Tandis que le DUO Centre Laval se transformait en véritable rendez-vous pour les amateurs de bonne bouffe et de découvertes culturelles grâce au Festi-Gourmet, la prestation de l’humoriste et comédien d’origine vietnamienne Steve Tran marquait les esprits.
Véritable vedette internationale, Steve Tran a charmé le public avec son humour fin et ses réflexions touchantes sur l’identité et la diversité. Son style, à la fois léger et intelligent, a provoqué autant de rires que de moments de silence. Sur scène avec son one-man-show, il a enchaîné anecdotes savoureuses et observations bien senties.
Pour sa première venue au Canada, Steve Tran n’est pas arrivé seul : sa mère l’a accompagné, comme souvent elle le fait depuis le départ de son père.
Né 22 avril 1985 à Saint-Germain-en-Laye, le comédien est connu pour ses rôles dans des comédies populaires comme Neuilly sa mère ! et Beur sur la ville, ainsi que pour son travail dans des films plus sérieux comme La Cité rose et Made in China : entrevue!
Q : Vous êtes acteur, humoriste et réalisateur. Comment ces trois facettes artistiques se nourrissent-elles mutuellement dans votre travail ?
Steve Tran : Chacune m’apporte quelque chose. L’acteur m’aide à incarner mes textes, l’humoriste me permet de garder un lien direct avec le public, et le réalisateur me pousse à structurer mes idées. C’est un mélange constant où chaque discipline nourrit l’autre.
Q : En tant qu’artiste français d’origine vietnamienne, comment votre héritage culturel influence-t-il vos créations et votre humour ?
Steve Tran : On ne voit pas beaucoup d’Asiatiques sur le devant de la scène en France, et c’est une occasion d’être sincère. Je me sens un peu comme un Asiatique dans le monde de l’Ouest : on est tous ensemble, mais il y a encore des barrières invisibles. Sur scène, j’essaie de parler de cette réalité avec humour et vérité.
L’acteur m’aide à incarner mes textes, l’humoriste me permet de garder un lien direct avec le public, et le réalisateur me pousse à structurer mes idées
Q : Pouvez-vous nous raconter vos premiers pas dans le monde du théâtre et du cinéma ?
Steve Tran : J’ai commencé à 13 ans dans un téléfilm français, où j’avais le rôle principal : un sans-papiers qui cherchait à obtenir ses papiers. Après ça, j’ai enchaîné les tournages… mais il n’y avait pas beaucoup de rôles pour des Asiatiques.
Q : Comment est née l’idée de votre spectacle ?
Steve Tran : Le manque de travail au cinéma m’a poussé à créer. Plutôt que d’attendre, j’ai écrit un spectacle avec mon co-auteur Fonzie. C’était une façon d’offrir quelque chose de différent, d’exprimer mon point de vue d’Asiatique, et finalement… de me créer mon propre job.
Q : Y a-t-il un moment du spectacle qui vous tient particulièrement à cœur ?
Steve Tran : Oui, celui où je peux parler à tout le monde, pas seulement à ceux qui me ressemblent. Je parle de Michael Jackson, de l’idée qu’on est tous les mêmes. J’aborde la friendzone. On la pratique tous, mais on en parle rarement !
Mon spectacle, c’est la somme de mes craintes, douleurs et joies
Q : Votre humour est-il inspiré de situations vécues ?
Steve Tran : Oui. Pendant le Covid, c’était dur d’être Asiatique : certaines personnes avaient peur de nous, ne voulaient pas s’asseoir à côté… sans raison. Avant, on nous appelait la “minorité modèle”, mais ça ne veut rien dire. Ce qui me touche le plus : le racisme, la discrimination, l’amour. Mon spectacle, c’est la somme de mes craintes, douleurs et joies. J’essaie de tout transcender pour inspirer, et pourquoi pas, en rire.
Q : Vous venez de jouer aux côtés de Natalie Portman et John Krasinski dans Fontaine de Jouvence de Guy Ritchie. Comment s’est passée cette expérience ?
Steve Tran : C’était incroyable. Je joue un méchant… mais un méchant sympa. À 40 ans, me retrouver dans un film international, c’est comme si mon enfant intérieur vivait à ma place. Je voyais les caravanes, les plateaux, tout le monde parlait anglais… J’avais l’impression d’être dans Friends, version Joey Tribbiani !
Q : Qu’est-ce qui vous a surpris dans le tournage d’un film américain par rapport à une production française ?
Steve Tran : L’argent. Sur un plateau américain, il y a plus de budget : cascadeurs, effets, organisation millimétrée… En France, on n’a pas ce luxe. Là-bas, plus ça prend de temps, plus il y a de moyens.
Q : Y a-t-il un rôle que vous rêvez d’interpréter ?
Steve Tran : Oui : être la star d’un film d’action kung-fu… mais sans savoir me battre ! Ça me ferait rire parce qu’on pense toujours que les Asiatiques maîtrisent les arts martiaux. Moi, j’ai peur, je suis un lâche !
À ce moment, l’humoriste Fofi Johnson entre dans la salle et plaisante : « C’est faux, c’est l’humoriste numéro un en France ! » Steve éclate de rire et parle du Couscous Comedy Show de Fofi, où l’on mange le meilleur couscous de sa vie tout en riant.
Q : Quels sont vos projets artistiques à venir ?
Steve Tran : Continuer la tournée, revenir à Montréal ou Laval, refaire un passage au Joker. En France, je prépare aussi une série pour Netflix ou Prime, un thriller sur la communauté asiatique et son invisibilité sociale. L’idée : montrer, par exemple, que la police va fouiller la voiture d’un homme noir, mais laisser passer un Asiatique… qui aurait pourtant quelqu’un dans son coffre.
Pour terminer, nous avons simplement remercié l’exceptionnel acteur et réalisateur pour son authenticité et pour sa générosité. C’etait vraiment une rencontre unique !































































