Cette année, le Festival Quartiers Danses célèbre l’art autochtone du Québec avec pour ambassadeurs Barbara Diabo et Ghislain Picard. Il accueille également de grandes dames de la danse contemporaine comme Jane Mappin et Denise Clarke, le danseur et chorégraphe des Grands Ballets Canadiens, Étienne Delorme et Willow Seeds, révélé au grand public grâce à l’émission Révolution, le chorégraphe Janusz Orlik et Le Wroclaw Opera Ballet à l’occasion d’un Focus Pologne, l’étonnant Cai Glover, puis l’énergie du krump avec 7Starr. Les enfants seront aussi pris en compte grâce au FQD Mini : un rendez-vous spécialement conçu pour eux!
L’entrevue
À l’occasion de cette interview, Barbara Kaneratonni Diabo m’a parlé de son parcours unique dans le monde de la danse. Enfant, elle vivait dans sa communauté de Kahnawake, mais a déménagé en Nouvelle-Écosse à l’âge de six ans.
Elle est ensuite revenue dans la région de Montréal à 18 ans pour étudier le théâtre, tout en continuant à danser, une passion qu’elle avait depuis l’enfance.
Cependant, elle a ressenti un besoin profond de se reconnecter avec ses racines culturelles Kanien’kehá:ka (Mohawk). Sa pratique fusionne les styles de danse des pow-wow, des Haudenosaunee et du contemporain.
Cette grande artiste s’incarne comme un pont entre son peuple et toute la société : avec elle, les sensibilités s’édifient et offrent une ouverture à de nouvelles possibilités. Je connais Barbara sur scène et j’ai toujours apprécié sa grâce et sa finesse lors de spectacles de danse avec des cerceaux, une danse de pow-wow.
Jacqueline: J’ai eu l’occasion de voir vos danses, notamment avec des cerceaux (ou « hoop dance »). Je suis impatient d’en apprendre davantage sur vous, sur votre art et sur le monde qui vous entoure.
Barbara: Mon nom complet est Barbara Kaneratonni Diabo, mon nom mohawk est Kaneratonni, le même que celui de ma grand-mère. Je suis très heureuse de porter son nom, car c’était une femme extraordinaire. Je viens d’un héritage riche et varié : mon père était Mohawk et ma mère a des origines françaises et irlandaises.
J’ai toujours dansé, mais enfant, je ne pratiquais que des styles comme le ballet. Je sentais qu’il me manquait quelque chose. J’éprouvais un profond désir de renouer avec ma culture Kanien’kehá:ka (Mohawk), dans ma vie et à travers la danse. J’ai commencé à travailler à Kahnawake comme professeure au secondaire et à renouer avec ma communauté.
La danse comme lien spirituel
Barbara : J’ai également commencé à apprendre les danses de pow-wow, où j’ai pu utiliser la danse comme moyen d’expression, d’inspiration et de connexion avec la communauté autochtone. Cette expérience a radicalement changé ma perception de la danse.
Dans la culture occidentale, la danse est souvent axée sur la technique et la performance. Dans notre culture, en revanche, elle fait partie intégrante de la vie quotidienne.
Vous n’avez pas besoin d’être un danseur professionnel pour vous exprimer. La danse est un moyen de se connecter à nos ancêtres, de participer à des cérémonies, d’apporter la guérison et de soutenir notre communauté.
Chaque mouvement est porteur d’un sens, d’un langage et d’une intention. Lorsque nous dansons, nous nous interrogeons sur l’héritage que nous laissons aux sept prochaines générations et sur la gratitude que nous ressentons envers la Terre.
C’est une vision de la danse qui m’a profondément marquée et qui a donné un nouveau sens à mon art. J’ai compris que c’était ainsi que la danse devrait être.
Depuis, j’intègre cette perspective culturelle dans toutes mes créations, qu’il s’agisse de danse contemporaine, de ballet ou d’autres styles. Je m’assure que chaque pièce que je crée a un sens, une intention, et qu’elle honore mes ancêtres, mon héritage et le futur !
Danse autochtone en septembre 2025 !
De nombreuses occasions de découvrir la danse contemporaine autochtone sont offertes tout au long du festival, notamment une soirée complète de chorégraphes autochtones le 13 septembre 2025.
Cette soirée mettra en vedette de nombreux chorégraphes talentueux, dont : Simik Komaksiutiksak (Inuk originaire du Nunavut) ; Victoria Hunt (Māori/racines mixtes – d’Australie) ; Lou Lou la Duchesse de Rière (Kanien’keha:ka), une danseuse burlesque primée ; Danse Théâtre A’nó:wara (la compagnie de Barbara) ; et Marshall Kahente Diabo (le fils de Barbara) qui présentera sa toute première chorégraphie contemporaine, déjà acclamée à New York! Des danseurs de pow-wow compléteront cette soirée, mettant en valeur toute la richesse de la danse autochtone !
Festival de danse contemporaine à Montréal
Du 4 au 14 septembre 2025
Tous les détails ici : https://quartiersdanses.com/
Photo : Mario Faubert































































