Paul Taylor est l’un de ces OVNI de l’humour qu’on repère tout de suite : un Britannique qui parle un français presque trop parfait, un expat qui adore se moquer des clichés français… tout en les incarnant un peu lui-même. Depuis le succès de sa série What The Fuck France sur Canal+ en 2016, il enchaîne les spectacles bilingues, les vidéos virales et les tournées internationales. D’ailleurs il sera sur la scène du MTelus le 25 juin.
Mais avant d’embrasser une carrière de stand-up, Paul a vécu mille vies : étudiant à Montréal, vendeur chez Apple à Laval, enfant globe-trotteur entre Londres, Genève et Paris… et plus récemment, acteur dans Aline de Valérie Lemercier, où il joue un rôle… québécois. Il nous parle ici de son parcours, de son amour pour les accents, de Sugar Sammy, de sa fille franco-britannique, et de cette obsession très anglaise de rire de soi-même.
Il nous a parlé de Austin, Texas.
Paul Taylor : On vous a vu dans le film Aline de Valérie Lemercier. Quel rôle y avez-vous joué ?
Je joue Vincent, l’envoyé de la maison de disque lors de l’Eurovision à Dublin. C’était un petit rôle, mais marquant pour moi. C’était aussi mon tout premier rôle en tant que “québécois” ! C’est d’ailleurs probablement pour mon accent que j’ai été choisi! J’ai passé le casting en visioconférence avec les producteurs. J’ai adoré faire ce clin d’œil linguistique.
P.T. : Vous avez un lien particulier avec le Québec ?
Oui, j’y ai vécu un an, à Montréal, quand j’avais 20 ans. C’était dans le cadre de mes études à Queen Mary University à Londres. J’étudiais le français et l’espagnol et j’ai fait ma dissertation au Québec. J’ai travaillé au Apple Store à Laval — très glamour, non ? (rires). C’était une immersion, j’ai pu améliorer mon français, même si je parlais déjà bien grâce à mon enfance passée en Suisse.
P.T. : Vous revenez souvent au Québec ?
Pas aussi souvent que je le voudrais. J’ai encore des amis là-bas, notamment chez Apple ou dans le milieu de l’humour, comme Rolly Assal. Mais j’ai fait deux tournées canadiennes, dont l’une m’a emmené à Montréal, à l’Olympia en 2023, et au Théâtre National pendant le Zoofest.
P.T. : D’où vous vient cette passion pour les accents ?
J’ai grandi un peu partout : né en Angleterre, j’ai vécu à Genève entre 4 et 9 ans. Je vis en France depuis 16 ans. Mon père travaillait comme ingénieur logiciel pour des banques. Alors forcément, ça forge une oreille. Et contrairement à la plupart des Britanniques qui parlent français avec un accent désastreux (rires), moi j’adore imiter. Et l’accent québécois… c’est mon préféré !
P.T. : Comment avez-vous commencé l’humour ?
En 2013. J’étais encore chez Apple après mes études. Je voyais mes collègues grimper dans la hiérarchie, et je me suis dit : “Est-ce que je veux vraiment ça ?” J’ai commencé à regarder des stand-ups, des DVD. Et un jour, j’ai tapé sur Google : “Comment devenir humoriste ?” J’ai découvert les open mics : tu montes sur scène 5 minutes devant 7 personnes, puis progressivement tu fais 10 minutes… Si tu survis, tu continues. Et c’est ce que j’ai fait.
P.T. : Vous avez choisi un format assez rare : les spectacles bilingues. Pourquoi ?
Quand j’ai commencé à écrire mon premier spectacle, j’avais des histoires qui marchaient mieux dans l’une ou l’autre langue. Un ami m’a parlé de Sugar Sammy, qui faisait du stand-up bilingue. Je me suis dit : “Ok, j’habite en France, pourquoi pas tenter ?” Beaucoup de gens pensaient que ça ne marcherait pas ici, mais finalement Canal+ m’a repéré pour What The Fuck France, et tout a explosé en 2016.
P.T. : Tous vos spectacles sont bilingues ?
Oui. Le public francophone aime ça, surtout dans les pays bilingues comme le Canada ou la Belgique. Mais parfois, je joue aussi en 100 % anglais, notamment à Montréal où il y a un gros public anglophone.
P.T. : Un spectacle 100 % en français, c’est prévu ?
Pas encore. Je ne suis pas encore à l’aise pour tenir 90 minutes uniquement en français. Mais je travaille là-dessus. Mon objectif, c’est peut-être de proposer un show tout en français d’ici 2027.
P.T. : Une anecdote marrante autour de votre nom ?
Oui, récemment à Orlando, des gens sont venus à mon spectacle en pensant qu’ils allaient voir un musicien de jazz du nom de “Paul Taylor”… Ils étaient très déçus ! J’ai vu des gens sortir. Pas tout à fait ce qu’ils attendaient ! C’est que mon nom est très commun.
P.T. : Vous vous définissez comment, en tant qu’humoriste ?
Je suis un Anglo qui se moque de lui-même. De ma vie en France, de mon mariage avec une Française, du fait que ma fille franco-britannique ne parle même pas anglais. J’aborde aussi les absurdités de l’immigration, les clichés culturels… J’essaie de parler à tout le monde.
P.T. : Vous avez rencontré Sugar Sammy et Mike Ward ?
Oui, on a joué ensemble à Paris pour un showcase il y a quelques années avec Sammy. Et j’ai partagé la scène avec Mike Ward à New York, dans un show en français pour les expatriés. J’ai aussi participé à son podcast Sous Écoute — épisode enregistré au Fridge Comedy Room.
P.T. : Vous vivez à Montreuil, en région parisienne. Pourquoi ce choix ?
C’est un quartier en pleine gentrification. Il y a un mélange assez fou entre les artistes, les familles populaires, les jeunes qui ont des ordis Apple et la montre connectée… C’est très inspirant pour un humoriste. Tout est un peu bancal, mais c’est vivant.
P.T. : Vous vivez de votre métier aujourd’hui ?
Oui, à plein temps. Entre les tournées, les vidéos, les podcasts, Canal+, j’arrive à en vivre correctement. Et je continue à développer du nouveau contenu.































































