Mahler, Prokofiev, Shostakovich… on pourrait être tenté de percevoir des influences provenant de ces maîtres dans le Concerto pour piano de Jaap Nico Hamburger, enregistré avec l’Orchestre métropolitain, à la Maison symphonique. Mais, tout d’abord, qui est ce nouveau compositeur ?
Un compositeur cardiologue
Né à Amsterdam, aux Pays-Bas, Jaap Nico Hamburger a étudié le piano, notamment, avec Youri Egorov, musicien d’origine soviétique qui a gravé des dizaines d’enregistrements, avant de s’éteindre prématurément à l’âge de 33 ans. Hamburger, diplômé comme soliste en piano au Conservatoire royal de musique Sweelinck d’Amsterdam, vit à Vancouver, depuis l’an 2000. Sur le site de l’agence qui le représente, on peut lire que l’artiste est aussi cardiologue.
Enfin, compositeur en résidence de Mécénat Musica, depuis l’an dernier, il succède à Matthias Maute qui, à ce titre, a signé des dizaines de pièces, pour des artistes d’ici. Pour sa part, Hamburger a composé jusqu’à maintenant, entre autres, des symphonies, de la musique de chambre, un opéra et ce Concerto pour piano qu’il a enregistré en juillet 2019 avec l’OM dirigé par Vincent de Kort. C’est la seule oeuvre figurant sur ce nouveau disque de 22 minutes qui vient d’être lancé.
Concilier les extrêmes
Le Concerto pour piano de Harmburger commence tout doucement par un Adagio. On se croirait chez Mahler. Puis, soudainement, après 2 minutes 30, percussions et cuivres se déchaînent durant une trentaine de secondes. Ce mouvement d’un peu plus de 5 minutes semble ainsi traversé par une tempête, avant que le piano ne se fasse entendre, en se fondant à la douceur de la fin du mouvement.
La deuxième partie (Allegro molto) s’ouvre comme une marche, à laquelle le jeu nerveux de piano de Assaff Weisman vient ajouter l’impression qu’une poursuite est en cours. Et voilà que des sirènes se font entendre, ce qui n’est pas sans rappeler Varèse (Ionisation). Les cordes ramènent ensuite un moment de sérénité que l’agitation du piano viendra rompre, en une finale tendue et stridente.
Puis, le dernier mouvement, le plus long des trois, soit un peu plus de 9 minutes, est traversé par cet élan de marche entendue plus tôt qui se poursuit mais plus lentement, alors que le piano s’immisce comme les dernières gouttes de pluie d’une tempête. Le concerto s’éteint ainsi laissant l’auditeur rêveur. Soulignons que cette musique qui alterne entre des ambiances feutrées et tonitruantes bénéficie d’une excellente qualité d’enregistrement.
3,5 / 5
Jaap Nico Hamburger / Concerto pour piano
Piano : Assaff Weisman
Orchestre métropolitain, dirigé par Vincent de Kort
Leaf music, 2020