C’est un public fébrile et conquis d’avance qui est venu assister à la première de Fame mercredi soir. Dans ses précédentes productions, Serge Postigo a en effet amené le style de la comédie musicale, à un niveau encore jamais atteint au Québec. Il vise les standards de Broadway, rien de moins ! Et il y arrive le bougre ! Avec chaque fois, une valeur ajoutée.
Donc, c’est établi : Serge Postigo maitrise et sublime son sujet. Alors, si vous me permettez, je mettrais davantage l’accent sur les chorégraphiques, mordantes, précises, variées et exploitant tous les talents de cette impressionnante équipe d’artistes. Si le numéro d’ouverture a souffert de quelques problèmes de son et s’est révélé un tantinet long (certains diraient répétitif), le deuxième est une pure merveille : violon, hip-hop, wacking… un pot pourri de styles joués et dansés. Pour ma part, l’intervention des claquettes au beau milieu m’a totalement charmée, j’en aurais pris plus.
Si nous reprenons depuis le début, qu’est-ce que Fame ? C’est l’histoire d’un groupe de 19 étudiants qui intègre une prestigieuse école d’arts de New York : chant, danse, jeu, musique… toutes les disciplines y sont représentées et demandent un investissement sans égal, au risque de voir son rêve de réussite s’évanouir. Bon, il est vrai que l’on se demande ce que ces jeunes sont venus apprendre : à les voir virevolter, tenir des points d’orgue de 10 secondes et jouer de 5 instruments, on se dit qu’ils ont de bonnes bases… le film dont est issu le spectacle présentait une évolution plus douce…
Parmi cette cohorte, on s’intéresse plus particulièrement aux destins de 7 personnages, aux parcours et aux envies différentes. Et c’est là que l’on trouve le défaut de cette production. En effet, on se heurte à une qualité de jeu très disparate entre les comédiens, certains évoluant avec une aisance déconcertante (excellent Jonathan Caron), d’autres alternant entre sur jeu et clichés, ce qui surprend un peu, car je garde un bon souvenir des prestations parlées de Mary Poppins. Est-ce la direction d’acteurs ou la simplicité de l’histoire qui est à mettre en cause ? Paradoxalement, l’un mes coups de cœur est une scène particulièrement drôle entre les personnages de Carmen, Schlomo et Goodman.
Le moment de grâce arrive en milieu de deuxième partie, dans laquelle Marie-Denise Pelletier, fait honneur à son rôle de professeur, en donnant une véritable leçon de chant, de maîtrise, de prestance scénique et de charisme, à tel point que nous nous sommes levés pour lui rendre hommage. Ah finalement, ils peuvent encore apprendre quelque chose, ces petits-là !
D’ailleurs, cette deuxième partie est meilleure que la première de manière générale : des scènes de jeu plus subtiles, des numéros moins impressionnants et un vavavoum plus en retrait qui permet de se concentrer sur l’histoire, car oui, il y en a une.
Serge Postigo continue de prendre du plaisir dans sa mise en scène, notamment au niveau de la scénographie, dans laquelle il utilise de nouvelles techniques, plus élaborées et pertinentes, que dans ses précédentes productions. Et c’est certain que son flair reste son plus grand atout : une équipe technique et musicale solide, une équipe de production à toute épreuve et bien sûr, des artistes pluridisciplinaires que l’on espère voir réussir, tout comme leurs personnages.
On a déjà hâte à l’été 2019, pour la reprise de Mamma Mia !
Durée du spectacle : 2h40, avec entracte.
La comédie musicale Fame est présentée au théâtre Saint-Denis jusqu’au 28 juillet.
Conçue et développée par David De Silva
Livret : José Fernande
Paroles : Jacques Lévy
Musique : Steve Margoshes
Mise en scène, traduction et adaptation : Serge Postigo
Chorégraphies : Steve Bolton
Direction musicale : Guillaume St-Laurent