Au cœur du Théâtre Maisonneuve résonne chaque année une symphonie de mouvements, de rires et de récits venus des quatre coins du globe. Danse, humour, théâtre : un kaléidoscope artistique où se mêlent les voix du monde. Hier soir, j’ai eu le privilège d’être présent à la première de « Sankofa Danzafro – danzas para Manuel », une création qui transcende les frontières pour toucher l’âme.
Rafael Palacios, chorégraphe et danseur colombien, est le magicien qui guide cette épopée. Son art est un hommage vibrant aux langages ancestraux de la danse afro-traditionnelle, contemporaine et urbaine. En explorant les horizons d’Afrique et d’Europe, il a tissé les fils de la Sankofa Company, une compagnie où la danse devient un cri, une revendication. Pour Palacios, la danse est un langage universel, un moyen d’expression qui transcende les barrières du temps et de l’espace.
À travers « Sankofa Danzafro », Rafael Palacios a redonné voix et dignité à de nombreux Afro-Colombiens. Ses chorégraphies pulvérisent les stéréotypes, libèrent les corps noirs de l’emprise des préjugés. Dans un tourbillon de mouvements, le spectacle rend hommage à la fresque magistrale de Manuel Zapata Olivella, « Changó, el Gran Putas ».
Manuel Zapata Olivella, ce géant de la littérature afro-colombienne, a insufflé son souffle épique dans chaque page de son œuvre. « Changó, el Gran Putas » est bien plus qu’un roman : c’est le récit vibrant de la diaspora noire africaine dans le Nouveau Monde. Sous les projecteurs du Théâtre Maisonneuve, quatorze danseurs et danseuses, accompagnés de trois musiciens, ont insufflé vie et émotion à cette épopée.
Sur scène, les corps deviennent des poèmes en mouvement. Les costumes, véritables tableaux vivants, racontent l’histoire des oubliés, des opprimés et des résilients. Chaque geste est une prière, chaque pas est une révolte. Les symboles se succèdent, révélant les secrets d’une mémoire enfouie : le masque, l’enfant à naître, les esclaves en fuite… Chaque image, chaque mouvement est une promesse de liberté.
Dans cette chorégraphie envoûtante, les rythmes résonnent comme autant de battements de cœur. Les percussions dialoguent avec les chants, les danses urbaines s’entrelacent aux mouvements contemporains. Une heure de grâce, de poésie pure, où le temps semble suspendu.
Merci, Danse Danse, pour cette expérience inoubliable. « Sankofa Danzafro – danzas para Manuel » est bien plus qu’un spectacle : c’est un appel à la résistance, un hymne à la mémoire. Une œuvre à voir, à ressentir, à vivre. Danser pour être entendu : voilà le mantra qui résonne encore dans les murs du Théâtre Maisonneuve.
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