NDLD: En ce jour du décès du Pape argentin François, notre journaliste Éric Sabourin est à Buenos Aires et nous partage son expérience de cette ville majestueuse.
Depuis le 19 novembre 2022, j’interroge du regard les milliers de façades diverses du somptueux pays argentin m’élançant dès l’aube à amples foulées par-delà les grands boulevards de toutes ses villes remplies de richesses muséales et architecturales.
Trois musées incontournables
Les musées sont légions au pays, surtout ceux racontant l’émancipation politique de l’Argentine glorifiant avec raison les figures victorieuses de José de San Martin et de Manuel Belgrano (et les premiers présidents élus de la République depuis toujours en tenailles sous l’avidité incrustrée des classes riches). Le tout premier trésor muséal est sans contredit le Musée des Sciences naturelles de la ville de La Plata à 50 kilomètres de la capitale: ses collections de trésors paléontologiques de la Patagonie dépassent de beaucoup tout ce que Paris (au Jardin des Plantes) et Londres ou Berlin exposent. Un train de banlieue depuis la gare Constitucion vous y amènent pour un mince dollar.
Musée Isaac Fernandez Blanco
Au Palacio Noël de Recoletta, les collections de trésors guaranis des missions jésuitiques y sont accumulés de même que l’orfèvrerie et l’argenterie de ces peuples post-colombiens. Le Mexique jusqu’au Pérou nous présentent leurs richesses pré-colombiennes, l’Argentine ses collections religieuses et les artisanats domestiques sans oublier la musique par une salle remplie de violons et altos des luthiers gravitant autour des Guarneri et Amati du nord de l’Italie.
Réseau muséal ESMA: Memoria
Comme à Santiago du Chili sous la poigne de Pinochet où se trouve un musée récapitulant les massacres torturant de cette dictature ayant marqué la conscience universelle, Buenos Aires et toutes les villes de province disposaient de musées à la mémoire des 30 000 disparus même si les gens de droite se font un devoir de corriger le nombre à 7800 disparus jeunes universitaires et intellectuels socialistes comme étant « des terroristes » punis avec leur familles et amis ne les ayant jamais revus à la suite de leur enlèvement ou arrestation. Le gouvernement de scies mécaniques leur a coupé les vivres mais l’expérience muséale de 2023 m’a marqué à jamais.
Les enfants des jeunes filles enceintes enlevées, torturées mais qui mirent jour… ont été l’objet de traite ou de vente par réseaux d’adoption véreux et encore beaucoup de citoyen(ne)s apprennent le nom de leurs parents par découvertes des archives de l’armée et de la police qui se présentaient dans de sinistres voitures Falcon vertes qui glacent encore le sang quand un de ces signifiants véhicules surgit devant nous inopinément, souvent en zones rurales.
Les Grands Boulevards Porteños

La grande avenue Corrientes où est plantée l’Obélisque des doubles fondateurs de la Ville, au carrefour de la fameuse Avenue Nueve (9) de Julio offre une multitude de théâtres à la Broadway. Les autres grandes artères soit Cordoba, Santa Fe, Paseo Colon mais surtout la magnifique avenue Callao sont celles qui recèlent de palais français, espagnols et italiens quoique la richesse du Centre historique principal se trouve dans le quartier (barrio) San Telmo.
Des canchas pour le foot
Il faut aller voir un inoubliable match de football en stade pour découvrir l’âme festive des Argentins en liesse. Le stade des partisans de l’équipe de Boca dans le quartier du même nom et le stade de l’équipe souvent championne appelée River, celui-là à dix kilomètres du premier stade, sont les plus connus. Mais une troisième équipe, celle de San Lorenzo près du quartier de Florès ouvre plus facilement ses guichets et son stade aux étrangers qu’ailleurs.

Promenades à pied
Les quartiers de Recoletta où se trouvent le joli musée des Beaux-Arts et le cimetière avec le mausolée d’Eva Duarte Peron (on évitera à tout prix exorbitant l’insignifiant musée de Palermo à son honneur) est un petit Paris, surtout la rue Alvéar et ses palaces. Palermo est élevé de deux ou trois étages et non de huit ou plus comme Recoleta.
San Telmo, la réserve écologique
Un quartier moderne Puerto Madero sépare le somptueux casque historique de San Telmo, de cette réserve écologique où pendant trois hivers j’ai pu gambader mes 10 ou 12 kilomètres entouré de flores colorées et de faunes surprenantes surtout ces chants d’oiseaux qui se bercent sur les branches des néfliers, des mûriers platanes et de tous ces mimosas entourés de reptiles ou de petits mamifères.
Les oiseaux migrateurs, des grues blanches, des hérons gris, des cigognes, le bruit des vagues du Rio de la Plata et ces traversiers modestes qui nous conduisent en une heure sur l’autre rive, uruguayenne, où Colonia et Montevidéo nous tendent les bras avec ce théâtre Solis… l’équivalent du Teatro Colon où se danse un ballet Carmen par la compagnie de ballet classique de Saint Petersbourg en cette Semana Santa.