Grande première, ce mercredi soir, du théâtre musical Belmont qui rend hommage à l’iconique Diane Dufresne. Cinq interprètes dont Catherine Sénart, Catherine Allard et Laetitia Isambert incarnent différentes facettes de la personnalité de l’interprète de nombreux classiques de la chanson québécoise dont Oxygène, J’ai douze ans, Le Parc Belmont, etc. Bien loin des hommages habituels où l’on s’applique à reproduire le plus fidèlement possible les succès d’une vedette, Belmont sort des sentiers battus. Cette audacieuse envolée théâtrale nous donne l’impression d’être en tête-à-tête avec la diva qui voit défiler sa vie comme un Hymne à la beauté du monde. Bouleversant!
Les costumes et maquillages sont flamboyants! Le rose domine et pour cause, puisqu’on célèbre la seule artiste de toute l’histoire du Québec qui a tenu l’affiche au Stade olympique de Montréal avec sa légendaire Magie rose!
Des extraits de chansons de toutes les époques de la carrière de Dufresne sont interprétés par cinq Diane: «La diva» (Catherine Sénart), «La folle» (Geneviève Alarie), «La petite fille» (Laur Fugère), «L’amoureuse» (Laetitia Isambert) et «L’artiste» (Catherine Allard). Elles ont toutes des voix puissantes et, visiblement, elles «trippent» sur le répertoire de Dufresne. Il faut les voir se contorsionner les épaules en poussant les notes vertigineuses de Tiens-toé ben, j’arrive! Pur bonheur!
Mention spéciale à Catherine Sénart qui est éblouissante dans Les adieux d’un sex symbol, hymne emblématique de Starmania, dont Dufresne fut la première interprète.
À leur côté, «Le clown», incarné par Pierre-Olivier Grondin, devient une sorte de maître de cérémonie qui guide le public à travers les différents tableaux du spectacle. À la fois comédien et chanteur, il casse la baraque en interprétant avec sa voix puissante la chanson Que, écrite par Dufresne elle-même. C’est l’un des temps forts de la soirée car cette pièce résume l’intensité de la relation qui se poursuit depuis plus de cinquante ans, entre le public et cette grande artiste.
On fait tous du show business
L’idéatrice et metteure en scène, Jade Bruneau, qui s’est récemment distinguée avec son spectacle musical La Corriveau, a su transposer sur scène la complexité et la belle folie de Dufresne qui chante divinement et qui se donne aussi le droit de crier et de douter. À travers ses hauts et ses bas, cette femme intègre et exigeante nous rappelle avec humour ses paradoxes: «On est toutes des femmes de tête. Mais quand on tombe amoureuses, On est toutes des filles de club, On est toutes des strip-teaseuses». Ces paroles tirées de On fait tous du show business, pièce du tout premier album live de la Montréalaise, déclenchent, aujourd’hui encore, des éclats de rire approbateurs!
Aux chansons connues et moins connues de Dufresne, s’ajoutent des mélodies originales composées par Audrey Thériault. Le tout est accompagné par trois musiciennes installées à l’arrière-scène.
Le spectacle tarde un peu à trouver son rythme. Durant le premier tiers de ce théâtre musical d’un peu plus de 90 minutes, on passe si rapidement d’une pièce à l’autre qu’on peine a s’imprégner des mélodies et de la poésie des chansons.
Par contre, on nous fait le plaisir d’aller en profondeur dans le répertoire de la star, avec, entre autres, un clin d’oeil à l’album flamboyant Dioxine de Carbone et même quelques extraits de Follement vôtre où elle reprenait Ils s’aiment de Daniel Lavoie et un titre en allemand de Marlene Dietrich (Ich bin von kopf bis fuss auf liebe eingestellt).
Les arrangements musicaux de Marc-André Perron sont diversifiés et appropriés au ton de chaque pièce. On remarquera, entre autres, la judicieuse prédominance du violoncelle dans Cendrillon au coton, un autre fleuron signé par Dufresne elle-même.
La majeure partie du spectacle est chantée. Ce qui vient cimenter l’histoire, ce sont des textes originaux de Laurence Régnier qui permettent d’établir certains liens entre les chansons, à travers des dialogues entre les interprètes. Les échanges entre les différentes Diane et Le Clown assurent un dynamisme sans faille au spectacle.
L’élégance d’une grande dame
Comme on pouvait s’y attendre, madame Dufresne n’était pas dans la salle en ce soir de première médiatique au Théâtre Alphonse-Desjardins de Repentigny. Cependant, la septuagénaire a assisté au spectacle samedi dernier (5 août) et comme on peut le voir sur cette photo, elle a manifesté avec élégance sa gratitude envers l’équipe de création réunie par le Théâtre de l’Oeil Ouvert.
Faut qu’y en aye une qui le fasse chantait Diane sur Hollywood Freak… Un refrain qui symbolise maintenant l’audace de l’idéatrice de ce théâtre musical, Jade Bruneau. Chapeau pour cet hommage atypique à l’image d’une géante sans concession!
Émotion, intelligence et voix à vous donner des frissons, Belmont est une création québécoise à ne pas manquer!
Belmont / Théâtre musical inspiré de l’oeuvre et de la vie de Diane Dufresne
Au Théâtre Alphonse-Desjardins, à Repentigny
Jusqu’au 26 août