Étienne Cousineau qui s’est fait connaître à la première saison de La Voix, fête les 20 ans de productions d’opérettes en présentant «Andalousie» de Francis Lopez du 8 au 10 novembre à la Maison des Arts de Laval. Les Productions Belle Lurette, fondé en 2004, a présenté 27 spectacles avec 126 artistes. Étienne est également bien connu pour adapter ses opérettes avec beaucoup d’humour pour le plus grand plaisir du public.
Étienne Cousineau me confie que le spectacle de l’an passé («4 jours à Paris») a tellement été un succès, qu’il s’est attaqué cette année à une autre oeuvre du même compositeur Lopez. Son choix s’est arrêté sur «Andalousie» parce que pour fêter ses 20 ans il voulait un spectacle à grand déploiement.
C’est une dizaine d’actes, avec plein de changements de décors et de costumes. En plus de la mise en scène, Étienne l’a adapté à la sauce humoristique en l’abordant comme un telenovelas espagnol, avec beaucoup d’exagérations et de folies. Étienne y joue Pilar, la meilleure amie du personnage principal qui est un peu nunuche. Étienne étant sopraniste chante souvent des rôles de femmes soprano.
La mère d’Étienne, Jocelyne Cousineau, s’occupe aussi de l’administration de la compagnie tout en jouant sur scène les rôles parmi les plus cocasses. Dans «Andalousie», elle s’amuse à jouer la madre espagnol!
Pour fêter les 20 ans, j’ai fait une entrevue avec le fils et la mère (en photo dans «Les mousquetaires au couvent»), qui nous racontent la petite histoire de Belle Lurette. Voici nos échanges.
Quelle est l’origine de Belle Lurette?
Étienne: À mon retour de Paris où je jouais dans la comédie musicale «Chicago», je trouvais que j’avais fait le tour des compagnies d’ici qui choisissent toujours des opérettes avec un grand nombre de choeurs. À Paris, j’étais tombé sur des opérettes à 8 ou 9 personnages qui ne sont jamais joué ici. De là est partie l’idée de Belle Lurette qui se spécialise dans des opérettes qui sont moins jouées par les grosses compagnies. On a commencé par des oeuvres d’Offenbach en un acte, puis petit à petit on est entré dans les années folles avec les opérettes de boulevard comme du Maurice Yvain. Et ma mère qui faisait de l’opérette depuis 1984 s’est jointe à nous.
Jocelyne: Je venais de laisser l’Opéra Bouffe et Étienne me propose de fonder ça, alors c’est un oui! Petit à petit j’ai eu quelques rôles pour des personnes plus âgées. Avec Robert [son mari], on a embarqué dans le conseil d’administration avec Pascal Blanchet.
Après 20 ans d’histoire, avez-vous une anecdote qui vous a marqué?
Étienne: L’an passé, le lendemain de la dernière représentation de «4 jours à Paris» de Francis Lopez, Jocelyne reçoit un téléphone d’un numéro étrange, du code régional de Paris. Au téléphone, la dame demande à parler à M. Cousineau. En pensant que c’est pour son mari, Jocelyne lui répond qu’il est décédé. Mais en parlant, elle réalise que c’est plutôt à Étienne (le fils) qu’elle veut parler. Elle s’identifie comme la veuve de Francis Lopez, l’auteur dont on vient de faire l’opérette (et celle de cette année). En retournant son appel, elle me dit comment elle avait apprécié les extraits et photos vus sur les médias sociaux, et comment son défunt mari aurait été honoré de voir son oeuvre montée au Québec. Elle mentionne que notre rôle principal avait tout ce qu’il faut pour reprendre le rôle de Luis Mariano. C’est comme la première fois que j’avais accès à la famille d’un auteur d’une opérette, et je recevais sa bénédiction. Une belle surprise!
Jocelyne: Dans une scène de «La Grande-duchesse de Gérolstein», Étienne est habillée en Grande-Duchesse amoureuse d’un soldat, lui-même amoureux d’une autre jouée par Eugénie (Préfontaine). En s’adressant à Étienne qui joue une femme, la réplique d’Eugénie « Oh oui Madame » devient « Oh oui MONSIEUR! ». Le public qui s’aperçoit de l’erreur part à rire, et ça déclenche un fou-rire général autant sur scène que dans la salle pour plusieurs minutes.
Puis j’ai posé 10 questions en rafales à Étienne et Jocelyne, pour faire 20 réponses soulignant les 20 ans de spectacles. Voici le résultat:
1- Quel est votre spectacle préféré parmi ces 20 ans?
