De la télé-réalité à la consécration artistique, Adam El Mouna trace sa route avec passion et détermination. Rencontre avec un jeune homme qui rêve de remettre la chanson française au goût du jour.
On se souvient de lui lors de la neuvième saison de La Voix en 2023. Adam El Mouna avait séduit Marc Dupré et le public avec des interprétations mémorables : Il est où le bonheur? de Christophe Maé, Formidable de Stromae, Hit the Road Jack de Ray Charles, Dommage de Bigflo & Oli, et Ne me quitte pas de Jacques Brel. Finaliste de l’émission, il semblait déjà promis à un bel avenir.
Aujourd’hui, c’est une victoire encore plus significative qui couronne son parcours : le Festival International de la chanson de Granby, qu’il vient de remporter de façon éclatante.
L’instant magique de la victoire
Quand Adam raconte ce moment crucial, son intensité habituelle transparaît dans chaque mot. Verbe rapide, passion débordante, il revit cette attente insoutenable avant l’annonce des résultats.
« Imaginez un caucus de football américain : tous serrés les uns contre les autres, un bras sur l’épaule du voisin, le souffle coupé en attendant le signal », décrit-il en souriant. « Quand j’ai aperçu le « A » qui s’affichait, j’ai littéralement explosé. Je sautais dans tous les sens – heureusement que c’est filmé, sinon personne ne me croirait ! »
Dans cette euphorie, il perd l’équilibre, roule au sol, se redresse tant bien que mal pour se retrouver nez à nez avec la mairesse et les dirigeants de la ville. « On me tend un micro… mais personne ne m’avait prévenu que je devrais prendre la parole ! Toute la salle avait les yeux rivés sur moi. Alors j’ai fait ce que je maîtrise le mieux : un beatbox improvisé. »
Une mission : redonner ses lettres de noblesse au français
Né au Québec de parents marocains, Adam porte en lui des ambitions qui dépassent largement sa propre carrière. À 22 ans, il affiche une conviction surprenante : « La chanson française va redevenir tendance », affirme-t-il avec cette assurance qui le caractérise.
« Nous sommes tellement américanisés au Québec. En France, les artistes bénéficient d’un véritable soutien, d’une vraie valorisation. Moi, je veux que le français retrouve sa place ici aussi. Ma victoire à Granby, c’est plus qu’un prix personnel – j’ai senti que ma voix portait un message. C’est plus grand que la musique. »
Des projets qui rassemblent
Cette vision dépasse le cadre artistique. Adam rêve de créer des ponts culturels durables. « J’aimerais organiser un gala dans ma ville natale, Sainte-Catherine. Un événement collectif où chacun apporte sa pierre à l’édifice », confie-t-il avec une candeur touchante.
Il évoque également un moment déterminant survenu après son passage à La Voix : son invitation au centre culturel Dar al-Maghrib, à Montréal. « Pas de strass ni de paillettes, juste un diplôme remis par l’ambassadrice. Mais cet instant m’a reconnecté à mes origines marocaines. C’est là que j’ai réalisé que mon rôle n’était pas seulement de chanter, mais de rassembler. »
Une famille d’artistes
Le talent semble couler dans les veines de la famille El Mouna. Son frère Ali, connu sous le pseudonyme Ali Baba, cumule plus de 6 millions d’abonnés sur TikTok à seulement 18 ans. Leurs parents – un père électromécanicien au cœur de comédien et une mère qui aurait rêvé d’être actrice et tient aujourd’hui une garderie familiale – les ont toujours soutenus dans leurs ambitions artistiques.
« Mes parents ne m’ont jamais puni pour quelque chose qu’ils ne comprenaient pas. Ils ont toujours cherché à saisir mes motivations. Cette confiance m’a donné des ailes », reconnaît Adam avec gratitude.
L’école de la scène
Dès ses prestations à La Voix, Adam attire l’attention de Serge Denoncourt, metteur en scène réputé, qui décide de le prendre sous son aile. « Serge m’a enseigné la différence fondamentale entre chanter et se mettre au service d’une œuvre », explique-t-il.
Sur les conseils de son mentor, Adam suit des cours d’art dramatique avec Anik Matern, apprentissage qui lui permet d’habiter la scène autant comme acteur que comme chanteur.
L’amour comme moteur
Dans cette ascension, Adam partage sa route avec Aya, son épouse depuis un an, complice indéfectible de ses projets artistiques. « Nous vivons cette victoire ensemble. C’est elle qui me parle de vision, d’avenir, et je me reconnais complètement dans cette démarche. la chanson Ballerine c’est pour elle »
D’ailleurs, à la veille de sa prestation finale à Granby, Adam avait tenu à honorer un engagement pris bien avant même de s’inscrire au festival : chanter une trentaine de chansons dans un camping en plein air à Thetford Mines. Résultat : une extinction de voix pour la finale. Un geste qui en dit long sur sa conception de l’engagement artistique.
Cap sur 2026
L’avenir se dessine déjà avec précision. Adam prépare 2026 avec un spectacle complet centré sur ses propres compositions. « Ce sera le show Adam El Mouna dans toute sa dimension. Plus qu’une chanson, plus qu’un tableau – une expérience complète. »
Ses rêves d’expansion internationale s’articulent autour de la francophonie : « Partout où le français résonne : d’abord ici au Québec, puis en Afrique du Nord, aux Pays-Bas, en France. Mais je le sais : ce sont les Québécois qui m’ouvriront ces portes. »
Une certitude qui résume bien l’homme : enraciné dans sa terre natale, tourné vers le monde, porteur d’un message qui dépasse sa seule ambition personnelle.
Adam El Mouna au Festival international de Granby.
Photo : Jean Martin































































