C’est sur la scène du Centre national des Arts que les douze musiciens de la série de spectacles Classic Albums Live étaient réunis hier soir pour retracer note après note, l’un des albums les plus mythiques de l’histoire de la musique: Thriller.
Une des grandes forces de ce spectacle réside dans son minimalisme visuel. Pas de paillettes ostentatoires, aucun artifice superflu, juste l’essentiel: la musique et l’âme de Michael Jackson. Cette retenue a permis d’éviter toute surenchère et a conféré au concert une dignité rare.
En effet, les musiciens ne cherchent pas à imiter Michael Jackson, ils l’incarnent avec finesse, grâce à un travail d’orfèvre sur les arrangements musicaux, la précision des chœurs et une attention méticuleuse portée aux rythmes, aux cuivres, aux lignes de basse et aux harmonies.
Dès les premières mesures de Wanna Be Startin’ Somethin’, l’énergie contenue est prête à exploser et l’on est immédiatement projeté au cœur des années 80. Le concert évolue avec fluidité: de l’ultra énergique Beat It au mystérieux Billie Jean, en passant par des moments plus introspectifs, comme Human Nature ou The Lady in My Life, chaque morceau trouve sa respiration, son instant suspendu.

Le moment fort de Beat It est sans conteste le solo de guitare endiablé, interprété avec fougue et précision par un guitariste à la présence magnétique. Il embrase littéralement la scène, arrachant des applaudissements spontanés du public. Sa performance, tout en maîtrise et en intensité, évoque la virtuosité originale du titre tout en y ajoutant une énergie scénique propre.
Le chanteur, sans jamais tomber dans l’imitation, livre une performance vocale impressionnante. Sa voix, souple et expressive parvient à capter les inflexions caractéristiques de Michael Jackson, tout en conservant une touche personnelle pleine de respect. Le claviériste, quant à lui, assure un rôle clé : véritable chef d’orchestre discret, il tisse les nappes harmoniques, reproduit les sons emblématiques de l’album et soutient la structure de chaque morceau avec une rigueur élégante.
Le public, conquis, réagit avec ferveur: applaudissements nourris, mains levées, déhanchement sur les rythmes endiablés et ovation finale. Le défi d’« incarner » Thriller n’était pas seulement technique, mais émotionnel et il est brillamment relevé. Les musiciens parviennent à transmettre ce qui faisait de Michael Jackson, un artiste hors norme: la tension dans la voix, la théâtralité et la profondeur sous le groove.
Ce spectacle n’est pas un simple hommage, mais une résurrection humble et respectueuse de Thriller, chef-d’œuvre aux multiples facettes. Classic Albums Live: Michael Jackson réussit à faire revivre Thriller dans une mise en scène sobre, mais puissante, portée par la virtuosité collective et un amour sincère du matériau original.
En sortant, le public n’avait pas seulement écouté un concert. Il avait partagé une communion musicale, recréé une part de la légende. Et c’est là, sans doute, le plus bel hommage.
































































