Après les chiens, deuxième roman de Michèle Pedinielli, continue d’explorer les coins un peu moins ensoleillés de Nice. Son héroïne Ghjulia Boccanera, corsée, mal fagotée et à cheval sur des principes qui n’emportent que son adhésion, se retrouve aux prises avec un cadavre et une disparition d’ado. Entourée de son ex, le commandant Santucci, et soutenue par son colloc Dan, l’enquêtrice va découvrir la triste réalité des réfugiés de guerre pour qui la terre promise, ne promet finalement pas grand-chose.
Dès son premier roman Boccanera, Michèle Pedinielli nous avait présenté son sud, ses paysages, le charme des petites localités, la chaleur de ses habitants… mais aussi ses aspects plus glauques. Sur fond d’expressions colorées et de chants de cigales, nous avons fait la connaissance de Ghjulia Boccanera, enquêtrice. De la disparition de chien, au meurtre le plus sordide, disons que son quotidien n’est pas banal.
Solitaire, mais pas seule, tenace, mais rationnelle, amoureuse, mais pas trop, Boccanera se fie à son instinct au grand dam de Santucci. On aime son manque de classe, ses principes aléatoires, ses névroses et son humour ironique et frontal, qui ne tombe pas dans les clichés, et qui remet en place solidement.
Les méthodes de Boccanera ? De l’instinct, des rencontres, de la chance et une confiance parfois approximative envers la gent policière de Nissa la bella, qui exaspère Santucci. Ces deux-là aiment se détester et forment une équipe hors pair. Elle n’a pas toujours raison, elle se lance dans des plans plus ou moins foireux et c’est cela que l’on apprécie : l’histoire est réaliste, l’héroïne n’est pas une espionne troisième dan de taekwondo. Elle sait être à l’écoute et bien s’entourer. Par contre, son impulsivité la pousse parfois au-delà de certaines limites.
Contrairement à Boccanera, Après les chiens est plus… sordide. Actualité aidant, on ne peut s’empêcher de comparer la fiction dessinée autour de ses jeunes réfugiés et la réalité des bateaux surchargés qui accostent tant bien que mal en Europe. Une vision orientée sur les montées extrémistes et l’avenir incertain donnent une dimension un peu plus profonde. L’histoire est badass oui, mais remet en perspective.
Si l’écriture et le style ne sont pas forcément inédits, plusieurs valeurs ajoutées font de ce roman, un très bon divertissement pour les chaudes températures. Court et incisif, on ne perd pas de temps : certes, l’histoire prend le temps de s’installer, mais sa résolution est nerveuse et efficace. A contrario, on pourrait d’ailleurs lui reprocher de tourner certains coins ronds, d’autant que l’autrice dissémine très peu d’indices nous permettant d’assembler les morceaux avant la fin.
Point Godwin s’il en est, le récit parallèle de ce petit garçon qui en 1943 traverse la frontière franco-italienne pour faire passer des juifs traqués n’en demeure pas point une comparaison troublante en ces temps troublés ; d’autant que le style et la narration douce et élégante offrent un contraste saisissant avec le propos principal.
Enquête, humour, suspens et références sudistes : on surveillera les prochaines offrandes de Michèle Pedinielli, qui devrait rapidement imposer sa propre plume et ne plus souffrir d’éventuelles comparaisons des grands pontes du genre.
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Après les chiens – Michèle Pedinielli
Éditions : De l’Aube
Genre : Roman policier
224 pages






























































