Mike Ward est-il vraiment cet humoriste si mal aimé par certains qu’il faille se faire discret quand on va voir son spectacle, dont celui qui tourne au Québec présentement intitulé « Modeste » ? Autour de moi, à l’annonce que je serais dans l’audience de l’humoriste le soir de la première, il y eut des levées de nez et des « ah, non, pas lui ! »
Pourtant, il le dira bien humblement lui-même au terme de son spectacle : il n’aurait jamais pu imaginer cette carrière qui dure si ce n’était pour ce public qui le suit. Gratitude !
Générosité et humanisme
Au-delà de son matériel grossier et du scandale qui a plombé sa vie et sa carrière pendant quelques années, le sentiment qui ressort en bout de ligne à le regarder faire les 100 pas sur scène est non seulement celui d’une grande générosité mais aussi d’un humanisme qui rejoint les couches profondes de l’épiderme. Encore faut-il pouvoir transcender les mots qui choquent l’oreille !
Ainsi, le Club Soda de la rue Saint-Laurent faisait salle comble de gens de 30, 40, 50 ans ce soir-là et des dates s’ajoutent constamment à travers le Québec pour « Modeste ». Son podcast « Sous Écoute » fait également un tabac avec un nombre d’écoutes et de vues qui atteint des sommets. En fait, Ward, un grand sensible, est terriblement attachant mais… pas au premier coup d’œil : il est plutôt du genre à vous conquérir avec le temps.
Authentique
Si les aspects vulgaires à l’extrême et trashs de ses élucubrations heurtent, tout est dans la livraison singulière de ses récits et dans la démonstration de cette personnalité authentique à laquelle le public complice tend à s’identifier. Ward, un communicateur hors pair, navigue dans le vrai et les gens aiment cela.
Quand il raconte ses ébats sexuels de façon explicite, le récit est tellement intime, exagéré et incongru qu’on a du mal à croire ce qu’on entend et c’est justement là que les rires fusent. Puis, quand il blasphème devant la bêtise humaine, on s’identifie.
Ses anecdotes, plus drôles les unes que les autres, sur le véganisme, le racisme, l’intelligence artificielle, l’amour, le sexe, l’argent, la pauvreté, des thèmes d’actualité, y sont abordés avec perspicacité. Il revisite également la saga des petites maisons qu’il a fait construire pour les sans-abris.
Communicateur
Depuis près de 30 ans, sa participation au monde de l’humour québécois s’est vu récompensée moult fois avec de nombreux prix Olivier, Canadian Comedy Award, prix humanitaire Antoine de ComediHa! et de Juste pour rire. Si ses collaborations à titre d’auteur à la télévision, se sont étendues auprès de ses collègues humoristes, c’est sur scène et lors de son podcast qu’on prend le pouls du véritable personnage loufoque qu’il est.
Sa maîtrise époustouflante du texte, du débit, cet accent québécois avec un je-ne-sais-quoi qui trahit son enfance dans un monde anglophone, cette voix haute perchée qui frôle l’hystérie, cette autodérision, cette tête mi-figue mi-raisin, son aisance sur les planches, Mike Ward est un incontournable délicieux déplaisant.
Prochains spectacles les 19, 20 et 21 avril à la Salle Albert-Rousseau à Québec. De retour au Club Soda le 26 avril.
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