Hier soir, le 22 mai, à 20 heures tapant, quelque chose qui ressemble à un miracle avait lieu : l’esprit de Charles Aznavour a soudainement investi la salle Wilfrid-Pelletier à Montréal. Lui qui souhaitait être sur scène le jour de ses 100 ans, a rempli sa promesse comme seul il pouvait le faire … à sa façon.
La musique
Devant une salle bien remplie, une fête émouvante, une soirée unique, un pays de merveilles, allait nous saisir aux tripes pendant 90 minutes. Un spectacle trop court. Mais livré avec la classe que seul ce poète des mots et des mélodies qu’est Aznavour savait le faire.
Au menu, un orchestre de près de 50 musiciens dirigé par Jean-Michel Malouf, aussi chef de l’Orchestre symphonique de Sherbrooke, puis le compositeur-arrangeur Nakajima Nobuyuki au piano, qui de Tokyo à Paris, laisse pantois devant la richesse et la créativité de son oeuvre. Piaf Symphonique sera à Montréal en janvier 2025 sous sa signature.
Jules Grison
Finalement il y a le merveilleux chantre qu’est Jules Grison. Grand, svelte, félin, presque discret. S’il parait être l’inverse du géant Aznavour dans sa forme, il habite la scène dans son entièreté. Il sait se mettre en haut de l’affiche. Avec sa voix de stentor, il ouvre les coeurs comme le maître.
Il devient à son tour le magicien de chaque chanson, de chaque mélodie et dynamise ses versions du répertoire de mouvements et de pas de danse. Il évoque aussi en toute subtilité certains gestes aznavouriens qui ont laissé des empreintes : le mouchoir de La Bohème, le bras plié de la chanson qui faisait vagues et scandale en 1970, Comme ils disent.
Mais avant que ce for me formidable spectacle accueille le chanteur, l’audience a été habilement préparée à la sentimentalité avec quatre numéros instrumentaux arrangés par Nakajima dont Sur ma vie et La Bohème. Aussi avant chaque chanson, des introductions splendides, nous préparaient à Hier encore, She, J’me voyais déjà et les autres.
Mais c’est surtout à la levée du rideau que l’émotion a été la plus forte quand la voix originale d’Aznavour a retenti sur Non je n’ai rien oublié. Rien de moins que des frissons et larmes ont mu la salle qui prêtait l’oreille. Pour ceux qui ont vu moult fois Aznavour sur cette scène montréalaise, ce fut un doux souvenir.
Le producteur Gil Marsalla nous a fait l’honneur d’être à Montréal le 22 mai pour les 100 ans pile. Car n’oublions pas que c’est ici que tout a commencé pour Aznavour!
Si vous passez par Paris …
Le Grand Rex à Paris accueillera Aznavour 100 ans avec l’Orchestre Colonne le 25 mai.
Lisez notre texte précédent sur ce spectacle.