C’est le 7 juillet prochain que le film La dégustation d’Ivan Calbérac d’après sa pièce de théâtre éponyme prendra l’affiche au cinéma un peu partout au Québec. Cette comédie romantique amusante et optimiste met en vedette Isabelle Carré et Bernard Campan et aborde avec sensibilité et délicatesse des thèmes plus graves tels que le deuil, la dépendance, l’appel de la maternité et les sans-abris.
Résumé : Divorcé du genre bourru, Jacques tient seul une petite cave à vins, au bord de la faillite. Hortense, engagée dans l’associatif et déterminée à ne pas finir vieille fille, entre un jour dans sa boutique et décide de s’inscrire à un atelier dégustation…
La dégustation est d’abord une pièce de théâtre écrite et mise en scène par Ivan Calberac, qui a reçu le Molière de comédie en 2019. Après plusieurs annulations de représentations durant la pandémie, l’auteur, metteur en scène et réalisateur adapte tout naturellement sa dernière œuvre théâtrale en confiant aux mêmes comédiens les rôles qu’ils tenaient sur les planches. En se débarrassant du huis clos théâtral, il permet d’élargir le propos et de creuser le quotidien de nos protagonistes.
La première partie du film est très légère, amusante et permet de découvrir les deux personnages principaux, Hortense et Jaques. Hortense (sublime Isabelle Carré) plutôt timide, réservée, victime d’une éducation très stricte et religieuse, aime bien le vin, qui lui permet de sortir de son cocon, perdre ses inhibitions et se laisse aller au jeu de la séduction.
Jacques (excellent Bernard Campan) lui est caviste et passe sa vie parmi ses vins, enfermé dans sa solitude qu’il s’est créé. Il a un sérieux penchant pour la boisson qui lui cause des soucis de santé. Lui, il utilise le bon vin pour oublier, pour se désensibiliser et pour engourdir ses douleurs.
Ces deux êtres accros au vin pour des raisons opposées vont se rencontrer et le vin deviendra leur prétexte pour se voir encore et encore. La chimie entre ces deux acteurs est hallucinante. On adore leurs maladresses, leurs faux pas de séduction, leurs malaises flagrants lors des silences trop prolongés, mais aussi les regards enflammés qu’ils s’échangent. C’est beau de les voir jouer la romance.
La deuxième partie du film est plus dramatique, plus profonde, puisqu’on y aborde alors le passé de chacun de ces personnages, ce qui les retient de s’abandonner à l’autre, ce qui les empêche de s’épanouir. Et l’on découvre des êtres écorchés par la vie, endeuillés, fragiles, en manque, qui doivent d’abord régler leurs problèmes, travailler sur soi, avant de pouvoir être complètement avec l’autre.
Isabelle Carré est sublime dans le rôle d’Hortense. Elle sait bien doser sa timidité, son altruisme et son côté plus givré de séduction maladroite et son grand besoin d’affection et d’amour. On adore ce personnage qui, on le sent, ne veut que du bien autour d’elle. C’est beau de la voir s’occuper avec bienveillance de sa mère, alors qu’elle ne lui fait que des reproches. C’est inspirant de la voir cuisiner pour les sans-abris et prendre un repas avec eux, qu’elle semble considérer comme des amis.
Bernard Campan est excellent dans le rôle de Jacques. Ce personnage, on pourrait le détester un peu, vu son allure d’ours mal léché et bourru à bien des moments. Mais sa maladresse nous émeut. Et la façon dont il se met à prendre soin de son employé Steve, comme s’il était son fils, cela nous montre combien il a grand cœur, malgré ses airs bourrus. Il est bien fragile dans le fond et on le comprend peu à peu.
À leurs histoires personnelles s’ajoutent des personnages secondaires qui ajoutent du piquant. Il y a le vieux copain Guillaume (Éric Viellard) qui semble en pincer pour Hortense, ainsi que Steve (Mounir Amamra,), un jeune en liberté conditionnelle, à la repartie impressionnante, qui vient aider Jacques au magasin dont la qualité olfactive surprend Jacques. Finalement, il y a le médecin (Olivier Claverie) pince-sans-rire aux répliques bien tournées qui sermonne Jacques bien gentiment. Bref, tous ces personnages, ainsi que les sans-abris, viennent pimenter le quotidien de nos deux protagonistes et les répliques savoureuses qu’ils s’échangent sont souvent remplies d’humour, de mordant et de jeux de mots.
Au final, je n’en dirai pas plus sur le passé de ces deux personnages, pour garder la surprise. Mais disons simplement que ce film est plus profond, plus complexe et plus émouvant que ce que la bande-annonce propose. En plus des répliques plus drôles, à la limite grivoises, de la sublime scène de dégustation qui est hilarante et jouissive, il y a aussi le côté plus mature, plus grave autour de l’alcoolisme, le deuil, le désir d’enfant, la dépendance et les sans-abris qui vient nous chercher et nous faire réfléchir.
Une comédie romantique à voir pour toutes ces raisons et bien plus encore!
Le film a été présenté au 15e Festival du film francophone d’Angoulême. La dégustation est distribuée par AZ Films au Canada et prendra l’affiche le 7 juillet.
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=Q5_5a1Gd_zg
Distribution
ISABELLE CARRÉ, Hortense
BERNARD CAMPAN, Jacques
MOUNIR AMAMRA, Steve
ÉRIC VIELLARD, Guillaume
OLIVIER CLAVERIE, Docteur Milmont
GENEVIÈVE MNICH, Danièle
Équipe technique
UN FILM DE Ivan Calbérac
PRODUIT PAR Isabelle GRELLAT, Nicolas ALTMAYER, Éric ALTMAYER
IMAGE Philippe GUILBERT
MONTAGE Véronique PARNET
CASTING CORALIE AMÉDÉO, arda
SCRIPTE LUCIE TRUFFAUT
1ER ASSISTANT RÉALISATEUR BASTIEN BLUM
MUSIQUE ORIGINALE LAURENT AKNIN
SON PHILIPPE FABBRI, DAMIEN AUBRY, EMMANUEL CROSET
DÉCORS JULIA LEMAIRE
COSTUMES CHARLOTTE DAVID
DIRECTEUR DE PRODUCTION CHRISTOPHE DESENCLOS
DIRECTRICE DE POST-PRODUCTION PATRICIA COLOMBAT
COIFFURE SABINE POLLET
MAQUILLAGE ANAÏS LAVERGNE
Crédit photos : Courtoisie de AZFILMS