Après avoir raconté l’histoire de sa grand-mère Shashuan Pileshish (devenue Jeannette ), au sein de la communauté indienne Innue,dans Elle et nous, Michel Jean nous a fait voir réalité qu’ont vécus de jeunes Innus, alors qu’ils ont été déracinés et envoyés de force dans des pensionnats indiens pour tenter de les assimiler, avec le roman, Le vent en parle encore. Cette fois-ci, le chef d’antenne et journaliste et écrivain, Michel Jean fait revivre dans Kukum, son nouveau roman, l’histoire extraordinaire de son arrière-grand-mère, Almanda Siméon.
Résumé : Ce roman raconte l’histoire d’Almanda Siméon, une orpheline amoureuse qui va partager la vie des Innus de Pekuakami. Elle apprendra l’existence nomade et la langue, et brisera les barrières imposées aux femmes autochtones. Relaté sur un ton intimiste, le parcours de cette femme exprime l’attachement aux valeurs ancestrales des Innus et le besoin de liberté qu’éprouvent les peuples nomades, encore aujourd’hui.
Ce livre m’a atteint en plein cœur et m’a fait comprendre la vie et les drames des Autochtones, mais aussi leur amour et leur grand respect pour la Nature. Il m’a fait voir également à quel point les blancs et leur appât du gain et leur fascination pour le progrès au détriment des humains et de la nature, sont les plus grands destructeurs de notre écosystème.
Je ne connais rien de la vie des nomades, ni de la chasse, le portage, la survie en forêt, mais grâce à ce roman, j’ai pu, le temps de quelques pages, me mettre dans la peau de cette femme inspirante, qui a fait son chemin en se laissant porter par l’amour et sa soif de liberté. Grâce à la prose imagée et émouvante de Michel Jean, j’ai pu admirer des paysages fabuleux, me laisser bercer par le bruit de la rivière, et respirer l’odeur de sapin qui remplit les tentes de cette famille qui ne jure que par l’entraide, la chasse, la pêche, et ce, dans le plus grand respect de leur région. J’ai adoré en apprendre plus sur leur travail quotidien de la trappe, la chasse, la viande à fumer, les peaux à conserver. C’est fascinant!
J’ai aimé qu’on m’explique ce qu’est la langue innue-aimun. « Elle compte huit consonnes, sept voyelles et quinze sons distincts seulement, alors l’inflexion donnée à un terme peut en changer la signification de façon subtile ou importante. Il n’existe pas d’orthographe, pas de linguistiques pour en analyser le sens. Pas de féminin ni de masculin. »
J’aime bien aussi la manière qu’on nous décrit comment faire de la nourriture des neiges. «Christine alignait les filets de liquide magique tiré d’un arbre qui, sous la main des Innus, se transformait en miel au goût d’érable…. Vers la fin, elle a ajouté un brin de moelle d’orignal. Ça donne du goût, disait-elle.»
Et quand les blancs ont envahi leur territoire pour avancer le progrès, mon cœur s’est serré et j’ai eu mal en mon for intérieur de voir ainsi ces gens dépaysés, déstabilisés, chassés de leur région. « Dans nos canots, nous étions paralysés par l’effroi. Devant nous, la Péribonka étouffant sous le poids des troncs vomissait la forêt dans le lac.»
Grâce à ce roman, je comprends plus pourquoi les autochtones ont sombré dans l’alcool, ont perdus leurs repères, leur goût à la vie pour plusieurs. Ils ont été dépossédés de tout. Et c’est tellement triste et épouvantable! Et je remercie Michel Jean de prendre sa magnifique plume pour nous remémorer les événements, pour donner la parole à ses ancêtres pour qu’on n’oublie pas.
Michel Jean est un chef d’antenne, un animateur et un reporter d’enquête primé et apprécié du public québécois. En mars 2017, il a été invité au Salon du livre de Paris, grâce au titre Amun, un recueil de nouvelles dont il a assuré la direction. Innu de Mashteuiatsh, il est l’auteur de huit livres. Il a aussi codirigé le recueil de nouvelles Pourquoi cours-tu comme ça ?. Son ouvrage Le vent en parle encore, paru en 2013, a été unanimement salué par la critique. Kukum est son septième roman.
Date de parution : 25 septembre 2019
Sujet : Littérature québécoise
Nombre de pages : 224 pages
Prix : 24,95 $
Éditions Libre Expression