Il a troqué le froid montréalais pour les lumières de Paris. À seulement 27 ans, David Marino vit un véritable conte de fées artistique : il incarne Maxence, le marin rêveur des Demoiselles de Rochefort, dans la nouvelle production présentée au mythique Théâtre du Lido à Paris.
Repéré à Montréal et convaincu par son agent Lionel Lavault de traverser l’Atlantique pour une audition express, le jeune chanteur a séduit l’équipe dès la première note. Entre deux croissants et sept représentations par semaine, il s’installe doucement dans la capitale française — sans jamais oublier ses racines québécoises.
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Rencontre avec un artiste passionné, à la croisée du rêve et de la réalité.

Suzette Paradis — Comment as-tu obtenu ce magnifique rôle de Maxence dans Les Demoiselles de Rochefort au Lido de Paris ?
David Marino — C’est grâce à mon agent, Lionel Lavault ! Il m’a appelé un jour en me disant : « Il y a une audition à Paris pour Les Demoiselles de Rochefort ». Je ne connaissais pas. Mais je chantais déjà du Michel Legrand dans mes spectacles. Il m’a encouragé à tenter ma chance. C’était au mois de mai… J’ai pris l’avion pour venir passer une audition de sept minutes ! (rires) C’était ma toute première fois à Paris.
J’ai chanté la chanson de Maxence et interprété un texte. On m’a ensuite invité à un callback prévu pour le samedi, mais comme je devais déjà rentrer à Montréal, ils m’ont finalement fait repasser le callback le même jour ! J’ai senti une belle énergie, mais sans savoir encore le résultat. Deux ou trois semaines plus tard, Lionel m’a appelé : « David, ils t’offrent le rôle ! » J’étais sans voix.
Qui était présent lors de cette audition ?
Il y avait Jean-Luc Choplin, le grand producteur et directeur artistique du Lido, le metteur en scène Gilles Rico, la chorégraphe Joanna Goodwin et leurs assistants. Une équipe impressionnante, mais tellement bienveillante.
As-tu vu le film de Jacques Demy avant de te lancer dans cette aventure ?
Oui, je l’ai regardé dès que Lionel m’a parlé du projet. Je ne connaissais pas le film avant, et j’ai été bouleversé par sa beauté, son esthétique, sa musique… et bien sûr par Jacques Perrin. Son interprétation de Maxence est historique. Les Demoiselles de Rochefort est un film-culte ici. J’ai beaucoup écouté sa version, mais j’ai voulu trouver un équilibre : respecter l’esprit original tout en apportant quelque chose de personnel. Je ne suis pas Jacques Perrin — et c’est justement ce que je pouvais offrir de nouveau.
Comment décrirais-tu ton Maxence ?
Je crois qu’on se ressemble beaucoup. C’est un rêveur, un optimiste, un romantique qui cherche son idéal féminin. Il croit profondément en l’amour, et il garde cette innocence que j’essaie moi aussi de préserver. Il a aussi un côté drôle, lumineux… un peu comme moi dans la vie ! (sourire)
Comment s’est passée ton intégration à la troupe ?
Je suis le seul Canadien dans la distribution, la plupart des artistes sont français ou anglais. J’ai dû travailler un peu sur mon accent, parce que le rôle est historiquement français. Mais on m’a choisi tel que je suis, avec ma couleur et mon naturel, alors je garde aussi un peu de mon identité québécoise. L’équipe du Lido m’a aidé avec un coach linguistique, et tout le monde a été super accueillant. C’est une troupe généreuse, très soudée.
Tu joues maintenant sept fois par semaine au Lido. Tu as pris tes habitudes parisiennes ?
Oui ! (rires) J’habite à deux pas du Lido, dans le 8ᵉ arrondissement, tout près de l’Arc de Triomphe. J’ai mon petit rituel : croissant ou pain au chocolat le matin, et le lundi — notre seul jour de congé —, je me promène dans Paris. J’ai déjà fait les grands classiques : la tour Eiffel, le Louvre, Orsay… et je ne peux pas résister à un chocolat chaud chez Carette ! Ma mère, mon père et mon frère sont venus me voir, et ils reviendront bientôt. C’est un grand bonheur de partager ça avec eux.
À quoi ressemble la mise en scène ?
L’esprit des années 60 reste présent, bien sûr, mais la mise en scène est plus contemporaine, surtout dans la danse et les chorégraphies. Pour Maxence, on respecte beaucoup la version originale, parce que sa quête d’amour est universelle et intemporelle. Mais visuellement, c’est plus moderne, plus vivant.
Et sur le plan vocal, as-tu dû changer ta technique pour retrouver la « couleur » musicale des années 60 ?
Pas tellement, parce que c’est une époque musicale qui est déjà dans mon ADN ! (sourire) J’ai grandi en écoutant du jazz, du crooner, du Michel Legrand… Depuis que j’ai six ans, j’adore cette musique. Donc pour moi, c’était naturel. D’autres chanteurs ont dû travailler un peu le style, mais pour moi, c’est venu assez spontanément.
Que représente pour toi le fait d’interpréter ce rôle mythique à Paris, au Lido — un lieu chargé d’histoire ?
C’est énorme. Jouer Les Demoiselles de Rochefort ici, dans ce théâtre emblématique, c’est un rêve absolu. À chaque représentation, je ressens l’histoire du lieu, la magie du public, et la puissance de cette œuvre qui continue de toucher les gens. Et le plus beau, c’est que ce n’est que le début. Je me sens très chanceux… et inspiré pour la suite. J’aimerais faire des concerts solos à Paris, chanter du Michel Legrand en anglais et en français, et pourquoi pas préparer un album.
Tu penses à Montréal de temps en temps ?
Je m’ennuie un peu de Montréal, évidemment ! (sourire) J’ai hâte de revenir chanter pour mon public là-bas, à la Place des Arts, et de partager tout ce que j’ai vécu ici. Paris m’a transformé… mais le Québec reste ma maison.































































