Danse-théâtre ou théâtre-danse ? La dimension théâtrale l’emporte dans le nouveau spectacle de la chorégraphe Crystal Pite, fondatrice de la compagnie Kidd Pivot de Vancouver, reconnue pour ses hybridations entre la danse et le théâtre. À travers un texte de l’acteur et dramaturge canadien, Jonathon Young, Assembly Hall nous entraîne dans une salle communautaire où se joue un moment décisif. Discussions enflammées et combats médiévaux pimentent alors une réflexion parfois sarcastique sur notre besoin de se rassembler et d’appartenir à un groupe. Hélas, ces tergiversations traînent en longueur et la dose d’humour initiale se tarit en cours de route.
Un groupe de passionnés de la reconstitution médiévale est réuni pour son assemblée générale annuelle. Le Conseil d’Administration sonne l’alarme : le nombre de membres diminue, les dettes s’accumulent et la salle tombe en ruine. À moins d’un changement radical, cette organisation devra faire face à sa dissolution. On tente de voter sur cette délicate question mais, il y a de la résistance, car tous ne sont vraisemblablement pas prêts à renoncer au groupe.
Les huit acteurs et danseurs de Assembly Hall prennent la parole, grâce à des répliques préenregistrées en anglais et diffusées par des haut-parleurs, avec surtitres français.
Le spectacle s’apparente souvent à une pièce de théâtre où les comédiens traduisent sporadiquement en mouvements certaines émotions véhiculées par le texte. Il devient difficile de suivre leurs dialogues touffus, où l’on s’amuse avec la signification des mots.
Puis, il y a ces glissements cocasses entre l’histoire et le lieu où elle se déroule, puisque la salle communautaire se transforme parfois en univers médiéval où les joutes verbales font place aux combats à l’épée.
Théoriquement, elle est prometteuse, cette création du duo qui a signé les productions Betroffenheit et Revisor. Pourtant, on demeure dubitatif devant ce nouvel opus conjuguant la réalité et le rêve, le banal et le fantastique, la communauté et la solitude, ainsi que la vie et la mort.
En fait, ces contrastes susceptibles de toucher tout le monde, puisqu’ils sont au coeur de nos existences, demeurent évoqués plutôt caricaturalement dans divers tableaux, un tantinet déroutants. Quant aux chorégraphies, on souhaiterait qu’elles occupent davantage de place dans cette pièce de théâtre et de danse, au demeurant, très soignée.
La conception sonore de Owen Belton, Alessandro Juliani et Meg Roe insuffle un rythme salutaire à ce spectacle qui bénéficie aussi de la remarquable conception des costumes de Nancy Bryant et des éclairages envoûtants de Tom Visser.
Malgré d’indéniables qualités Assembly Hall n’arrive pas à créer l’émotion. Plus encore, cette longue assemblée de plus d’une heure et demie sans entracte finit par lasser. Alors que les gestes sont sensés exprimer ce que les mots ne suffisent pas à raconter, on peut se demander si l’hybridation promise entre la danse et le théâtre s’accomplit vraiment dans cette nouvelle collaboration Pite-Young. En effet, quelle séquence d’Assembly Hall restera gravée dans nos mémoires?
Assembly Hall
Chorégraphie et mise en scène : Crystal Pite
Texte et mise en scène : Jonathon Young
Avec 8 danseurs de la compagnie : Kidd Pivot
Présenté par : Danse Danse
Au Théâtre Maisonneuve, jusqu’au 2 décembre / Billets
Spectacle en anglais avec surtitres en français.
Durée : 93 minutes