Radio-Canada avait signé l’arrêt de mort du gala récompensant le meilleur de l’industrie cinématographique québécoise l’an dernier en ne renouvelant pas son engagement en 2023. Merci à Noovo d’avoir repris la balle au bond et à l’animateur d’avoir écorché la société d’État pour cette mauvaise décision.
Comme l’a mentionné Jay Du Temple dans son discours d’ouverture « Quand je regarde un film québécois, c’est moi que je vois, c’est nous. C’est tellement important, parce que quand on se voit à l’écran, on existe ». Applaudissements. Le nouvel animateur du gala s’est d’ailleurs bien débrouillé alliant humour et sobriété, mais suite au numéro hilarant d’Antoine Bertrand, on se demande pourquoi on ne retrouve pas ce dernier à la barre d’une telle cérémonie.
Viking, grand gagnant !
Fort de ses 18 nominations, la comédie de science-fiction ayant remporté 7 Iris au Gala Artisans jeudi dernier en a ajouté 4 à sa collection dimanche soir lors du Gala télévisé. Meilleur scénario (Stéphane Lafleur, Eric K. Boulianne), Meilleure réalisation (Stéphane Lafleur) et Meilleur film; rien de moins. Ajoutons la Meilleure interprétation masculine – premier rôle pour l’acteur Steve Laplante que l’on associe trop souvent à des rôles de second plan; il est réjouissant de le voir récompensé pour ce rôle de David, un professeur d’éducation physique recruté pour une mission scientifique.
Des larmes… de fierté !
Hyper-touchant, le segment In Memoriam a souligné l’apport au cinéma québécois de plusieurs géants, appuyé par la douceur du piano de Jean-Michel Blais. Daniel Langlois, tout récemment disparu, Jean Lapointe, Marc-André Lussier, André Brassard, Louisette Dussault, Claude Fournier et Pierre Collin sont apparus tour à tour sur l’écran géant des Studios Grandé. Et finalement Michel Côté. Entrecoupé de divers extraits démontrant la grande palette du comédien, la chanteuse Marie-Ève Janvier est venue compléter l’interprétation d’Emmenez-moi que l’acteur fredonne à outrance dans C.R.A.Z.Y. Alors que Véronique Leflaguais essuyait ses larmes, son fils Maxime et l’acteur Marc-André Grondin sont montés sur scène pour annoncer que le prix du public serait désormais nommé le prix Michel Côté. Le sourire de sa femme en disait long sur la fierté qui habite la famille. Et tout le Québec, soyons honnêtes.
Ce premier prix a d’ailleurs été remis au film Les hommes de ma mère, première réalisation d’Anik Jean, produit par la boîte de son mari, Jessie films.
Des noms à retenir
La relève s’est joliment distinguée dimanche soir notamment dans la catégorie des rôles de soutien. Charles-Aubey Houde qu’on a pu voir cet automne dans Aller-Simple, s’est vu remettre l’Iris masculin de cette catégorie pour son rôle de Bébert dans Le plongeur. Quant au volet féminin, c’est Laurie Babin (L’Échappée, Lac Noir) qui est repartie avec le prix pour son rôle de Clémentine dans Les chambres rouges, devant Élise Guilbault et Julie Le Breton entre autres.
Aussi, Kelly Depeault, 21 ans, qui avait remporté la Révélation de l’année en 2021, a été nommée Meilleure Interprète féminine – premier rôle pour sa Noémie de Noémie a dit oui. La jeune actrice devra travailler ses remerciements plutôt décousus avec un accent qu’on ne lui connaît pas. L’effet de surprise sûrement. L’Iris de la Révélation de l’année est allé à sa collègue Juliette Gariépy très émue de cet honneur.
Charlotte Le Bon sur une belle lancée
Déjà récompensée du Prix Louis-Delluc du premier film pour Falcon Lake, Charlotte Le Bon est montée sur la scène dimanche pour recevoir l’Iris du Premier film en tant que réalisatrice de ce long-métrage qui raconte des vacances d’été dans une cabane au bord d’un lac hanté par une légende. Tourné dans la municipalité de Gore dans les Laurentides, il a aussi remporté l’Iris du Film s’étant le plus illustré à l’extérieur du Québec.
Sans oublier le documentaire
Finalement, en plus du Meilleur montage – film documentaire remis au Gala Artisans, le prix du Meilleur documentaire est allé à Jeremiah Hayes pour Dear Audrey, qui raconte l’histoire de la photographe Audrey Schimer, épouse de Martin Duckworth (l’un des documentaristes les plus prolifiques au Canada) au prise avec la maladie d’Alzheimer. Ce dernier mettra en pause sa vie professionnelle dès le diagnostique en 2013, afin de se consacrer au bien-être de sa bien-aimée. Elle décèdera en 2019.
Iris Hommage
Le tout premier animateur du Gala Quebec Cinéma – nommé autrement à l’époque – fût Rémy Girard. Avec une carrière aussi prolifique déjà à l’époque, ça allait de soi. Toutefois, il n’a jamais reçu le dit-prix ; incroyable mais vrai. Avec une soixante de productions à son actif, l’acteur a pourtant toujours joué de justesse et de sensibilité. À tout le moins, l’organisation lui remet cette année l’Iris Hommage pour l’ensemble de sa carrière. C’est des mains de sa grande amie Louise Portal – récipiendaire de l’Iris Hommage 2022 – que l’acteur est venu quérir son trophée, longuement ovationné. « Je ne suis jamais plus heureux dans mon travail que de me retrouver sur un plateau. Chaque fois je me trouve privilégié de faire partie de l’équipe ».
Jusqu’au 12 décembre, vous pouvez voir la plupart des films nominés sur Sprint Gala 2023, les autres à la demande sur Crave. Ne manquez pas l’occasion de découvrir notre cinéma québécois !
Photos : Bertrand Exertier