À la Salle Bourgie, on s’apprête à souligner le centenaire de la mort du compositeur français Gabriel Fauré, avec deux invités de marque. Le ténor Cyrille Dubois et le pianiste, Tristan Raës, encensés par la critique pour leur intégrale des mélodies de Fauré, survoleront bientôt l’Atlantique spécialement pour venir partager ce répertoire avec le public québécois. Des contemporains de Fauré seront aussi à l’honneur, dont Saint-Saëns et Théodore Dubois, puisque le concert s’intitule «mélodies françaises de la Belle Époque». Nous avons joint Cyrille Dubois, par visioconférence, à Toulouse, à la veille de la première de l’opéra Idoménée de Mozart, dans lequel il joue le rôle d’Idamante. Entrevue avec un artiste passionné, non seulement de musique, mais aussi de la langue française.
Le chanteur qui est venu à Montréal, en décembre dernier, pour prendre part à l’interprétation de L’enfance du Christ de Berlioz avec l’OSM, ne s’inquiète pas trop des rigueurs de l’hiver montréalais. Par contre, il aurait bien aimé que son récital «Maître Fauré» lui permette de faire une tournée en Amérique. «Nous avons bien essayé», résume-t-il sereinement.
Même si Fauré est considéré comme l’un des plus grands compositeurs français de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, sa musique demeure une oeuvre d’intériorité, explique monsieur Dubois. Les gens connaissent son Requiem et aussi sa pièce pour orchestre Pelléas et Mélisande, mais l’orchestration n’était manifestement pas au coeur de son processus créatif, ce qui l’a amené à se détourner des audaces orchestrales qui séduisent souvent le public, qu’il s’agisse de musiques de Wagner, Debussy ou Stravinsky.
Alors, qu’est-ce qui amène un ténor de 39 ans à se passionner pour ce répertoire d’un autre siècle et qui demeure toujours plus ou moins «confidentiel», même en France, comme l’admet Dubois lui-même?
Essentiellement, c’est le plaisir d’interpréter une oeuvre où «le texte est au coeur de chaque mélodie, au coeur de l’émotion qui devient alors autant littéraire que musicale!»
L’auditeur reçoit donc la musique et la poésie en une sorte de symbiose, alors que la musique de Fauré et les textes de Verlaine, Renée de Brimont ou Sully Prudhomme forment un tout.
Cyrille Dubois s’empresse d’ajouter qu’il a la chance de vivre ce voyage musical avec le même pianiste, depuis le début, soit Tristan Raës. Fils du pianiste Alain Raës, le jeune homme s’est associé avec Dubois pour former le duo Contraste, il y a plusieurs années déjà. Leur complicité et leur talent ont été couronnés, en 2013, par trois prix au Concours international de musique de chambre de Lyon, dont le Premier prix.
En plus de rendre hommage à Fauré, le concert «mélodies françaises de la Belle Époque» entend démontrer l’étendue de l’influence du maître sur ses élèves, notamment: Maurice Ravel, Nadia Boulanger, Florent Schmitt et Louis Aubert.
Maître Fauré : mélodies françaises de la Belle Époque
Récital vocal
Cyrille Dubois, ténor
Tristan Raës, piano
À la Salle Bourgie, le 15 mars, à 19h 30 / Billets
Une conférence en hommage à Fauré et Théodore Dubois
En début de soirée, le musicologue Sylvain Caron présentera une conférence sur l’univers des salons de la Belle Époque, où artistes et poètes se réunissaient pour échanger sur la vie artistique, sociale et culturelle de leur pays.
Ces lieux de rencontres et de débats ont manifestement eu une influence sur les pratiques musicales des années 1871-1914 et, notamment, sur le parcours de Gabriel Fauré.
Cette conférence et le récital Dubois-Raës sont organisés en collaboration avec le Palazzetto Bru Zane, un organisme installé à Venise et qui a pour vocation la redécouverte et le rayonnement international du patrimoine musical français du grand XIXe siècle (1780-1920).
Fauré et les salons de la Belle Époque – Conférence / Hommage à Gabriel Fauré et Théodore Dubois
À la Salle Bourgie, le 15 mars, à 17h 30 / Billets
*Photo d’accueil – crédit : Jean-Baptiste Millot