Le Festival TransAmérique se poursuit ! Batty Bwoy de Harald Beharie est simplement un tornade d’énergie et de présence! Sur une plateforme rouge, Beharie, coiffé d’une perruque de tresses blanches et vêtu seulement de baskets et de protections aux genoux et aux tibias, ingère de la lubrifiant à grandes gorgées d’eau.
Ce geste est à la fois dérangeant et captivant. Dès notre entrée au Monument-National, Beharie pousse son corps et les attentes du public à leurs limites, utilisant sa physicalité comme un réceptacle pour une expression intense et souvent inconfortable.

Harald Beharie tisse un récit à la fois provocateur et jubilatoire. À travers chaque nouvelle séquence de mouvement ou chaque geste, il déconstruit les mythes entourant le corps noir et queer, dévoilant de nouvelles vulnérabilités possibles qui oscillent entre conscience et naïveté.
Batty Bwoy est accompagné d’une bande-son électrique et dissonante, composée par le groupe norvégien Ring van Möbius, qui fait partie intégrante de la performance. La musique est parfaitement synchronisée et complète l’intensité des mouvements de Beharie, ajoutant une profondeur et une résonance émotionnelle qui font écho au malaise et à la libération que Batty Bwoy exprime.
Dans les moments de silence, les mouvements de Beharie créent un paysage sonore saisissant. Les transitions entre le bruit et le silence amplifient la tension émotionnelle.
À un moment donné, Beharie se déplace à quatre pattes, fouettant les membres du public avec ses tresses, dans un geste de défi et de jubilation. C’est à la fois confrontant et intime, forçant le spectateur à faire face à la physicalité de Beharie et brisant les frontières entre performeur et observateur.
Plus tard dans la pièce, il se défait de ses tresses et de ses protège-tibias, courant et bondissant dans le théâtre boîte noire avec une expression sans filtre. Cette transformation révèle une énergie brute et débridée, loin des stéréotypes et des attentes sociétales. C’est un moment où la joie, la rébellion et la puissance pure du corps convergent dans une libération exaltante et cathartique.
Batty Bwoy tisse ensemble violence et charme cruel. En se réappropriant l’expression jamaïcaine « batty bwoy » — un terme argotique et péjoratif désignant une personne queer — Harald Beharie déconstruit et subvertit les mythes associés au corps noir et queer. Il déploie ainsi un univers où les vulnérabilités potentielles se côtoient, naviguant entre lucidité et naïveté.
A voir!































































