Après 13 ans d’absence au Québec, le chanteur Adamo renouait avec son public montréalais, ce soir, à la salle Wilfrid-Pelletier. D’une générosité hors du commun, le septuagénaire a donné un spectacle de plus de 2 heures 30 sans entracte. Entouré de huit musiciens, l’auteur-compositeur-interprète a repris la plupart de ses grands succès dont Inch’Allah, Une mèche de cheveux, etc. et il a terminé la soirée avec une vibrante interprétation d’un des classiques de la chanson québécoise.
Sur le coup de 20 heures, le célèbre Italo-Belge fait son entrée au son du thème de C’est ma vie. Spontanément, on l’ovationne! «Laissez-moi chanter, avant de vous lever!», réplique-t-il, rieur. Avec sa voix toujours instantanément reconnaissable, il entonne J’te lâche plus Toi, j’tai trop attendu… façon de souligner que cette tournée québécoise était prévue pour 2020.
Ton nom, L’amour te ressemble, Mes mains sur tes hanches… dès les premières notes, on reconnaît ces mélodies bien tournées et on les fredonne, même si elles ont été popularisées il y a des décennies! Quant à Tombe la neige, Adamo souligne que malgré son titre, cette pièce a été l’un des tubes de l’été 1964, en France.
Malgré une sonorisation très approximative, on est suspendu à ses lèvres. Il faut voir l’élégant monsieur dédier sa chanson Claire à une spectatrice ainsi prénommée et qui aurait atteint l’âge de 101 ans!
Toujours aussi poli, l’élégant Salvatore s’excusera même de ne pas avoir d’abord demandé à Claire s’il pouvait la tutoyer comme le veut la chanson. Il s’agit, en fait, d’une adaptation en français de Clair de Gilbert O’Sullivan qui figure sur le dernier album d’Adamo, In French Please! De ce même opus, on aura droit à Désolé est bien le mot qui tue, une traduction de Sorry Seems To Be The Hardest Word, méga succès de Elton John.
Au cours de ce spectacle qui sera présenté dans une dizaine de villes du Québec, Adamo repasse par les grandes étapes de sa carrière qui se poursuit depuis maintenant 60 ans. Il se souvient de tout. Pas besoin de télésouffleur! Plus encore, cet homme qui aura 80 ans en novembre prochain, semble de plus en plus énergique à mesure que la soirée avance. Il se déhanche et twiste même volontiers quand les rythmes s’y prêtent. On comprend qu’il ait eu le goût d’enregistrer, sur son dernier album, Jeune à jamais, une adaptation du tube Forever Young.
Cependant, on se demande bien pourquoi le chanteur change de microphone presqu’à chaque chanson, ce qui finira même par soulever des rires dans la salle. Même si sa voix n’a pas toujours la puissance d’antan, l’artiste demeure un interprète sensible, dont la ferveur ne se dément pas, entre autres, dans l’indémodable et toujours bouleversante Inch’Allah.
L’homme qui a surmonté différents ennuis de santé, savoure chaque moment sur scène et il se livre avec simplicité. Plus que jamais, C’est ma vie prend des allures de bilan pour ce tendre rêveur, toujours amoureux du public. C’est ainsi qu’après plus de 135 minutes sur scène, notre homme sautille vigoureusement sur Vous permettez monsieur, offerte au rappel, avant Les Filles du bord de mer.
Ultime cadeau, Adamo revient avec sa guitare pour interpréter La Manic de Georges Dor, une chanson qui lui rappelle les lettres que son père écrivait à sa mère. Malgré quelques mots escamotés et des accords dissonants, on entendrait une mouche voler dans la salle! Pas banal que cette histoire typiquement québécoise ait pu toucher à ce point ce fils d’une famille sicilienne immigrée en Belgique. La sincérité tisse donc des liens durables, aujourd’hui encore. On quitte la salle au bord des larmes et pourtant le cœur léger! Merci monsieur Adamo!
Adamo, c’est ma vie / Tournée 2020
Au Grand Théâtre de Québec, le 30 avril
À L’Étoile de Brossard, le 14 mai
Photos : Jean-Charles Labarre