Le Belge Olivier Laurent a conquis le public du Théâtre Maisonneuve, ce soir, avec sa voix d’une stupéfiante ressemblance avec celle de Jacques Brel et l’intensité avec laquelle il interprète les chansons de ce monstre sacré. Reconnu comme imitateur dès le début de sa carrière, Olivier Laurent a reçu sa première ovation de la soirée en simulant une rencontre entre Brel et quatre autres géants de la chanson. Cela dit, son art ne se limite pas à l’imitation. Certaines critiques dont celle du Figaro vont même jusqu’à le qualifier de réincarnation de Brel.

Courtoisie: Gil Marsalla
Dès son entrée en scène, Olivier Laurent nous transporte dans une autre époque: «C’était au temps où Bruxelles rêvait C’était au temps du cinéma muet…» Cet hymne emblématique de sa terre natale, il le porte avec une énergie de tous les instants, comme si sa vie en dépendait. La plupart des spectateurs de cette première montréalaise ne le connaissent pas encore mais, ils se laisseront progressivement gagner par ce conquérant passionné.
Il confesse qu’il a le trac, mais on ne s’en rend pas compte, tellement il enchaîne tout sans temps mort, en se métamorphosant à chaque pièce. Rageur dans Les Bourgeois, fragile et titubant dans Les Vieux, sa voix et sa gestuelle lui suffisent pour habiter la scène. Puis, il y aura Madeleine, où l’amoureux enthousiaste attend sa bien-aimée en brandissant un bouquet de fleurs qu’il laisse bruyamment tomber quand il réalise qu’elle ne viendra pas. Simplicité! Justesse! Émotion!
Pas de longues présentations. Simplement quelques mots pour raconter que Brel n’était pas homme à se laisser dicter sa conduite, pas même par Bruno Coquatrix, légendaire directeur de l’Olympia de Paris, qui osa demander au grand Jacques de laisser tomber son accent belge pour parler à la française. C’est ainsi que serait née une version vitriolique des Bonbons, où Brel se moquait à son tour de l’accent français. «Je viens rechercher mes bonbons» est un petit bijoux d’ironie qu’Olivier Laurent porte avec une évidente fierté!
L’homme parlera brièvement de la Belgique «un peu compliquée» avec ses trois langues officielles, en guise d’introduction à la déchirante Le plat pays.
Si les sujets des chansons sont souvent dramatiques, Brel! Le spectacle demeure rythmé avec des touches de légèreté. Une interprétation tout à fait inattendue de Quand on n’a que l’amour est d’ailleurs l’un des temps forts de la soirée. On apporte quatre micros derrière lesquels se feront entendre tour à tour Johnny Hallyday, Charles Aznavour, Yves Montand et Gilbert Bécaud, grâce aux formidables talents d’imitateurs d’Olivier Laurent. On peut se demander qui d’autres arriverait à faire un numéro pareil où cinq légendes de la chanson réapparaissent en moins de cinq minutes! Chapeau!
Cette époque bénie des grandes mélodies françaises se reflète dans les arrangements interprétés par quatre musiciens sous la direction du pianiste Philippe Villa. Mention spéciale à l’accordéonniste Frédéric Viale pour sa performance épatante dans Vesoul!
Malheureusement, on perd des mots dans plusieurs chansons, alors que le texte est toujours primordial chez Brel. Certaines pièces dont Ces gens-là sont plutôt surjouées! Enfin, on regrette que l’immense J’arrive ne soit pas au programme.
Cela dit, Brel! Le spectacle demeure un enchantement du début à la fin! On est tenu en haleine durant 90 minutes sans entracte. Après l’incontournable Ne me quitte pas, on aura au rappel, Amsterdam. Puis, Olivier Laurent chante Voir un ami pleurer en duo avec Brel symbolisé par un microphone d’antan. C’est tout simple et pourtant, tout est là! Frissons!
Brel! Le spectacle sera présenté à Québec, au Petit Champlain les 24 et 25 avril (2023) (détails)et sera de retour à la Place des Arts, le 16 janvier 2024 (détails).
À ne pas manquer!






























































