Malgré des conditions météo incertaines, en ce samedi soir 13 janvier, un public nombreux a pris place à la Maison symphonique pour le concert Hallelujah. Des mélodies du Montréalais Leonard Cohen sont venues clore cet ambitieux programme de l’Ensemble ArtChoral, regroupant aussi des oeuvres de Leonard Bernstein et Billy Joel. Avec sa bonne humeur habituelle, le chef de choeur Matthias Maute a su guider le public dans ce voyage choral a cappella qui s’étendait du XVIIe au XXIe siècle.
Psaumes et chansons
Les premiers moments de la soirée furent, à mon sens, parmi les plus réussis du concert. La douceur et le raffinement des psaumes de l’Italien Salomone Rossi ont tout de suite plongé la salle dans un univers hors du temps, propice au recueillement. Les quelque 25 chanteurs de l’Ensemble ArtChoral semblaient eux-mêmes très habités par cette musique d’un représentant majeur de la transition entre la période de la renaissance italienne et le début du baroque. Même s’il n’est pas très connu du grand public, ce compositeur fut un précurseur. Dans ses premiers livres de madrigaux, il intégra la basse continue, une innovation marquant le passage à la musique baroque.
Avec un plaisir évident, Matthias Maute, animateur de la soirée, nous a ensuite fait faire un saut de quatre siècles, en nous présentant un cycle de chansons bien tournées de Rona Nadler qui est aussi claveciniste et chanteuse. Au fil des ans, la musicienne a d’ailleurs collaboré avec I Musici de Montréal et l’Ensemble Caprice. Le moins qu’on puisse dire, c’est que madame Nadler n’est pas une femme chaleureuse! Appelée à monter sur la scène de la Maison symphonique, elle s’est contentée de saluer le public un peu mécaniquement, sans même aller donner la main au chef de choeur.
Ce dernier a terminé la première partie du concert en sachant intéresser le public à des oeuvres chorales d’autres compositrices contemporaines dont Katya Pine et Carmen Braden.
Grand choeur
Après l’entracte, un «grand choeur» de plusieurs dizaines de chanteurs installés à l’avant du parterre s’est joint à l’Ensemble ArtChoral pour interpréter So it goes du chanteur américain Billy Joel.
Heureux de s’être ainsi laissés bercer par toutes ces voix, les spectateurs demeurent tout ouïe pour des pièces de Bernstein, Bloch et Halevy, notamment.
Puis arrive, ce qui est attendu comme étant le clou de la soirée: les chansons du ténébreux Leonard. Malheureusement, cette partie du concert m’a semblé manquer de vigueur et de profondeur.
Bien loin de faire écho à la voix grave de l’icône montréalaise, l’interprétation de Suzanne a été confiée aux femmes choristes, alors que les hommes étaient relégués à des «papam papam» décoratifs et un peu kitsch.
Les choristes masculins ont ensuite été appelés à l’avant-scène pour une version un peu plus énergique de Dance me to the end of love, appuyés par le «grand choeur».
Enfin, on a fait place à la soprano Ellen Torrie comme soliste dans Hallelujah, chantée avec une grande douceur mais, de façon un peu léthargique. Bref, on s’attendait à un peu plus d’imagination pour l’interprétation chorale des chansons de Cohen, surtout que l’affiche de ce concert tourne autour de la silhouette de ce grand artiste et son éternel chapeau.
Hallelujah – Mélodies intemporelles pour l’âme était présenté à la Maison symphonique, le 13 janvier 2024
Au programme, entre autres:
Rossi : Psalm 126 à 5 / 128 à 5 – Rona Nadler : chansons du cycle In Bloyen Baginen – Leonard Bernstein : Almighty Father et trois chansons de Leonard Cohen
Le Requiem de Mozart
L’Ensemble ArtChoral sera de retour à la Maison symphonique, en avril, pour interpréter le Requiem de Mozart avec l’Ensemble Caprice, dirigé par Mathias Maute. Également au programme, la Symphonie n° 41 (la « Symphonie Jupiter ») et l’Ave Verum Corpus de Mozart. Ce concert sera aussi présenté à Québec.
Avec:
L’Ensemble ArtChoral et l’Ensemble Caprice, Matthias Maute, chef
Solistes:
Myriam LeBlanc, soprano | Florence Bourget, alto | Jean-Michel Richer, ténor | Dion Mazerolle, baryton
À Montréal : Maison symphonique, le 27 avril à 19h 30 / Billets
À Québec : Salle Raoul-Jobin, le 28 avril à 14h / Billets