Belle comme le fleuve est le deuxième roman de Mélissa Perron, aux éditions Hurtubise. En 2019, Mélissa avait publié Promets-moi un printemps et abordait entre autres sujet, la dépression. Cette fois-ci, on retrouve le personnage de Fabienne six ans plus tard, dans une histoire qui explore l’autisme Asperger au féminin. Ce roman arrive en librairie dès le 25 aout. J’ai eu un véritable coup de coeur pour la plume de Mélissa Perron.
Résumé : Six ans après les événements de Promets-moi un printemps, Fabienne Dubois mène une vie presque rêvée. Elle adore son emploi dans une maison de soins palliatifs, peint plus que jamais et vit toujours avec son amoureux Fred. De plus, elle a fait une grande découverte en apprenant qu’elle était autiste, un diagnostic qui a redéfini son passé et illumine son quotidien. Le roman s’ouvre sur la mort de sa mère, qui lui a légué un duplex à Saint-Auguste-sur-Mer, un village du Bas-du-Fleuve. Fabienne pense d’abord tout simplement le revendre, mais une fois sur place, l’immeuble défraîchi la charme; le petit patelin et ses habitants la ravissent; elle a le coup de foudre pour le fleuve et ses grèves… Autant d’imprévus bouleversent Fabienne, habituée à une routine bien établie. Il y a aussi autre chose. Ou plutôt quelqu’un : Charles, un revenant de l’Ouest canadien, qui retrouve Fabienne à un moment critique de sa relation avec Fred. Ce qui s’annonçait comme un week-end sans histoire hors de la ville devient soudainement pour Fabienne l’occasion de plus d’une remise en question. Le mirage d’une vie comme neuve ondule à l’horizon du fleuve. Fabienne osera-t-elle? Et si oui, jusqu’où?
Bien que j’aie souvent entendu parler de ces gens qui ont reçu un diagnostic d’autisme asperger, c’est la première fois que j’ai l’impression de comprendre les défis au quotidien pour une personne qui vit avec ce syndrome. Mélissa Perron nous fait découvrir, dans son roman, Fabienne, qui, tout comme elle-même est une artiste-peintre ayant reçu un diagnostic d’autisme asperger. Ainsi, c’est dans la tête de la narratrice Fabienne, que l’on se retrouve et qui nous permet de comprendre comment cela fonctionne pour elle dans son cerveau au quotidien et tous les efforts qu’elle doit déployer pour ne pas sembler trop différente des autres.
Je n’ai pas lu le premier roman, qui aborde la dépression de Fabienne, six ans plus tôt, mais ce n’est pas nécessaire de l’avoir lu pour apprécier ce deuxième volume. Je dois dire que j’ai eu un coup de cœur pour la plume de Mélissa et toute la tendresse et la finesse avec laquelle elle nous a concocté cette histoire. Assurément qu’un jour je lirai le roman précédent.
J’ai tout aimé dans ce roman. La profondeur des personnages me touche, et je me suis attachée à Fabienne, à Charles, à Étienne, Alice, la jeune Laura et même la mère de Fabienne, un peu spéciale elle aussi et sa tante Claire. J’adore la façon dont Mélissa nous promène du présent au passé, dans les souvenirs de Fabienne pour nous faire connaître autant son adolescence, avec ses difficultés de créer des amitiés et de comprendre l’amour, que de la voir cheminer dans le présent, à tenter toujours de suivre les bons codes pour développer amour et amitiés.
Également, les dialogues coulent bien. La relation que l’on voit se développer entre Fabienne et Charles est intéressante à suivre. C’est charmant et parfois rempli de tendresse et d’humour de les entendre se raconter l’un à l’autre.
Il y a aussi les descriptions des endroits qui sont riches en images et en sensations. L’autrice m’a donné le goût d’aller découvrir ces endroits dans le bois et sur le bord de l’eau, qu’elle nous décrit si bien avec peu de mots, mais avec précisions.
J’ai adoré aussi ses métaphores qu’elle nous sort à l’occasion pour nous faire bien comprendre une situation. Exemple : « Cette relation, je l’avais apprêtée comme on cuisine une épaule de proc. Je l’avais saisie au départ à feu vif, je l’avais fait venir et revenir. Après ça, je l’avais laissée mijoter jusqu’à tant qu’elle s’effiloche. Je ne sais plus depuis combien d’années on était sur le mode réchaud, lui et moi… Il a préféré quitter la mijoteuse et aller faire quelques sauts dans un autre poêlon. J’suis mauvaise cuisinière : y a des porcs qui méritent plus d’attention. »
Mais surtout, ce que j’ai préféré, c’est la façon dont elle nous a plongés dans la tête de Fabienne pour que l’on comprenne mieux comment elle vit avec son syndrome, dans des situations qui peuvent sembler banales pour nous. Exemple : «En marchant vers le dépanneur, j’me suis rappelé les trucs de base quand on parle aux gens : – regarder dans les yeux; – attendre son tour pour parler; – me concentrer sur ce que l’autre dit, et non sur la texture de la couleur de ses cheveux. »
Ou encore : «Dans ma tête, chaque personne que je rencontre est numérisée. La coupe, la couleur, la texture des cheveux sont les premières données à être traitées. Ensuite, c’est le visage, les vêtements et les souliers. Et ce qui peut être plus tard incriminant pour la personne, c’est que souvent chaque parole est enregistrée avec l’heure et la date.» WOW!
Au final, ce roman est passionnant à lire. L’histoire est captivante. Les personnages sont attachants et charmants. Et la fin m’a totalement émue, au point d’avoir une petite larme à l’œil.
Mélissa Perron peint la porcelaine depuis bientôt 10 ans sous le nom de Rizada. Son amour des mots l’a amenée à faire ce qu’elle souhaitait depuis longtemps : écrire un roman. Entourée de sa petite tornade de 5 ans, de sa sage sauterelle de 16 ans, de son conjoint, de ses chats et de tous les oiseaux qu’elle nourrit dehors, Mélissa a ce don d’apercevoir le bonheur un peu partout où elle pose les yeux. Son leitmotiv? Tout est possible! Mélissa Perron est une auteure québécoise. Grâce à son diagnostic d’autisme, elle se distingue en tant qu’artiste, femme et maman. Elle a publié le roman Promets-moi un printemps en 2019 et Belle comme le fleuve en août 2021.
Prix : 24.95$
Nombre de pages :
Date de parution : 25 août 2021
Éditions Hurtubise : https://editionshurtubise.com/