Le Saint Patron des plans foireux, le tout nouveau roman d’Éric Gauthier, aux éditions Alire, vient tout juste d’être disponible en librairie. Ce roman plaira assurément aux amateurs de suspens, de fantastique et de surnaturel, tout en ayant un faible pour l’humour parfois cynique de l’écrivain et conteur Éric Gauthier.
Résumé : Philippe Sigouin a passé sa jeunesse à monter des combines avec Yannick, son grand frère et partner de toujours. Mais comme ce dernier vient de le trahir joliment, Sigouin a décidé que ça ne se reproduirait plus : dorénavant, il volera de ses propres ailes. Pourtant, si on lui avait demandé quel serait son premier coup d’envergure, jamais il n’aurait pensé répondre « l’importation du squelette d’un saint couvert de bijoux ». Or, c’est bien ce que lui propose Hortensia, une antiquaire peu habituée aux transactions criminelles mais en relation avec un « respectable » acheteur prêt à débourser une somme faramineuse pour acquérir cette sainte marchandise. Si l’entrée au pays de saint Deodatus se déroule sans anicroches, le plan de Sigouin dérape soudain quand des intrus s’emparent du squelette. Puis c’est la réalité même qui dérape quand, kidnappé parce qu’il a reconnu un des voleurs, Sigouin assiste à une troublante cérémonie au terme de laquelle il voit le squelette s’animer ! Ébranlé par ce miracle indésiré, contrarié par les disciples d’un martyr douteux et bientôt menacé par de plus grosses crapules que lui, Sigouin ne sait plus à quel saint se vouer pour demeurer fidèle à sa parole, c’est-à-dire livrer la « marchandise » au client !
Je ne connaissais pas cet auteur, mais ma curiosité a été titillée par le titre de ce nouveau roman et l’image de sa page couverture. Assurément, ce roman est très original dans son approche et dans son propos. Il raconte une histoire rocambolesque amusante, avec des péripéties surprenantes, une bonne dose d’humour et quelques pistes de réflexions sur la société en mal de vivre, sur la religion, les croyances, sur la quête pour se réaliser personnellement et sur comment trouver notre place dans ce monde actuel. Et le tout est agrémenté d’un bon degré de surnaturel, qui est pour le moins déstabilisant.
Pour ce faire, l’auteur a créé des personnages savoureusement colorés et imparfaits. Il y a Sigouin, ce petit bandit de quartier, un peu trop optimiste et pas très équipé pour faire face aux péripéties et aventures qui lui arrivent. Il y a aussi Hortensia, la gentille antiquaire, qui, pour plaire à une charmante jeune fille, va vouloir saisir une occasion exceptionnelle de faire une passe d’argent. Il y a aussi ce client très fortuné et colérique, qui ne recule devant rien pour avoir ce que son cœur désire, à tout prix. Des personnages comme ça, il y en a plusieurs, et il y a surtout ce squelette, ce saint réanimé qui surprend et déstabilise fortement le lecteur. Il y a également une étudiante qui causera aussi bien des émois, mais dont vous n’en saurez l’ampleur qu’en lisant ce roman des plus surprenant.
Suite à la lecture de ce roman, vous serez peut-être intéressé, comme moi, à en savoir plus sur ce squelette du Saint Deodatus. Voici donc le site http://empiredelamort.com/ qui explique l’origine de ces reliques et vous y verrez entre autres des photos du squelette qui a inspiré ce roman.
Au final, le lecteur passe un bon moment, grâce à la plume très fluide et les talents de conteurs de cet auteur, dont la narration des événements et les diverses descriptions sont captivantes, et les dialogues très savoureux.
Abitibien errant, informaticien défroqué, Éric Gauthier raconte le fantastique, l’absurde, les mystères de la vie moderne. Tantôt écrivain, tantôt conteur, il s’est produit sur une multitude de scènes, du Sergent recruteur (à Montréal) jusqu’au Yukon, en France et en Serbie. Sa passion pour les rouages des histoires l’amène aussi à accompagner d’autres auteurs dans leur écriture. Ses écrits et ses contes lui ont valu plusieurs prix, dont le Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois. Après son recueil de contes Feu blanc (2009) et son ambitieux roman Montréel (2011), il proposait en 2015 La Grande Mort de mononc’ Morbide, roman qui met en évidence sa voix de conteur et son style singulier. Il habite Sherbrooke où il élabore en ce moment sa prochaine combine.
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Date de parution : 4 avril 2019
Nombre de pages 441 pages
Prix : 27,95 $
Édition Alire