C’est une passion née un peu par hasard. En 1982, lors d’un festival de montgolfières à Saint-Jean-Chrysostome, aujourd’hui Lévis, Danielle Francoeur, une jeune femme accepte de rejoindre une équipe de poursuite — ces bénévoles qui suivent les ballons au sol, puisque les montgolfières ne reviennent jamais à leur point de départ. Ce jour-là, elle ne le sait pas encore, mais elle vient de prendre un envol qui durera toute sa vie.
« Je ne connaissais rien à ce monde-là, confie-t-elle. Mais j’ai embarqué… et je n’ai jamais arrêté. » Quarante ans plus tard, la pharmacienne retraitée est toujours aussi passionnée. Et désormais pilote, instructrice, et figure bien connue du milieu.
Elle sera d’ailleurs l’une des pilotes participantes à l’International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu cette année, un rendez-vous incontournable pour les amateurs d’envolées spectaculaires du 8 au 10 août et du 14 au 17 août 2025.
Une formation encadrée et rigoureuse
Si les débuts étaient plus informels — on apprenait « sur le tas » avec un autre pilote — la profession s’est depuis structurée. Aujourd’hui, Transports Canada encadre la formation. Théorie, examens écrits, heures de vol supervisées : devenir pilote de montgolfière est un processus exigeant. « Je suis devenue instructrice moi-même, par choix, » m’explique-t-elle.
Les pilotes sont appelés aéronautes, tandis que le terme aérostier est réservé à un usage militaire. Et si la montgolfière fascine, elle n’en reste pas moins une discipline technique. « On manipule du propane, on vole sans moteur, et surtout, on doit savoir lire le ciel, » me dira-t-elle.
Responsabilité, calme et météo
Quelles qualités sont nécessaires pour piloter un ballon? « Rigueur, patience, vigilance. Il faut être très conscient de ce qui se passe autour. On est responsables de passagers, dans une machine qui flotte au gré du vent. »
Et surtout : la météo. C’est la clé de tout, semble-t-il. Elle détermine la sécurité, la trajectoire, et parfois même l’annulation d’un vol. « Lors de la formation, on passe beaucoup de temps sur les règlements et les conditions météo. On vole dans le même ciel que les avions après tout ... »
Voler ici et ailleurs
Elle a volé partout : France, Inde, Japon, Allemagne, Portugal, et surtout aux États-Unis, où elle a participé 25 fois au plus grand festival de montgolfières au monde, à Albuquerque, au Nouveau-Mexique.
Elle a aussi vécu des vols d’exception, notamment à bord d’un ballon à gaz, sans brûleur : « Mon plus long vol? Trois jours dans les airs. On est partis de Belgique, on a atterri en Finlande. 2500 kilomètres. » Un défi autant pour les pilotes que pour l’équipe de poursuite, qui les suivait par la route. « On est revenus par traversier. La route terrestre était interminable. »
Et la Cappadoce, en Turquie? Elle y a volé également.
« Là-bas, les ballons sont énormes, entre 12 et 20 passagers. Ici, on parle de 2 à 8 passagers au maximum. C’est un peu comme la différence entre une voiture et un autobus : même logique, mais des réactions différentes. »
« En montgolfière, on ne va nulle part. On est dans un état. On flotte. » – Danielle Francoeur
Une expérience hors du temps
Elle résume l’essence de la montgolfière en une phrase : « En montgolfière, on ne va nulle part. On est dans un état. On flotte. » Vue d’en haut, dit-elle, le monde prend une autre dimension. « On se sent minuscule. Et on voit la beauté de la nature dans toute sa splendeur. »
C’est grâce à cet amour du vol, dans les airs peut-être !, qu’elle a aussi rencontré son conjoint, lui-même pilote. Une histoire d’amour… et d’altitude.
Un sport sécuritaire, mais pas sans risques
Est-ce dangereux? « Non, c’est très sécuritaire — à condition de respecter les règles. Il faut prendre les bonnes décisions, éviter les conditions imprévues. Le risque zéro n’existe pas, mais avec rigueur, on le réduit énormément. » En quatre décennies de vol, elle n’a jamais eu d’accident.
Types de ballons et festivals incontournables
Deux grands types de ballons
- Ballon à air chaud
Le plus courant. Il fonctionne grâce à un brûleur alimenté au propane qui chauffe l’air dans l’enveloppe, créant la portance nécessaire. C’est celui qu’on voit le plus fréquemment lors des festivals. Danielle Francoeur en possède deux! - Ballon à gaz
Moins répandu, plus complexe à opérer. Il est rempli d’un gaz plus léger que l’air (souvent de l’hélium ou de l’hydrogène). Il permet des vols très longs — parfois de plusieurs jours — sans brûleur. Réservé aux pilotes très expérimentés.
Festivals internationaux
- International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec, Canada) – tous les détails ici
Le plus grand événement du genre au pays. Des dizaines de pilotes, dont notre pilote québécoise, y participent chaque année depuis les débuts. - Albuquerque International Balloon Fiesta (Nouveau-Mexique, États-Unis)
Le plus grand festival au monde, avec plus de 500 montgolfières dans le ciel. Une véritable ville de ballons. - Mondial Air Ballons (Chambley, France)
Se tient tous les deux ans. Détenteur de plusieurs records mondiaux de décollages simultanés. - Cappadoce (Turquie)
Non pas un festival formel, mais un haut lieu du vol en montgolfière. Les décollages quotidiens au lever du soleil attirent des milliers de visiteurs chaque année.
Donc rendez-vous è l’International de montgolfière de Saint-Jean-sur-Richelieu!































































