Avec le roman Cadillac, aux éditions Leméac, Biz nous fait réfléchir sur le multiculturalisme, sur notre Histoire de minorité francophone, autant nous, les Canadiens français, que les Premières Nations, tout en nous proposant un voyage, style road trip, à Détroit, au Michigan, «The motor city » à l’époque, devenue ville fantôme aujourd’hui, qui fut fondée par le Français Antoine de Lamothe-Cadillac.
Résumé : Son grand-père meurt alors que son amoureuse est enceinte. Pour Derek, le passé et le futur se télescopent violemment. Quel destin attend son enfant, et en fonction de quelle histoire? Hockeyeur repêché par les Red Wings – forcé à la retraite avant son premier match à cause d’une blessure au genou – devenu depuis porte-parole et vendeur de Cadillac, Derek souffre encore de cet avenir brisé. Pour tenter de retrouver la paix, il entame un road trip qui le mène à Détroit, là même où il aurait dû jouer professionnellement. Mais son trajet est parsemé des lieux d’une mémoire ancestrale, et c’est le parcours de son peuple qu’il refait malgré lui – son peuple à qui jadis l’Amérique entière et ses premiers habitants avaient tendu la main. Avec toute la culture et l’Histoire qui nourrissent son œuvre, Biz signe ici le roman de notre Amérique.
Ce roman n’atteint même pas 100 pages, mais tous les mots qu’il contient sont importants et nécessaires. Biz a cette qualité, avec sa plume, d’aller à l’essentiel, de faire compter chaque phrase qu’il écrit.
Dans la première moitié du livre, Biz nous présente Derek et sa copine Daisy. Il nous met en contexte sur leur histoire et ce qui va amener Derek à vouloir partir en road trip sur les traces de son ancêtre, le Français et fondateur de Detroit, Antoine de Lamothe-Cadillac. La deuxième partie du roman est plus axé sur ce voyage, sur l’Histoire autour de cet ancêtre, mais aussi sur les exploits également d’Iberville, de Radisson et sur les événements qui ont amené la ville de Détroit au Michigan, un jour très prospère, à devenir une ville fantôme. Il fait même une incursion dans l’histoire et la vie de Eminem qui vient de Détroit, à trois rues du 8 Mile road.
Ce que j’aime principalement de Biz, c’est qu’il est un fin raconteur, tout en étant également capable de me captiver lorsqu’il décrit des événements historiques, ou encore lorsqu’il dresse un portrait très imagé d’une ville, avec de superbes métaphores.
Voici des extraits qui démontrent le style unique de Biz :
En décrivant Toronto : «Tournée vers le lac Ontario, la ville présente son derrière à qui la contourne par l’ouest. Elle étale son opulence avec ses gratte-ciel miroitants, ses banlieues infinies et ses autoroutes à six voies. Tumeur en expansion; métropole nord-américaine générique, laborieuse et prospère, qui brasse des affaires avec contentement. Une cité banale, qui n’a aucune identité, si ce n’est celle d’en agglomérer une multitude…»
En décrivant l’histoire de son ancêtre : «En juillet 1701, Antoine Lamothe est parti de Ville-Marie à la tête d’un convoi de vingt-cinq canots pour aller fonder ce qui deviendra Détroit, capitale mondiale de l’automobile aux XXe siècle. Une centaine d’enivrés d’aventure, des soldats, des paysans, un jésuite et un recollet. Pour plusieurs, c’était une deuxième migration, après la grande traversée de l’Atlantique, épopée de deux mois et demi, aussi hasardeuse qu’un voyage sur la Lune de nos jours.»
Au final, ce roman est à la fois accessible, captivant et engageant. Il nous instruit en plus de nous divertir et de nous faire réfléchir. Tout un exploit!
Biz est membre du groupe rap Loco Locass. Son travail d’auteur a été récompensé par le Prix du livre jeunesse des bibliothèques de Montréal et le Prix jeunesse des libraires du Québec en 2012 (La chute de Sparte) ainsi que le prix France-Québec en 2015 (Mort-Terrain).
Date de parution : 3 octobre 2018
Prix : 15.95 $
Format : 14 x 21,6 cm
Nombre de pages : 96
Discipline : Littérature
Spécialité : Roman tous publics
Éditions Lemeac