, Luc Michaud, Dominic Quarré et Odrée Rousseau sont railleurs et parfois cyniques, sans tomber dans la vulgarité.

Christian Bégin plus vrai que nature

L’une des imitations les plus mémorables de la soirée est certainement celle de Christian Bégin (Paquette) qui prodigue ses conseils à Martin Matte (Brassard). Un régal!

Les soeurs Boulay (Pilon et Sansfaçon) y goûtent aussi, à travers leurs versions léthargiques de chansons de Noël et un commentaire corrosif de Mike Ward (St-Martin)!

Chez les politiciens, Bernard Drainville (Paquette) est lui aussi caricaturé avec espièglerie. Cette parodie du ministre de l’Éducation exténué a bien fait rire la salle tout entière!

Du début à la fin de cette revue, les costumes de Suzanne Harel et les perruques de Louis Bond font merveilles !

Volet international

Sur la scène internationale, on se penche sans surprise sur Donald Trump qui se prépare à un procès. De son côté, Vladimir Poutine viendra tenter d’effacer les frontières de l’Ukraine. Disons que ce ne sont pas les numéros les plus drôles de la soirée.

Quant à la parodie de la comédie musicale Hair, mise en scène par Serge Denoncourt (Brassard) et présentée, entre autres au Théâtre St-Denis, il fallait avoir vu le spectacle pour apprécier ce numéro qui, en fait, ne lève pas vraiment.

Yvon Deschamps, magistral !

Parmi les nombreux temps forts de ce spectacle, on se souviendra de l’éloquent Yvon Deschamps incarné par Marc St-Martin. Le rire caractéristique du père de l’humour québécois, sa façon de parler, sa gestuelle, tout est là! Plus encore, l’adaptation du monologue Les unions qu’ossa donne tape dans le mille, en pleine période de manifestations et de grèves chez les travailleurs de la santé et de l’enseignement, au Québec.

Clin d’oeil à La Petite vie

En cette année marquée par le retour de la série humoristique culte La Petite Vie, on a droit à une parodie des nouveaux épisodes, avec leurs personnages maintenant à l’âge de la retraite. Thérèse (Pilon) et Réjean (St-Martin) tentent d’expulser Popa (Brassard) pour pouvoir louer son logement plus cher…

Un numéro final époustouflant!

L’incontournable sujet de l’environnement prend des allures inattendues à travers les refrains loufoques d’Éric Lapointe, Claude Dubois, Roxane Bruneau et Jean Leloup. La trame sonore de Christian Thomas nous plonge en plein réchauffement climatique avec Marjo (Pilon) qui a troqué Provocante pour +Quarante (degrés) !

Mais, le dernier mot revient à l’incarnation même d’un ouragan, à travers la tumultueuse Tiens-toé ben j’arrive de Diane Dufresne (Sansfaçon), suivie de l’increvable Oxygène, chantée et dansée par tout le groupe!

En résumé:

Cinq comédiens qui ont du chien ! Des textes mordants! Chansons bien tournées, chorégraphies enlevantes et gags désopilants! Décidément, 2023 revue et corrigée est un feu roulant! À ne pas manquer!

2023 revue et corrigée

Au Théâtre du Rideau Vert, jusqu’au 7 janvier 2024 / Billets

*Crédit photo : David Ospina