La harpiste québécoise Valérie Milot réussit à se distinguer, depuis plus de dix ans, grâce à ses disques et ses concerts appréciés du public et salués par la critique. Cet automne, elle est invitée par l’ensemble I Musici à interpréter l’un des plus célèbres concertos pour harpe. Debussy et Ravel sont aussi au programme de ce concert intitulé : Paris – Valérie Milot et sa harpe. Entrevue avec une artiste proactive et audacieuse.
Interprète respectée, la musicienne ne se contente pas d’être harpiste. Professeure au Conservatoire de musique de Montréal, elle est aussi entrepreneure et fondatrice d’Anémone 47, un organisme voué à la production de concerts de musique classique. Elle possède également sa propre compagnie d’édition de partitions musicales, en plus de chapeauter diverses activités de production.
Très active sur scène, Valérie Milot n’hésite pas à sortir des sentiers battus pour séduire de nouveaux publics, en alliant la musique classique et les arts numériques; c’est d’ailleurs ce qu’elle fait actuellement en duo avec Stéphane Tétreault dans le spectacle Transfiguration (voir autre texte).
Premières amours
C’est toutefois une pièce composée il y a plus de deux cents ans qui est au coeur du programme du 17 novembre dirigé par la cheffe canadienne, Tania Miller. En interprétant le Concerto pour harpe en do majeur de François-Adrien Boieldieu, la soliste revient en quelque sorte à ses premières amours.
Je suis née à Trois-Rivières, rappelle la trentenaire en soulignant qu’on n’enseignait pas la harpe dans cette ville lorsqu’elle était enfant. Durant de nombreuses années, son père la conduisait donc à ses cours à Montréal et, chemin faisant, ils écoutaient un disque de concertos dont celui de Boieldieu qui a servi de thème au populaire téléroman québécois Septième nord durant de nombreuses années.
«Je suis intense !»
Comment expliquer un tel coup de foudre pour la harpe ? «Je me demande souvent moi-même pourquoi je n’ai pas choisi un instrument plus léger ! Je dis souvent à la blague que je suis musicienne et déménageuse !»
Cela dit, même si on associe souvent la harpe à de la musique angélique, Valérie Milot ne voit pas nécessairement les choses de cette façon.
«Ce qui m’intéresse dans mon instrument, c’est sa capacité de rugir ! Sa puissance ! Quand on en joue, on entoure l’instrument de nos deux bras et le jeu de pédales fait en sorte qu’on a les pieds en suspension, comme si on était accroché à lui. Ça crée une relation très intime.»
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, jouer de la harpe n’a rien de relaxant : «j’ai souvent les doigts crevassés et des maux de dos ! Je ne suis pas dans la douceur; je suis intense !»
La majeure partie du concert gravitera autour de la harpe. On y entendra aussi Danse sacrée et profane pour harpe et cordes de Debussy, suivie d’une adaptation pour harpe de Pavane pour une infante défunte de Ravel.
Une cheffe d’orchestre à la longue feuille de route
Cette soirée mettra aussi en lumière les talents des violonistes Amélie Benoît-Bastien et Hubert Brizard dans le méditatif Tabula Rasa d’Arvo Pärt.
Pour plusieurs mélomanes, ce sera aussi une occasion de découvrir Tania Miller, cheffe principale par intérim de l’Orchestre philharmonique du Rhode Island. Madame Miller a également été directrice musicale de l’Orchestre symphonique de Victoria pendant 14 ans. En plus de son engagement avec le Calgary Opera, elle a participé à de nombreuses productions comme directrice artistique du Michigan Opera Works et en tant que chef d’orchestre de l’Opéra McGill à Montréal.
Paris – Valérie Milot et sa harpe
I Musici / Tania Miller, cheffe invitée
Valérie Milot, harpe
Annie Guénette et Amélie Benoît-Bastien, violons
Programme :
Pärt : Tabula Rasa
Debussy : Danses sacrée et profane pour harpe et cordes
Ravel, Pavane pour une infante défunte (arrangement pour harpe de Jean-François Rivest)
Boieldieu : Concerto pour harpe en do majeur
Jeudi 17 novembre 19h30 : salle Pierre-Mercure