Alors que le questionnement autour de l’identification au genre féminin ou masculin semble de plus en plus présent, le Festival TransAmériques fait écho à ces interrogations en présentant le spectacle «Savušun» de Sorour Darabi. L’artiste iranien.ne de 28 ans descend les marches du Théâtre Prospero en exhibant un corps à la fois féminin et masculin avec ses petits seins couverts de poils. Darabi regarde les spectateurs droit dans les yeux en s’exprimant d’abord en farsi, sa langue natale.
«Savušun», (« gémir à la mort de Siavash »), est le nom d’une cérémonie qui rejoue le deuil rendu à ce prince perse, historique ou légendaire. S’inspirant de cérémonies de deuil du chiisme iranien, l’artiste mélange ces rituels avec ses propres expériences, comme ses pratiques sexuelles masochistes. Le danseur-se et chorégraphe se fait notamment couler de la cire chaude sur les bras et même sur le visage, tout près des lèvres. Darabi affirme d’ailleurs que ces scènes sont naturelles pour lui et qu’elles ne le font pas souffrir. Dans le programme du FTA remis aux spectateurs de «Savušun», il-elle affirme : «Avec le temps, les limites du corps changent aussi. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la question de la souffrance et du plaisir, mais la réappropriation du corps… Je suis en train de changer les limites de mon corps, d’avoir un pouvoir sur lui et d’en faire ce que je veux.»
Paradoxalement, «Savušun» prend aussi des allures d’ode à la vulnérabilité, où l’artiste livre à voix haute une lettre à son père, Colonel dans l’armée iranienne, qu’il-elle considère comme l’homme qui a éveillé ses premiers désirs.
Bref, un spectacle troublant qui aborde le territoire encore peu exploré du non-genré.
Savušun
Danseur et chorégraphe : Sorour Darabi
En français avec surtitres anglais
Au Théâtre Prospero, jusqu’au 26 mai