Après L’Automne de la disgrâce, puis Un hiver meurtrier, voici Un été rouge sang, le troisième tome de la trilogie « Les saisons de Léo Desroches » publié aux éditions Alire. Ce roman de l’écrivain métis albertain Wayne Arthurson est très bien traduit en français par Pascal Raud. À l’image de son auteur, le personnage de Léo est un journaliste pigiste métissé et ce dernier tome, en plus d’une enquête sur un possible meurtre et probable contrebande de diamant, on explore l’industrie minière et le déclin des journaux ainsi que l’emprise des médias sociaux. Ce polar est divertissant, palpitant et on est heureux de renouer avec notre attachant antihéros Léo.
Résumé : Tout juste acquitté de l’accusation de meurtre qui pesait sur lui, Léo Desroches a certes retrouvé son poste au journal, mais il n’en demeure pas moins prisonnier des démons qui l’habitent. Décidément, l’été sera chaud à Edmonton, avec cette vague de morts suspectes qui sévit et tous les moustiques qui envahissent la ville. Or, quand Léo capte sur vidéo la négligence des sous-traitants chargés de transporter le corps d’une victime de surdose, il sait que la chance vient enfin de frapper à sa porte. De fait, il est le seul journaliste à avoir remarqué le petit sachet tombé de la housse mortuaire que les brancardiers maladroits ont quasi échappée.
Ce petit sachet, Léo l’a ramassé en douce, mais il a été déçu par son contenu : de simples cailloux. Néanmoins, il décide de s’intéresser à Trevor Duplessis, le cadavre malmené, et c’est ainsi qu’il apprend que l’homme œuvrait comme technicien de forage dans les mines de diamants du Nord canadien. Encore mieux : Duplessis avait récemment confié à des proches être mêlé à une sale affaire… Sur la brèche, Léo remonte avec acharnement la piste, car il ne croit plus du tout à la thèse d’une mort par surdose !
Wayne Arthurson a une plume très imagée. Il nous décrit avec précision et détails l’été à Edmonton, avec sa chaleur, mais aussi ses orages, ses moustiques et les chantiers de construction très contrariants. En plus de nous divertir avec une enquête pour meurtre, dans chacune de ses histoires, il aborde des réalités et des tabous avec franchise, finesse et sans gants blanc. Ainsi, dans ce dernier tome de la série, il nous amène dans l’univers de la prospection et de l’exploitation diamantaire par les grandes corporations dans les TNO. On y voit l’impact sur les gens qui y travaillent, souvent des autochtones. On aborde aussi des sujets comme le choc post-traumatique, le suicide et naturellement la dépendance et les gangs criminels.
Wayne ne fait pas dans la dentelle, quand il s’agit de nous faire le portrait des communautés autochtones en milieu urbain, ou encore lorsqu’il nous décrit la ville D’Edmonton, ou qu’il aborde la corruption et la magouille des corporations pour l’argent. C’est troublant de voir ces réalités, mais c’est nécessaire, je crois.
Personnellement, ce que j’ai préféré dans ce roman, c’est l’incursion que l’on fait dans l’industrie du journal et qu’on nous démontre comment elle a dû s’adapter, se réinventer au fil des ans, pour accrocher les lecteurs, en intégrant la presse en ligne et les médias sociaux. Il a fallu changer les manières de travailler, rendant la tâche encore plus difficile à ces journalistes qui persistent dans leur métier. C’est fascinant.
L’histoire du possible meurtre et l’enquête sur la contrebande de diamants, et l’exploitation diamantaire sont, à mon avis, passées au second plan et personnellement, j’en ai perdu un peu de l’intérêt d’en savoir le dénouement. J’ai adoré retrouver Léo, qui en plus de devoir se tenir loin de sa dépendance au jeu, doit maintenant subir les effets d’un choc post-traumatique qui lui cause des cauchemars… même éveillés. C’est un phénomène épouvantable et épeurant, qu’on ne souhaite à personne de vivre.
Au final, cette trilogie est des plus originale, unique, avec un antihéros sympathique qu’on adore du début à la fin.
Wayne Arthurson est né à Edmonton d’un père originaire de la nation crie et d’une mère canadienne-française. Depuis l’âge de vingt-quatre ans, Wayne gagne sa vie à l’aide de sa plume, que ce soit comme journaliste, rédacteur pigiste ou romancier. Il a aussi performé comme clown semi-professionnel et batteur dans un groupe punk. Il est toujours musicien, œuvrant désormais dans un groupe indie à Edmonton, où il habite avec sa famille.
Son premier roman, Fall From Grace (Forge Books, 2011) a remporté le Alberta Readers’ Choice Award en 2012.
Illustration : Émilie Léger
Traduction : Pascal Raud
Nombre de pages : 384 pages
Date de parution : 27 octobre 2022
Prix : 29,95$
Éditions Alire : https://www.alire.com/
Mon appréciation des tomes précédents : https://lesartsze.com/un-hiver-meurtrier-un-deuxieme-tome-tout-aussi-captivant-original-et-fascinant-que-le-premier/
Voici mon appréciation du tome 1 : https://lesartsze.com/lautomne-de-la-disgrace-un-polar-original-unique-et-palpitant/