Une foule nombreuse a pris place avec enthousiasme, à la Salle Bourgie, pour découvrir la version scénique de l’opéra baroque Don Quichotte chez la Duchesse, dont l’Ensemble Caprice vient de lancer un disque très réussi. Les airs accrocheurs de Boismortier et les intrigues inspirées du roman de Cervantes en ont déridé plus d’un, en ce sombre après-midi de janvier. Entouré de six solistes de forces inégales, maestro Matthias Maute agit comme un narrateur moqueur de cette histoire invraisemblable, au grand plaisir des spectateurs. Bref, sans décor ni mise en scène, l’ensemble montréalais et ses invités ont réussi, haut la main, à envoûter les mélomanes.
Un Don Quichotte réservé

Crédit: Claudine Jacques
Première constatation, Don Quichotte se fait voler la vedette pas son serviteur Sancho Pança. Dans ce rôle, Dominique Côté est étincelant du début à la fin! Avec sa puissante voix de baryton et sa gestuelle comique, l’habile comédien sait évoquer l’univers insolite de son personnage et déclencher des rires, entre autres, en chantant : «Au secours, un monstre en furie veut trancher mes jours!» La scène est d’ailleurs précédée d’un inquiétant rugissement interprété par l’orchestre.
À ses côtés, le ténor Arthur Tanguay-Labrosse incarne un Don Quichotte plutôt terne. Sa voix est douce mais, frêle, ce qui contraste avec la vigueur qui se dégage des autres chanteurs. Plus encore, le jeune homme aborde son personnage avec détachement, contrairement à ses collègues qui plongent dans cette farce avec un plaisir évident.
Mention spéciale à la soprano Catherine St-Arnaud qui interprète plusieurs des plus beaux airs de l’oeuvre, en incarnant Altisidore. La soprano Dorothéa Ventura et l’alto Claudine Ledoux sont, elles aussi, exquises dans leurs rôles d’«amantes enchantées»! Pour traduire la frénésie amoureuse qui s’empare d’elles, les trois dames y vont de quelques pas de danse plus ou moins synchronisés et fort amusants! Matthias Maute fait d’ailleurs brièvement faux bond à l’orchestre pour se joindre à l’une des danseuses.

Crédit: Claudine Jacques
Quant à Dion Mazerolle, baryton à la voix imposante, il tire bien son épingle du jeu en interprétant les quelques ais confiés à Geoffroy Salvas sur le disque. Tous les autres solistes sont les mêmes que sur l’album. En plus de leurs rôles respectifs, ils chantent aussi les choeurs.
Pince-sans-rire, cette joyeuse équipe ajoute même le mot «Québécois» à la liste des peuples qui démontrent que «l’amour est de tous climats. Les ardents Chinois, les Lapons froids, les Iroquois, tous brûlent sous ses lois!»
Ces péripéties mises en musique au XVIIIe siècle trouvent leur écho dans l’interprétation dynamique de l’Ensemble Caprice avec Olivier Brault, premier violon, de même que François Viault au basson, Alexis Basque au cor et Ziya Tabassian aux percussions. Ce dernier s’est aussi distingué durant les élégants Airs et danses pour le théâtre de Rameau, en ouverture du concert.
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Crédit: Claudine Jacques































































