Attention mesdames et messieurs, aujourd’hui, on célèbre les 81 ans du légendaire Michel Fugain qui vient d’enflammer le public du Cabaret du Casino de Montréal, jeudi soir! Aucun temps mort durant Fugain fait bandapart, un spectacle de plus de 2 heures 15 sans entracte, où l’on parcourt une soixantaine d’années de carrière: Je n’aurai pas le temps, La fête, Une belle histoire, Viva la vida, etc. Avec sa voix qui a drôlement bien traversé le temps, ce bon vivant a toujours le rythme dans le sang et tant de choses passionnantes à raconter! Drôle! Chaleureux! Électrisant!
L’époque du Big Bazar
Quoi de mieux pour commencer la soirée que l’emblématique Chante la vie chante Comme si tu devais mourir demain… Cette «profession de foi», enregistrée en 1973, colle toujours à la peau de celui qui allait marquer l’histoire de la chanson avec Le Big Bazar, un groupe d’une quinzaine d’artistes, qui n’a duré que cinq ans et qui a pourtant gravé plusieurs des refrains les plus célèbres de la chanson française.
C’est d’abord cette époque bénie que raconte l’heureux homme en soulignant l’immense talent des regrettés paroliers Pierre Delanoë et Maurice Vidalin. D’ailleurs, il faut voir Fugain s’approcher des photos de ces deux grands disparus pour les remercier après certaines chansons. Émouvant!
Bravo monsieur le monde, Fais comme l’oiseau, etc., «tout ça a cartonné!», se rappelle-t-il. De ces années de grâce, le chanteur pince-sans-rire a retenu un principe: «N’oublie pas de sourire aux gens quand tu montes, car tu vas croiser les mêmes gens en descendant.»
De toute évidence, la célébrité n’empêche pas Fugain de se rappeler volontiers les souvenirs de ses débuts modestes au Québec, où il a donné son premier concert, en 1969, à Matane, par un soir de tempête d’hiver!
Une soirée avec Charlebois
Quelques années plus tard, après un spectacle avec le Big Bazar à la Place des Arts, Fugain se retrouve au restaurant avec Robert Charlebois. Cette soirée bien arrosée se poursuivra, à Morin Heights, chez l’interprète de Lindberg, qui fera découvrir la musique cajun au visiteur français. À la suite de cette découverte naîtra le tube Les Acadiens.
Bonheur communicatif
Entouré de quatre musiciens et de la choriste Sanda qui est son épouse («ma moitié d’orange»), Fugain parcourt son répertoire avec fougue et rigueur. Les gentils méchants, Les sud-américaines, Jusqu’à demain peut-être, etc., sonnent à merveille! Les harmonies vocales sont riches et soignées! Le chanteur a un plaisir manifeste à poser sa voix avec exactitude sur des rythmes savamment syncopés, tout en roulant des épaules, en dansant le cha-cha, etc. Bonheur communicatif!
Même s’il est dans une forme remarquable, l’octogénaire blagueur demeure réaliste: «Après l’âge de 50 ans, si vous ne ressentez aucune douleur en vous réveillant le matin, c’est que vous êtes déjà mort! Et, laissez-moi vous dire que je me sens très vivant!» On n’en doute pas un instant.
Michel Fugain fait bandapart n’est pas une tournée d’adieu, mais le ton se fait tout de même plus sérieux, en fin de soirée, avec, entre autres, Je laisse, une chanson où l’homme s’interroge sur la valeur de son héritage: Est-ce qu’on a vraiment tout fait quand on a fait de son mieux?… J’ai défié le temps, l’espace et quelques dieux, Mais qu’est-ce que j’laisse A ceux qui naissent?
Il s’adresse même directement à la mort dans la troublante Dans cent ans peut-être : T’approche pas d’chez moi, dégage, range ta faux L’heure c’est l’heure mais avant l’heure c’est trop tôt…
Cet amoureux de la vie termine la soirée en reprenant Chante la vie, chante, accompagné, cette fois, de la salle tout entière! Puis, avec nos plus belles voix de Montréalais, on lui chantonne Bonne fête Michel! Le célébré répond en entonnant a cappella Je reviendrai à Montréal. Porté par les bravos, Fugain s’attarde un peu sur scène à savourer ce moment, comme s’il pouvait s’agir du dernier avec nous. «J’aime le Québec depuis tellement longtemps!» lance-t-il avant que ne s’éteignent les projecteurs.
Pour l’heure, Michel Fugain fait bandapart s’arrête à Trois-Rivières, aujourd’hui 12 mai, avant de revenir à Montréal, samedi, pour un soir à la Place des Arts. La tournée va se poursuivre jusqu’au 20 mai, avec une dernière représentation à L’Étoile de Brossard (Billets pour Brossard).
Michel Fugain fait bandapart
*Sur la photo d’accueil, à droite de Michel Fugain, on aperçoit la photo de son regretté parolier Pierre Delanoë.