Je ne suis plus journaliste depuis dix ans, mais je ne peux contenir mon envie de commenter le show du parc Maisonneuve, l’un des meilleurs que j’ai vu au cours du dernier demi-siècle. J’ai tapé du pied, puis des mains, et même dansé, seul dans mon salon, durant cette soirée cadencée par les coups de coeur.
Une fête désinhibée, décomplexée et assumée avec intelligence, sensibilité et une saine audace. Mille fois meilleure que le show à Québec de la veille (qui ressemblait plus à un obscur festival féministo-aborigène; il paraît que la seconde moitié était meilleure).
Décor grand, marquise géniale, avec un corps de danseurs et des chorégraphies heureuses (ça semble revenir à mode, il était temps), et les textes inspirés de Marie-Pierre Duval parlant d’amour, d’estime de soi, d’un monde difficile à suivre, et parsemé de phonations qui survivent à toutes les modes.
Ce généreux plat servi par des artistes provenant aussi du Manitoba et du Nouveau-Brunswick, les cases woke subtilement cochées, vraiment, zéro faux-pas. Par-dessus tout, une mise en scène et une réalisation méritant un Félix — chapeau à Pierre Seguin (qui aura bientôt accumulé assez de ces chapeaux pour concurrencer Henri-Henri).
Quelle joie procurée par l’équipe affectée au contenu avec son dépoussiérage (réhabilitation?) de grands succès glanés au fil de huit décennies comme « Tout va trop vite », « Funkysation », « Tension, attention », « Danser, danser », « Swingnez votre compagnie », « Dans ma camaro (Les chemins d’été) »…
Et des liens aussi judicieux qu’imprévisibles comme une reine du disco chantant Harmonium et Ferland ou des duos aussi surprenants qu’efficaces; et tout au long, que des grandes pointures pour officier à ce festin : FouKi solide, Dubois monument, Lavoie pertinent, Patsy Gallant increvable, Éléonore Lagacé fougueuse et Judi , la plus québécoise de toutes les Canadiennes anglaises de notre Histoire, épanouie comme une rose.