Il y a des visages qui traversent le temps sans jamais perdre leur éclat. Celui de Robert Redford qui nous a quitté à 89 ans appartient à cette rare constellation d’artistes qui ne se contentent pas d’incarner le cinéma : ils l’ont habité, ils l’ont transformé. Acteur magnétique, réalisateur sensible, militant discret mais inflexible, Redford a toujours refusé d’être seulement « une star hollywoodienne ».
Son héritage, c’est d’abord une élégance. Pas seulement celle du sourire légendaire aperçu dans Butch Cassidy and the Sundance Kid ou The Way We Were, mais celle d’un homme qui a choisi de mettre son aura au service des autres.
Quand Hollywood s’endormait sur ses formules, Redford ouvrait une brèche : le Sundance Institute, fondé en 1981, deviendra le sanctuaire des cinéastes indépendants et le tremplin de voix audacieuses. Il n’a pas seulement fait briller sa propre lumière : il a allumé des torches pour que d’autres puissent avancer.
Redford comme poète du paysage
Ses films comme réalisateur (Ordinary People, A River Runs Through It) témoignent d’une attention rare aux silences, aux visages vulnérables, à la nature qui dialogue avec l’âme humaine. Ce rapport organique au monde n’est pas un hasard : défenseur de l’environnement bien avant que cela devienne tendance, il a toujours relié son art à une éthique, à une conviction que l’image peut éveiller les consciences.
Aujourd’hui, alors que les hommages pleuvent, il n’est pas seulement question de nostalgie. Célébrer Robert Redford, c’est reconnaître qu’il a redéfini le rôle de l’artiste dans la société : à la fois miroir, passeur et bâtisseur. C’est aussi se rappeler que la beauté ne réside pas seulement dans les rides parfaites d’un mythe, mais dans le courage de durer avec sens.
Redford n’a jamais cessé de chercher la vérité derrière les projecteurs. Et c’est sans doute pour cela qu’il continue de nous fasciner : parce qu’il a prouvé que le cinéma, quand il est habité par la sincérité, devient plus qu’un divertissement – il devient un acte de transmission.
