À 20h50 tel que prévu, la Salle Wilfrid-Pelletier entière, a, d’un élan synchronisé, bondi de son siège, cris de joie en prime, en entendant les premières notes de cette rumba catalane qui vous électrise le coeur et vous injecte une joie fulgurante. Ce n’était que le début d’un tsunami d’émotions qui dura près de 90 minutes.
Les cinq guitaristes et le batteur du légendaire groupe Gipsy Kings installent ainsi l’atmosphère, préparant le public à accueillir une voix reconnaissable entre toutes. Celle de Nicolas Reyes, fils de José Reyes, fondateur du groupe original, dont le timbre, le son et le style déclenchent un véritable raz-de-marée musical à travers le monde depuis plus de quarante ans.

Nicolas Reyes, le patriarche
Avec sa guitare écarlate en bandoulière et son jeu de battements de main typiques du flamenco, Reyes s’est avancé sur scène. Cheveux désormais grisonnants, lunettes teintées et chemise à motifs, il a troqué sa tignasse d’ébène contre une allure de patriarche. Il a entamé sa sérénade de cette voix rauque, puissante et profonde, portée par ses cordes vocales imprégnées d’un héritage gitan, ponctués de gestes simples pour nous parler d’amour.
Et quand le son de Djobi Djoba résonne dans l’enceinte de la Place des Arts, la foule est happée, et à l’unisson, on chante, on danse, on crie. En plus des classiques du groupe musical français, — Un Amor, Bamboleo, Volare — quelques chants et des solos de guitare d’une virtuosité époustouflante sont livrés par ces musiciens issus de la même famille.
Le parcours
Mais derrière ce festin musical se cache une histoire mouvementée. Les Gipsy Kings ne sont pas nés d’un long fleuve tranquille : scissions, tensions et luttes intestines ont marqué leur parcours, entre la famille Reyes, les cousins Baliardo et Chico, qui poursuit sa route en parallèle.
D’ailleurs, il convient de rendre hommage à ceux qui ont pavé la voie : Manitas de Plata, patriarche de la famille Baliardo, est l’ancêtre musical de cette dynastie gitane.

Peu importe que les paroles espagnoles nous échappent. Les rythmes latins et l’énergie gitane ont un effet réparateur, presque cathartique. En hommage au public québécois, Nicolas Reyes a interprété Mourir auprès de mon amour, saluant ainsi la langue française.
Avant de quitter la scène, il a offert une version a cappella de A mi manera — adaptation espagnole de Comme d’habitude de Claude François — puis a pris le micro une dernière fois pour nous confier, avec tendresse : « Vous êtes un public d’amour. On se reverra très bientôt. »































































