Les Petits désordres marque une étape significative dans le parcours de Soraïda Caron : il s’agit de sa première œuvre solo. Avec cette création, la chorégraphe et interprète invite le public à pénétrer l’intimité de son histoire personnelle, bien loin des recherches formelles sur la « re-naturisation » du corps que l’on a pu observer dans ses pièces de groupe.
Ponctuée de courts monologues, la pièce aborde de front la thématique de sa double nationalité en tant que personne adoptée : à la fois québécoise et dominicaine, blanche et noire. Caron met en scène les conséquences, qu’elle nomme avec pudeur les « petits désordres », de ses origines sur sa trajectoire de vie.
Ce récit autobiographique nous immerge dans une quête identitaire profonde, visant à éclairer la complexité des répercussions psychologiques et émotionnelles de l’adoption internationale.
Sur une scène tout de noir et blanc, la danseuse se tient debout devant une table. Le silence est rompu par une danse répétitive, saccadée et vibratoire qui extirpe et fait rejaillir des émotions profondément enfouies.
Caron exprime son désir de fusionner ces deux identités, de devenir une seule entité, à la fois blanche et noire, à travers une performance où la vérité et la transparence sont bouleversantes.
Les Petits désordres est une œuvre riche et intègre, où l’artiste s’abandonne au public avec une sensibilité et une authenticité remarquables.
Avec Les Petits désordres, Soraïda Caron et sa compagnie Mars elle danse nous offrent un contrepoint saisissant à leur production habituelle.
Là où les pièces de groupe tendent vers l’abstraction et le questionnement formel du corps en tant qu’objet naturel, ce solo frappe par son hyper-personnalisation et son authenticité brute.
L’œuvre dépasse le simple témoignage autobiographique pour s’ériger en une réflexion universelle sur l’identité, l’appartenance et les fractures invisibles laissées par l’adoption internationale. La maîtrise chorégraphique de Caron, ce mouvement saccadé et répétitif, devient le parfait véhicule de l’anxiété et de la quête, traduisant physiquement ce désordre intérieur qu’elle s’efforce d’unifier.
En s’exposant avec une telle vérité, Soraïda Caron prouve que l’art le plus engagé naît souvent de l’intime.
Elle confirme ainsi la pertinence et la richesse de Mars elle danse dans le paysage de la création contemporaine, une compagnie qui sait passer de l’observation du monde extérieur à l’exploration sans filtre du monde intérieur, et ce, toujours avec une exigence artistique remarquable. Les Petits désordres n’est pas seulement une pièce à voir, c’est une prise de conscience à vivre.
https://www.marselledanse.com/































































