Avec Requiem Pop, la chorégraphe Helen Simard boucle sa trilogie rock, inspirée d’Iggy Pop. Après No Fun (2014) et Idiot (2017), elle nous livre son interprétation de la période la plus récente de la carrière du chanteur. Entre riffs de guitare et convulsions répétées, Helen Simard a insufflé une dimension planante à son œuvre, qui entrait souvent en complète opposition avec son postulat de départ.
C’était clair dès le début : la musique allait être forte, très forte, trop forte peut-être. Mais certainement pas aussi forte que les corps qui s’entrechoquent, se jettent, se traînent pendant toute la durée de la performance. La force d’Helen Simard est d’avoir créé une cohésion entre tous ses danseurs. Ils ont des parcours différents, des âges différents et pourtant, ils ne font qu’un. Est-ce que l’on doit s’attendre à voir Iggy Pop personnifié? Pas véritablement. Bien que l’aura spéciale de l’une des interprètes, Sarah Williams, nous ait replongé dans les années de gloire de l’icône, il fallait être plus subtil pour s’imprégner du rockeur.
Du cheveux, du torse nu, de la dégaine : prémisses indispensables pour entrer dans l’univers punk. Une ambiance sonore plus qu’une musique, un bruit lancinant qui ancre dans le sol et qui soutient les mots. Des mots d’entrevues, de réflexions, comme autant de moteurs de chorégraphies déjantées.
Tous les codes du contemporain sont là : les souffles, les tremblements, les mouvements lents sur musique rapide… le début du spectacle démarre en trombe. On s’y croit, on y est. On rentre dans le vif du sujet rapidement. On passe très vite sur le côté sulfureux, sexuel se l’artiste, car ce qui inspire Helen Simard pour ce troisième opus, c’est la traversée du désert de «l’iguane». Un ralentissement, une chute dans la carrière du chanteur qui pourra expliquer les effets lancinants, lents, dégingandés qui se répéteront plus d’une fois, conférant à la deuxième moitié du spectacle un aspect beaucoup plus paresseux.
La performance des danseurs est toujours énergique et sentie, mais a du mal à compenser une rythmique lente, qui s’installe pour de bon. La lassitude dans les tableaux prend le dessus, les mouvements deviennent clichés. Où sont la fureur et l’excès?
Une contradiction entre l’inspiration et le rendu qui laisse perplexe, et une fin qui vient chercher une émotion que l’on n’est pas certain de vouloir venir. Helen Simard n’en a donc pas fini avec le rock…
Crédit Photo : Claudia Chan Tak
Durée : 1h15 sans entracte
Requiem Pop est présenté jusqu’au 13 avril à l’Agora de la danse.
Chorégraphie, mise en scène et textes Helen Simard
Interprétation Stacey Désilier, Stéphanie Fromentin, Justin Gionet, Sébastien Provencher, Sarah Williams, Angélique Willkie
Interprétation et musique Jackie Gallant, Roger White, Ted Yates