Après avoir publié une série historique, Les Chroniques de Chambly, Louise Chevrier s’est inspirée de la vie de sa grand-mère maternelle pour cette deuxième série, en deux tomes. Dans La quête d’Alice Gagnon, Tome 2, Une femme libre, on retrouve Alice Gagnon au Saguenay en 1934, où, nouvellement veuve, mère de quatre enfants, elle retourne à Chicoutimi pour se rapprocher de Cécile et Philou. On suit ainsi les malheurs et les petits bonheurs d’Alice Gagnon sur une période de près de 20 ans. Ce second volet clôt cette captivante série qui nous fait découvrir le Saguenay-Lac-Saint-Jean d’une autre époque.
Résumé : Patrice mort, Alice est désormais seule avec leurs enfants à élever. Malgré son chagrin, elle embrasse sa nouvelle vie avec la détermination qui la caractérise: personne ne lui dictera sa conduite! Dans une société où une veuve avec enfants se voit souvent forcée au remariage, Alice, indépendante de fortune, refuse farouchement de s’y résoudre. Quel homme pourrait prétendre combler le vide laissé par Patrice? Pour se rapprocher de Cécile et de Philou, ses fidèles alliées, Alice retourne à Chicoutimi, où elle retrouve aussi Théo, son ami d’enfance, et sa tante Laure qui, de l’Anse-aux-Foins, veille sur sa nièce. Quant à sa famille, les Gagnon, ils ont toujours autant besoin d’elle…Élégante et jouissant d’une certaine liberté, Alice devient un personnage bien en vue. D’ailleurs, de nouvelles relations meublent son quotidien: outre mère Sainte-Ursule, la supérieure des Augustines, qui sait lui prodiguer de sages conseils, on compte le chanoine Lemieux puis l’avocat Lamarche, toujours prêts à parler politique. En voudraient-ils à son argent? Même avec une famille nombreuse, une veuve fortunée représente un intérêt certain pour les plus ratoureux et les opportunistes… Bientôt, les échos d’une autre guerre viendront la menacer jusque chez elle. Demeurer libre dans un monde qui lui laisse peu de choix, tel est le défi d’Alice.
Comme j’aime bien les romans historiques, et les histoires de famille, cette série en deux tomes de Louise Chevrier me plaisait d’emblée. Dans ce deuxième tome, on apprend à connaître la vie à Chicoutimi dans les années 30 et 40, et on voit les difficultés que rencontre une femme qui tente d’élever seule ses enfants, sans mari pour l’épauler ou pour lui dicter comment utiliser son argent. Car il est beaucoup question de cela dans ce livre, le peu de pouvoir des femmes à cette époque. Les femmes se devaient de prendre mari pour qu’il s’occupe des finances et des décisions familiales.
Je suis contente de voir, dans ce roman, un personnage de femme libre, forte et entêtée qui ne laisse personne prendre ses décisions. Et de savoir que c’est en partie basé sur une histoire vraie, cela a rendu ma lecture encore plus intéressante.
Louise Chevrier a un style d’écriture très vivant. Ses dialogues sont dynamiques, crédibles, avec les expressions typiques des gens de cette région. Elle donne vie à des personnages attachants et sait donner du piquant à son récit en amenant son lot de personnages antipathiques aux comportements inadéquats. On en apprend beaucoup avec ce livre sur la vie culturelle de cette époque, la parade du 24 juin, également sur la politique avec Maurice Duplessis et l’union nationale, également sur les dommages collatéraux de la Deuxième Guerre.
Aussi l’auteure sait bien intégrer des faits historiques réels à l’histoire de fiction qu’elle nous raconte. À la fin du roman, Louise Chevrier explique que cette histoire est une fiction qui lui fut inspirée par ses grands-parents maternels, Alice-Loretta Gagnon, dite Laurette et Patrick Lalancette et également Onésime Tremblay, qui a inspiré le personnage de Théo. Bien que de nombreux faits et lieux sont authentiques, des noms ont été changés et plusieurs faits et gestes relèvent de la fiction. Elle nous explique un peu les différences entre le réel et le fictif et les entorses à la réalité que l’auteure a faites pour les besoins et l’intérêt de l’intrigue. Il y a également des notes historiques et des précisions sur certains faits et événements qui ont réellement existé à l’époque. Cela permet d’ajouter de la crédibilité de l’oeuvre.
Louise Chevrier a d’abord été journaliste pour différents hebdos, puis chroniqueuse littéraire pour La Terre de chez nous et Histoire Québec. Auteure des Chroniques de Chambly, elle signe ici une série en deux tomes, inspirée de la vie de sa grand-mère maternelle, sur sa région natale, le Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Collection : Roman historique
Prix : 24.95$
Nombre de pages : 448 pages
Date de parution : 6 novembre 2019
Éditions Hurtubise