Rebecca Westcott a coécrit avec Libby Scott quatre livres en Angleterre, sur la réalité d’une jeune fille avec un diagnostic d’autisme. L’un d’eux, Peux-tu me voir ? (Can you see me ?) vient d’être traduit en français, aux éditions Michel Lafon par Isabelle Troin, également une personne autiste. Que ce soit au Québec ou n’importe où dans le monde, l’autisme est bien présent et ce livre nous permet de poser un regard humain, sensible et émouvant sur l’autisme, ses caractéristiques, ses défis de tous les jours ainsi que ses avantages. Le tout nous est présenté par une jeune fille autiste qui est la base d’inspiration de ce roman.
Résumé : Voici les choses dont Tally a peur pour sa rentrée au collège :
– Être en classe sans ses meilleures amies.
– Les nouveaux uniformes (qui grattent).
– Son autisme.
Tally n’a pas honte d’être autiste. Même si ce trouble lui complique parfois la vie, cela fait aussi partie de son identité. Si beaucoup de gens sont mal à l’aise en sa présence, elle a toujours pu compter sur sa meilleure amie, Layla… jusqu’à sa rentrée. Heureusement, la jeune fille n’est pas seule : il y a sa famille (même si sa sœur Nell la déteste parfois), son journal, dans lequel elle consigne ses ressentis et les conseils qu’elle donnerait à son entourage, et, surtout, son masque de tigre qui la transforme en fille courageuse et invincible quand elle l’enfile.
Rebecca Westcott, s’est inspire des expériences de vie de Libby Scott qui, à onze ans, s’exprime publiquement sur les réseaux sociaux (grâce à sa mère) de son expérience de vie, en tant qu’autiste, et démystifie les mythes et les réalités des gens autistes.
Ainsi, le personnage de Tally est grandement inspiré des propos et écrits de Libby Scott. Et Rebecca Westcott a construit cette histoire autour de cette jeune fille autiste, qui tente de concilier école, vie familiale et les défis de vivre différemment des autres.
C’est un livre très bien écrit qui ouvre nos horizons sur l’autisme, grâce à la narratrice qui nous décrit en détail, comment la jeune fille ressent les émotions et les sensations différemment de la plupart des gens. Bien que chaque personne autiste est unique et a son propre lot de défis à surmonter, c’est très intéressant de se mettre dans la peau de la jeune Tally pour bien comprendre ce qu’elle vit, alors qu’on est souvent trop habitué d’être dans la peau d’un neurotypique qui ne sait pas comment réagir devant des gens aux comportements différents des nôtres.
Le livre est très bien construit. Il y a des chapitres où l’on suit l’histoire autant de Tally et ses préoccupations que celle de sa mère, sa sœur, son père et ses amis à l’école, avec leurs préoccupations et leurs interrogations face à l’autisme. Car, on le sait, les neurotypiques se sentent démunis, impuissants, ignorants face à une personne autiste parfois. Donc, on s’identifie aux parents et amis, mais en même temps, on a la vision de Tally également. C’est ce qui en fait une lecture passionnante et enrichissante.
Mes chapitres favoris sont ceux où Tally fait le bilan de ses journées, dans un journal intime. Elle nous fait voir sa réalité, comment elle se sent à l’intérieur et tout ce qu’elle fait pour tenter d’avoir l’air «normal», pour s’intégrer aux autres. C’est très émouvant. Et ces chapitres contiennent aussi des sections mode d’emploi pour l’autisme de Tally. Là, elle nous explique plus clairement sa condition, ses différences. Par exemple, Tally a des perceptions plus développées que nous tous. Elle a une meilleure mémoire, et tous ses sens sont plus développés que nous. Elle est hypersensible au niveau du toucher, de l’ouïe, etc. donc, on peut imaginer que se faire brosser les cheveux peut devenir une torture. Et cela a ses avantages, mais aussi ses inconvénients qu’elle nous décrit. Et cette hypersensibilité lui cause beaucoup d’anxiété. Aussi, Tally a le syndrome d’évitement pathologique des demandes. Elle refuse les ordres. Même si elle a envie de l’activité, dès qu’on l’oblige, elle ne veut pas le faire. Finalement, il y a une section parfois où Tally donne un guide de référence aux parents sur la manière d’interagir avec un enfant autiste comme elle. C’est très inspirant.
Dans le livre, il y a aussi une enseignante qui m’a beaucoup fait rire au début, car elle et Tally n’ont vraiment pas commencé leur relation sur un bon pied au départ. Avec Tally qui prend tout au pied de la lettre et l’enseignante qui utilise l’ironie et le sarcasme ainsi que les métaphores, cela a engendré des moments très rigolos. Mais cette enseignante m’a également ému à plusieurs moments, avec sa sagesse, son écoute, son ouverture et sa façon d’amener les jeunes à accepter les différences et à voir autrement les autistes. Voici un extrait du roman où Tally dit «Je ne sais pas ce que je dois faire et dire pour être comme tout le monde! Je n’ai pas les mots!» L’enseignante répond: « Des mots, il y en a beaucoup dans cette bibliothèque… Et des tas d’entre eux ont été écrits par des gens qui pensent différemment des autres. C’est peut-être pour ça qu’ils ont écrit des livres, pour explorer leurs sentiments d’une façon qui faisait du sens pour eux… Je crois que c’est un endroit parfait pour se rappeler que le monde serait un endroit bien ennuyeux si nous étions tous semblables.»
Quand elle coécrit Peux-tu me voir ? (Can you see me?) LIBBY SCOTT n’a que onze ans. Elle-même autiste, elle a voulu rendre l’histoire de Tally aussi réaliste et authentique que possible.
REBECCA WESTCOTT a commencé à tenir un journal intime à l’âge de huit ans, sans se douter qu’un jour ses notes l’aideraient à écrire ses livres. Elle est enseignante et vit dans le Dorset avec son mari et ses trois enfants.
Catégorie : Roman jeunesse
Sujet : Autisme
Parution : 13 avril 2022
Prix : 26,95 $
Éditions Michel Lafon : https://michel-lafon.ca/
Michel Lafon Jeunesse : http://www.lire-en-serie.com/






























































