Empoignant l’occasion de faire chanter l’Orchestre Symphonique de Montréal, son public et le Chœur professionnel de l’OSM, l’éloquent Simon Rivard prend la stature d’un vrai chef québécois dans d’éblouissants Pins de Rome de l’Italien Ottorino Respighi (1879-1936)!
C’était l’ultime concert de l’année civile avant l’enregistrement attendu et événementiel de la Symphonique fantastique de Berlioz avec Rafael Payare à la Maison Symphonique devant le public, ce jeudi soir 19 décembre.
Assurance, fermeté de Simon Rivard
Le Québécois Simon Rivard qui s’adressait au microphone au public comme un harangueur de foules amadouées a fait la preuve indubitable que sa place est à la tête d’un vaste orchestre, enfin pour tout ensemble libéré des emprises du vedettariat (ce que j’appelle la clameur des quatre visites annuelles).
C’est en quelque sorte, un jeune chef vigoureux voulant dire « Présent! » comme il s’en trouvait jadis ne cherchant pas nécessairement l’adulation ailleurs pour faire tourner des ballons sur leur nez comme l’exprime si bien la chanson de Beau Dommage.
Pas de vernis à ongles chez lui, ni de cheveux teints ni de décolleté provocateur pour faire rose-bonbon: c’était puissant d’évocations dans Snegourotchka Fille de Neige du Russe Nicolaï Rimsky Korsakov, professeur de Respighi dont nous avons aussi entendu Gli Ucelli soit Les Oiseaux.
En somme, un fort caractère au podium, un homme ferme déterminé à faire festoyer de chants circonstanciels autour de la musique dite de Noël, sans artifices superflus, enveloppant la direction des pupitres et ces nombreux excellents premiers solistes du tout premier orchestre au pays.
Une belle soirée inoubliable
Simon Rivard a fait danser, chatoyer, se bercer de somptueuses couleurs l’Orchestre symphonique de Montréal, mardi soir en tout cas indubitablement en fin de programme: des moments d’intensité musicale tels que nous les avons connus sous Dutoit, quelque chose comme un futur très grand chef .
C’est une bénédiction que depuis l’arrivée de Mélanie La Couture à la direction de l’OSM qu’on sente un vrai changement d’atmosphère avec des gestes d’envergure: en fait, on perçoit une nouvelle fierté nationale poindre et s’affirmer au sein même de ce fleuron culturel québécois.
Réjouissons-nous qu’on remontre aux mélomanes du monde entier notre stature artistique et par cette démarche responsable une solide, réelle fierté soit qu’on ait récemment en partie adopté à l’OSM ce jeune chef talentueux doté de caractère, de poigne, enfin d’une personnalité à consistance, ce fait à lui seul rend grâce aux résonnances d’ici.
Programme
Orchestre symphonique de Montréal
Simon Rivard, chef d’orchestre
Stephanie Manias, soprano
Chœur de l’OSM
Œuvres
- Giovanni Gabrieli, Canzone XVI a 12 (arr. Jeff Tyzik)
- Ernst Anschütz, Mon beau sapin (arr. Tom Kennedy)
- James Lord Pierpont, Jingle Bells [Vive le vent] (arr. Tom Kennedy)
- Nicolaï Rimski-Korsakov, Snégourotchka [La fille de neige , Suite
- Traditionnel français, Il est né le divin enfant (arr. Marc Bélanger)
- Traditionnel, Good King Wenceslas (arr. Tom Kennedy)
- Ottorino Respighi, Gli Ucelli [Les oiseaux ]: IV. L’Usignuolo [Le rossignol ]
- Alfonso Maria di Liguori, Tu scendi dalle stelle [Tu descends des étoiles ]
- Mykola Leontovych, Shchedryk [La petite hirondelle / The Little Swallow ] (arr. Éric Lagacé)
- Traditionnel français, Les anges dans nos campagnes (arr. Anthony Rozankovic)
- Franz Xaver Gruber, Douce nuit (arr. Tom Kennedy)
- Ottorino Respighi, Pini di Roma [Pins de Rome ]
Concert sans entracte
Crédit : Antoine Saito