Après une sortie en France en février 2020, voici que le film La fille au bracelet réalisé par Stéphane Demoustier arrive dans nos salles de cinéma au Québec, le 14 aout 2020. Mettant en vedette Mélissa Guers pour la première fois au cinéma, aux côtés de Roschdy, Anaïs Demoustier et Chiara Mastroianni, ce film propose au spectateur de vivre un procès, comme le ferait un juré. De plus, ce long métrage aborde les mœurs et mystères insondables des adolescents d’aujourd’hui.
Résumé : Lise a 18 ans, elle vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d’avoir son bac. Mais depuis deux ans, Lise porte un bracelet électronique, car elle est accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie.
Le film débute bien sobrement et tendrement sur une plage, un bel après-midi d’été, alors qu’une famille se prélasse sur cette plage déserte. Cette belle image, on la regarde au loin, sans aucun son, comme si on est témoin de leur petit bonheur. Puis, arrive la gendarmerie, qui vient sans éclat, et sans résistance, arrêter l’adolescente, qui les suit sans révolte ni opposition. Tout cela, sans bruit. Cette scène de quelques minutes à peine, plonge immédiatement le spectateur dans cette histoire. Le réalisateur Stéphane Demoustier a déjà capté notre attention.
On se retrouve ensuite deux ans plus tard, à la veille du procès de la jeune fille. Déjà, l’on voit à la maison que cette famille ne semble plus aussi unie. Lise, 18 ans, accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie, passe ses journées à étudier ou s’ennuyer dans sa chambre, en liberté surveillée avec un bracelet électronique attaché à sa cheville. Le fils, lui, cherche à se désennuyer avec son ballon, dans cette maison où l’individualisme et les non-dits règnent en maîtres et rois. L’unité familiale n’existe plus. Le père tente d’être présent pour sa fille et veut comprendre, tandis que la mère semble avoir baissé les bras.
Et le procès débute. Ce n’est pas la première fois que l’on voit un procès dans un film, mais cette fois-ci, le réalisateur a misé sur la vérité juridique, l’expérience immersive pour le spectateur, de vivre un procès, comme le ferait un juré, tout en nous proposant la vision des parents. Eux tentent de percer les mystères de leur jeune fille adolescente, qu’ils croyaient connaître, mais qui en fait leur est totalement inconnue, à mesure que les révélations surviennent dans cette salle d’audience.
Le procès est captivant. On assiste avec attention à ces échanges corsés entre la procureure (phénoménale Anaïs Demoustier) et l’avocate de la défense (jeune et redoutable, Annie Mercier). On suit avec beaucoup d’intérêt les interrogatoires des témoins et avec horreur les descriptions très détaillées de la scène du crime par les experts. Et alors qu’on devrait voir l’affaire s’éclaircir, on s’enfonce encore plus dans le doute et l’incertitude sur ce qui s’est passé cette journée-là.
Mélissa Guers, que l’on voit pour la première fois au cinéma, incarne magnifiquement Lise, cette adolescente. Elle sait si bien semer le doute en nous, grâce à ses silences lors des questions importantes, la manière dont elle ne se défend pas avec vigueur du crime dont on l’accuse. En tant que spectateur, on se questionne sur son manque de rage, de démonstration d’émotions. Et plus on en apprend sur ses agissements les jours précédents le crime, plus nos impressions de cette jeune femme changent. Il n’y a qu’à la fin du film, lors de la dernière scène du procès qu’on voit percer la vraie nature de cette jeune fille. Ouf! Quelle performance !
Le réalisateur a fait le pari de faire jouer tous les personnages dans le calme et sans éclats de voix, que ce soit le père ou la mère de l’accusée, ou même l’accusée elle-même, ou encore la mère de la victime, lorsqu’elle raconte la découverte de sa fille morte. Il n’y a aucun éclat de voix, non plus de la part des avocats. Cela est un peu déstabilisant. Par contre, les argumentaires sont fabuleux de part et d’autre. On alterne dans les zones grises, les pièces à conviction qui font surface pour changer la donne, le récit des activités des jeunes qui viennent brouiller notre jugement face à cette jeunesse et leur liberté sexuelle déroutante.
La seule chose que je trouve déplorable avec ce film, c’est qu’au final, le spectateur demeure sur sa faim face à la question : « Lise a-t-elle assassiné sa meilleure amie ? ». Il y a bien un verdict des jurés, mais le film ne contient ni flash-back ni scène de confession qui donne raison ou non au verdict de la cour. C’est au spectateur de se faire sa propre opinion.
Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=Aofp6H6w1Rg
Réalisateur : Stéphane Demoustier
Scénario : Stéphane Demoustier, basé sur le scénario de Acusada par Ulises Porra et Gonzalo Tobal,
Interprétation :
Melissa Guers (Lise),
Roschdy Zem (Bruno, le père),
Anaïs Demoustier (L’Avocat Général),
Annie Mercier (L’Avocate de Lise),
Pascal Garbarini (Le président du tribunal),
Chiara Mastroianni (Céline, la mère)
Carlo Ferrante (L’avocat des parties civiles)
Pascal-Pierre Garbarini (Président)
Paul Aïssaoui-Cuvelier (Jules)
Anne Paulicevich (La mère de Flora )
Victoria Jadot (Noémie)
Mikaël Halimi (Nathan)
Léo Moreau (Diego)
Photographie : Sylvain Verdet
Montage : Damien Maestraggi
Musique : Carla Pallone
Producteurs : Jean des Forêts,
Co-producteurs : Jean-Yves Roubin, Cassandre Warnauts
Durée : 95 min.
Date de sortie en France : 12 Février 2020
Date de sortie au Québec : 14 aout 2020
Crédit photos : Courtoisie de AZ FILMS