L’Orchestre symphonique de Montréal et son chef Rafael Payare ont attiré plusieurs dizaines de milliers de mélomanes, ce soir, sur l’Esplanade du Parc Olympique. En plus des airs célèbres de Rossini et Bizet et d’une oeuvre pour violon et orchestre inspirée du célèbre opéra Carmen, ce concert rassembleur a mis en valeur les différents pupitres de l’OSM, lors de l’interprétation de Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Plus encore, les Montréalais ont eu le plaisir de découvrir maestro Payare à la fois souriant et plus volubile que d’habitude.
Place à la musique
Loin des discours moralisateurs aux goûts du jour qui s’immiscent souvent dans les concerts, l’OSM nous a rappelé de belle façon, ce soir, que la musique elle-même, sans prêchi-prêcha, peut intéresser le public, surtout quand on la lui présente simplement et intelligemment. C’est ainsi qu’après l’Ouverture du Barbier de Séville, le réputé saxophoniste et clarinettiste André Moisan nous a mis l’eau à la bouche, en résumant le sens des oeuvres au programme tout en donnant quelques détails sur les artistes invités. Bonne idée de donner la parole à un musicien!
On a alors appris que, malgré son nom à consonance française, la mezzo-soprano invitée, Isabel Leonard, est américaine et d’origine argentine du côté de sa mère. On aura tôt fait de constater que madame Leonard maîtrise fort bien la langue de Molière, lorsqu’elle chante des extraits parmi les plus connus de Carmen: L’amour est un oiseau rebelle et Près des remparts de Séville. Sa voix n’était toutefois pas pleinement mise en valeur par la sonorisation sans éclat et le bruit de fond considérable émanant vraisemblablement d’une génératrice située à proximité de la scène.
Puis, la violoniste sud-coréenne Bomsori, qui s’était classée deuxième au Concours musical international de Montréal, en 2016, offre l’un des moments les plus spectaculaires de la soirée. Il s’agit de la Carmen Fantaisie pour violon et orchestre de Waxman, où la soliste exécute avec virtuosité des variations sur des thèmes du célébrissime opéra de Bizet. Une fois de plus, les spectateurs sont tout ouïe, fascinés de redécouvrir de grands airs, retravaillés par ce compositeur américain d’origine allemande qui a signé de nombreuses musiques de films. Ici encore, la bruyante génératrice gêne l’audition, ce qui n’empêche pas le public d’être ébloui et d’applaudir énergiquement cette prodigieuse musicienne.
L’une des trouvailles de cette soirée chaleureuse est d’avoir su amener monsieur Payare à nous parler un peu de lui, en répondant aux questions amicales de la violoniste Marianne Dugal. Comment ce Vénézuélien vit-il les hivers montréalais? Est-ce bien vrai que sa fille qui va à l’école primaire, corrige la prononciation française de son papa? Le musicien de 43 ans répond aux questions avec candeur et on constate que son français s’est beaucoup amélioré, depuis son arrivée à Montréal, où il s’est maintenant établi.
On passe ensuite à la pièce de résistance du concert, Tableaux d’une exposition. Le compositeur russe Modeste Moussorgski y évoque le parcours imaginaire à une exposition en l’honneur de son compatriote, le peintre Victor Hartmann. Dix des peintures exposées ont été mises en musique, dont La Grande Porte de Kiev, l’ultime mouvement de l’œuvre. Avec sa majestueuse orchestration, Maurice Ravel lui aura donné toute sa grandeur grâce, notamment, à de riches sections de cuivres et de percussions.
Sur les écrans géants placés de chaque côté de la scène, on peut voir se démener les musiciens sous les regards complices de leur chef. La captation n’est pas aussi précise que lors des concerts vus cet été au Festival de Lanaudière, mais il n’en reste pas moins que ce sentiment de proximité avec l’orchestre contribue à la magie du moment. La qualité d’écoute du public se compare avantageusement à celle de bien des concerts présentés en salle.
Il faut dire que Tableaux d’une exposition est ancré dans nos mémoires, après avoir fait l’objet de nombreuses interprétations dont celle du groupe britannique de rock progressif Emerson, Lake and Palmer. Pour sa part, l’OSM a enregistré ce monument du grand répertoire, sous la direction de Charles Dutoit, dans les années 1980.
Au rappel, La chevauchée des Walkyries de Wagner. Grande musique! Merveilleux musiciens! Une soirée conviviale qui fait du bien!
Programme du concert de L’OSM à L’Esplanade du Parc olympique
Rossini : Le Barbier de Séville : Ouverture et air « Una voce poco fa » / Waxman : Carmen Fantasie / Bizet : Habanera et Séguedille, extraits de Carmen / Moussorgski : Tableaux d’une exposition (orchestration de Ravel)
Avec : Isabel Leonard (mezzo-soprano), Bomsori (violon) et l’Orchestre symphonique de Montréal, Rafael Payare (dir.). Mercredi 16 août 2023.
Ce concert intitulé Promenade au musée sur des airs d’opéra avec Rafael Payare donne le coup d’envoi à la dixième édition de la Virée classique. Du 18 au 20 août, pas moins de 25 concerts seront présentés à la Place des Arts, dont les Carmina Burana sous la direction de Rafael Payare.
Pour toutes les informations sur la Virée classique 2023, c’est ici.