Malgré les conditions routières difficiles, en ce samedi soir, le Théâtre du Vieux-Terrebonne était rempli pour le spectacle Chemin de liberté d’Yves Duteil qui est en tournée au Québec. Celui qui nous a donné, entre autres, La langue de chez nous et Prendre un enfant par la main célèbre un demi-siècle de carrière. Après toutes ces années, sa voix est restée pratiquement intacte, de même que sa chaleur humaine communicative!
Observateur du monde d’aujourd’hui
Celui qui se décrit comme le «plus Québécois des chanteurs français» aime parler à son public, parfois avec un zeste d’humour : «Terrebonne, je vous vois dans le noir. Vous n’avez pas changé!»
Le septuagénaire interprète plusieurs chansons de son dernier album, Respect, paru en 2018. Éternel optimiste, il chante À l’abri du meilleur, où il affirme que «nous avons ce qu’il faut pour faire changer le monde». Cet humaniste dans l’âme parle d’enjeux de société actuels, entre autres, à travers Mohammed, Aïcha où il sympathise avec ceux et celles qu’on accuse faussement de complicité envers les auteurs d’attentats terroristes qui ont marqué la France.
Sur un ton très personnel, il nous entraîne dans l’univers enchanteur du Passeur de lumière, dédiée à son beau-père, nonagénaire passionné d’astronomie, qui lui a inspiré cette chanson parmi les plus réussies de l’album. Dans un autre registre, le grand-papa en fait rigoler plusieurs en se confiant sur sa relation avec son petit-fils, en guise de présentation de la touchante Si j’étais ton chemin.
Une équipe franco-québécoise
Duteil est épaulé par trois musiciens qui se joignent à lui sur scène, dépendamment des chansons. Au violoncelliste français Philippe Nadal, s’ajoutent les Québécois, François Marion contrebassiste et guitariste, ainsi que le batteur Dominic Cloutier. Cette formation impeccable est mise en valeur par une sonorisation sans failles.
De son côté, le chanteur s’accompagne parfois au piano et souvent à la guitare qu’il accorde longuement et à plusieurs reprises au cours de la soirée, ce qui devient lassant!
«Je n’aime pas poser des mots justes sur des notes fausses», souligne l’auteur-compositeur-interprète. Cela va de soi, mais ces longues séances d’accordage pourraient être confiées à un technicien de scène; cela aiderait à assurer un meilleur rythme à ce spectacle souvent poussif.
Quant aux éclairages, c’est le calme plat! C’est un peu comme si on allumait quelques projecteurs en début de soirée et qu’on les refermait à la fin du spectacle. Même si cet orfèvre des mots n’a pas besoin d’un environnement visuel spectaculaire, il n’en reste pas moins que le dosage des lumières contribue à faire jaillir l’émotion. Ici, l’éclairage reste le même quelle que soit le thème abordé. On s’attend à plus de la part d’un monstre sacré de la chanson.
«Mon cher Yves, c’est à ton tour…»
Mais, rien de tout cela n’aura freiné le puissant courant qui passe entre cet homme chaleureux et les Terrebonniens.
Au rappel, l’émotion atteint son comble avec La langue de chez nous, suivie de Pour les enfants du monde entier.
Reconnaissant, le public entonne spontanément, sur l’air de «l’hymne national québécois» de Gilles Vigneault : «Mon cher Yves, c’est à ton tour de te laisser parler d’amour.»
La sincérité du public est elle aussi émouvante! Duteil en avait les larmes aux yeux et, croyez-moi, il n’était pas le seul!
Photos : Armand Martel
Yves Duteil en tournée au Québec
Chemin de liberté sera présenté, entre autres, au Théâtre de la Ville, à Longueuil, le 31 mars.