La première montréalaise du spectacle «Une voix pour être aimée: Maria Callas», avec Sophie Faucher et Marc Hervieux, a reçu un accueil triomphal, ce soir, à la Place des Arts. Avec doigté, la comédienne se glisse dans la peau de la célèbre cantatrice qui raconte les hauts et les bas de sa vie légendaire. À ses côtés, son grand ami, le ténor Giuseppe Di Stefano revit grâce à Marc Hervieux qui, en plus d’interpréter des extraits d’opéra, s’avère un comédien convaincant.
La rançon de la gloire
Cette création souligne le centième anniversaire de naissance de la soprano colorature d’origine grecque, née à New York. Reconnue pour le timbre particulier de sa voix, l’artiste a bouleversé l’art lyrique au XXe siècle, avec ses talents de tragédienne. À la fois adulée et décriée, elle a connu les sommets de la gloire internationale. Cependant, son étoile avait commencé à pâlir, plusieurs années avant qu’on la trouve morte dans son appartement parisien, à l’âge de 53 ans.
Dans ce spectacle écrit par Anne Bryan et Sophie Faucher, on retrouve La Divina, à l’été 1977, au 36 avenue Georges-Mandel à Paris, où elle vit malade et dans une profonde solitude. Mais, ce jour-là, elle reçoit son pianiste accompagnateur Robert Sutherland, interprété avec délicatesse par Dominic Boulianne. Le bouillant sicilien Di Stefano est aussi au rendez-vous car les deux chanteurs se préparent à monter sur scène au Japon.
Callas voudrait bien briller encore au «pays du soleil levant», mais sa voix n’est plus ce qu’elle était. Quelque chose s’est brisé en elle quand son grand amour, le prestigieux armateur grec Aristote Onassis, l’a quittée pour Jackie Kennedy.
Elle n’arrive plus à chanter. Sa bouée de sauvetage, ce sont ses enregistrements qu’elle réécoute en racontant sa vie à ses deux complices. Le désespoir de cette femme qui s’accroche à son passé, on le sent dans l’intensité du jeu de Sophie Faucher qui semble parfois elle-même au bord des larmes. Esquissant un geste de la main pour accompagner une envolée vocale, Maria ne vit plus que des moments de bonheur fugaces en se remémorant qui elle a été.
Les répliques sont limpides. Même quelqu’un qui ne saurait rien de la Diva assoluta pourrait suivre facilement son histoire dramatique et bien racontée. Cela dit, la dame fragile qu’incarne Sophie Faucher m’a semblé plutôt douce et conciliante par rapport à l’image d’intransigeance associée à La Callas mais, ce choix se défend puisqu’on est en présence d’une cantatrice dépossédée de ses moyens.
L’énergique Marc Hervieux qui signe aussi la mise en scène, contribue largement au dynamisme du spectacle par sa bonne humeur et ses interprétations de Rigoletto, Tosca, etc., accompagnées efficacement par le pianiste Dominic Boulianne.
Des représentations jusqu’en juin 2024
Bref, après le succès de Frida Kahlo Correspondance, Sophie Faucher est au coeur d’un nouveau projet qui semble rejoindre le grand public. Une voix pour être aimée: Maria Callas est d’ailleurs présenté ce soir également (20 septembre), à la Cinquième salle de la Place des Arts, dans le cadre d’une tournée à travers le Québec. On annonce déjà des représentations jusqu’en juin 2024.
Une voix pour être aimée: Maria Callas
Maria Callas : Sophie Faucher
Giuseppe Di Stefano : Marc Hervieux
Robert Sutherland : Dominic Boulianne
Texte : Anne Bryan et Sophie Faucher
Mise en scène : Marc Hervieux
Décor : Jean Bard
Durée : 90 minutes sans entracte
Détails de la tournée : https://productionsmartinleclerc.com/maria-callas/