En pleine grisaille de novembre, l’Orchestre classique de Montréal nous propose un voyage musical en Argentine. «María de Buenos Aires», un opéra-tango du célèbre compositeur et bandonéoniste Astor Piazzolla, sera offert en version concert avec chanteurs et danseurs, à la Salle Pierre-Mercure, le 23 novembre. Cette oeuvre, rarement présentée chez nous, se veut une épopée du tango, à travers le personnage tragique de Maria. Chanson, tango et musique classique se côtoient dans cette partition que maestro Jacques Lacombe s’apprête à diriger pour la première fois.
Une métaphore de l’histoire du tango
Le directeur artistique de l’OCM se souvient : «J’ai été littéralement bouleversé lorsque j’ai vu Maria de Buenos Aires, pour la première fois sur scène, à Bonn, en 2016». C’était l’époque où monsieur Lacombe était chef principal de l’Opéra de Bonn. Cette représentation lui a laissé une impression si forte qu’il a voulu faire découvrir l’oeuvre au public du Québec.
Cet «operita» en deux parties est une métaphore de l’évolution du tango, résume le musicien.
Essentiellement, on y raconte l’histoire du personnage fictif de Maria, allant de son ascension depuis les faubourgs de Buenos Aires, jusqu’à son heure de gloire dans les cabarets de la capitale argentine.
On assiste ensuite au déclin de Maria, suivi de sa mort. L’opéra se termine avec la réapparition de l’héroïne qui donne naissance à une enfant, symbolisant une renaissance du tango.
L’Orchestre classique de Montréal a confié le rôle-titre à la mezzo-soprano Julie Nesrallah. Elle sera entourée du baryton Clarence Frazer et du comédien Victor Andrés Trelles Turgeon. Il y aura aussi un choeur parlé, préenregistré, qui interviendra à plusieurs reprises. L’oeuvre sera interprétée en espagnol avec des surtitres anglais et français.
En plus des cordes de l’OCM, on entendra des instruments de l’orchestration originale de Piazzolla, grâce, entre autres, au bandonéoniste Denis Plante et au guitariste Adam Cicchillitti.
L’orchestre sera placé au fond de la scène pour laisser l’avant-plan aux chanteurs et au narrateur, ainsi qu’à sept danseurs de la troupe d’Alejandro Villa, Corazon de tango.
L’unique opéra de Piazzolla
María de Buenos Aires fut créé à la Sala Planeta, dans la capitale de l’Argentine, en . Par la suite, l’«operita» semble avoir été rarement présenté, durant plusieurs années. Puis, la création britannique a eu lieu en au cours du BOC Covent Garden Festival, à Londres. Depuis ce temps, l’oeuvre a été montée plusieurs fois, notamment, par l’Opéra de Toulon Provence Méditerranée en 2010 et le Cincinnati Opera en 2012.
Cet opéra-tango a aussi été gravé sur disque par Astor Piazzolla (1921-1992) lui-même et son orchestre, ainsi que le librettiste dans le rôle du personnage El Duende. Horacio Ferrer (1933-2014) interprète aussi ce rôle sur un autre enregistrement de María de Buenos Aires, avec le réputé violoniste Gidon Kremer et son ensemble Kremerata. Dans le livret de cet album paru en 1998, monsieur Ferrer résume ainsi dans quel esprit il s’est lancé avec Piazzolla dans cette aventure :
«Ayant moi-même été inspiré par les propres oeuvres d’Astor, je me permis de lui suggérer certaines orientations musicales pour chaque tableau, qu’il approuva pratiquement toutes… Suivant les diverses époques et niveaux d’existence que traverse Maria, je lui proposai de faire appel à diverses catégories stylistiques du tango (traditionnel, romance, chanson, moderne), de la milonga ou de la valse…
Astor me dit: «J’apprécie profondément toutes tes suggestions, Horacio. Beaucoup de gens pensent que je ne suis qu’un compositeur de musique purement instrumentale – eh bien, ils vont voir».
María de Buenos Aires
Opéra-tango en version concert – Musique : A. Piazzolla / Livret : H. Ferrer
Présenté par l’Orchestre classique de Montréal, sous la direction de Jacques Lacombe
Jeudi, 23 novembre / 19h30
Salle Pierre-Mercure : 300, Boul. de Maisonneuve Est
Avec:
Julie Nesrallah, mezzo-soprano (Maria)
Clarence Frazer, baryton (El Payador)
Victor Andrés Trelles Turgeon, comédien (El Duende)
Corazón de Tango, troupe de danse
Denis Plante, bandonéon
Adam Cicchillitti, guitare
Billets : orchestre.ca