Jocelyne: L’opérette «Madame», mais à cause de mon personnage de Zénaïde j’irais aussi pour «4 jours à Paris» l’an dernier.
Étienne: Parce que c’est grâce à celle-là que j’ai eu l’idée de fonder Belle Lurette, c’est «Pas sur la bouche» de Maurice Yvain.
2- Quel a été votre plus gros succès?
Étienne: «Barbe bleue» en 2015.
Jocelyne: Pour le public, c’est l’an dernier avec «4 jours à Paris».
3- Quel spectacle a été le plus drôle?
Étienne: «L’oncle Célestin».
Jocelyne: Ah oui! «Oncle Célestin».
4- Quel spectacle a été le plus bizarre?
Étienne: Parce que la pièce est bizarre, je dirais «Docteur Ox» (d’Offenbach).
Jocelyne: «L’île de Tulipatan», parce que Étienne jouait une fille et Anne-Marie Beaudette jouait un garçon.
5- Quel spectacle a le plus mis Étienne en valeur?
Étienne: «Barbe bleue», parce que c’est la première fois que j’étais sur scène avec Belle Lurette et je jouais une grosse cochonne nymphomane. Ça a marqué le monde ça!
Jocelyne: «La Grande-duchesse de Gérolstein» où Étienne marchait sur un grand tapis rouge.
6- Quel spectacle a le plus mis Jocelyne en valeur?
Étienne: «4 jours à Paris» l’an dernier.
Jocelyne: Définitivement «4 jours à Paris» et mon rôle de Zénaïde.
7- Quel spectacle vous a mis en valeur ensemble tous les deux, la mère et le fils?
Étienne: En fait c’est rare qu’on a des scènes ensemble. Cette année ce sera la première fois qu’on joue ensemble. Nos personnages se croisaient jamais d’habitude. Donc «Andalousie».
Jocelyne: Même chose.
8- Quel a été votre plus grand défi à monter?
Étienne: «Andalousie» cette année. C’est quand même 120 costumes avec les changements de costumes.
Jocelyne: Oui! Et il y a beaucoup de mots espagnols.
Étienne: Faut souligner Louise Dubois aux costumes sans qui on n’y serait pas arrivé. Mais cet été je me suis mis à la couture aussi.
9- Quelle production a frôlé le désastre mais que vous avez sauvée?
Étienne: Pour vrai, je touche du bois, c’est jamais arrivé. Même «Chanson gitane» avec 16 tableaux et 85 costumes, tout a bien été.
Jocelyne: Quand Étienne a cassé son talon, pas un désastre parce qu’il s’en est bien tiré.
Étienne: Oh oui, il y en a même eu 2 fois: «La Grande-duchesse de Gérolstein» et «La vie parisienne». J’aurais pu me planter dur parce que j’étais en train de courir quand le talon-aiguille a lâché.
10- Quel spectacle voudriez-vous refaire demain?
Étienne: Ex aequo, «Ta bouche» et «Ta main sur la bouche», de Maurice Yvain.
Jocelyne: «La Grande-duchesse de Gérolstein» et «4 jours à Paris».
On termine en rendant hommage à Robert Cousineau, père d’Étienne et mari de Jocelyne, parti trop tôt en 2021. En plus de participer à l’administration de la compagnie et d’être un des piliers de Belle Lurette, il accueillait le public dans le hall et s’occupait de mille choses pour eux. Il était le visage de Belle Lurette avant un spectacle. Il s’occupait aussi des artistes en coulisse, comme le papa d’une grande famille. Étienne ajoute que ça permettait aux artistes de mieux briller sur scène. Merci Robert!
Jocelyne ajoute qu’ils ont préparé «Plaisirs interdits», un spectacle spécial de chansons grivoises françaises à 6 personnages qui peut être présenté pour des occasions spéciales et disponible sur demande. Étienne le qualifie de spectacle coquin pour adulte.
Jocelyne et Étienne vous invitent à venir voir leur nouvelle production «Andalousie» avec 19 artistes sur scène, 3 musiciens, 120 costumes, et beaucoup d’humour et de rires. Voici les détails pour «Andalousie»:
Équipe de création
Auteur: Francis Lopez
Mise en scène/Direction artistique: Étienne Cousineau
Directeur musical: Maxime Dubé-Malenfant
Décors: SOS Décors
Costumes: Louise Dubois
Accessoires: Ginette Desbiens, Laurence Chaput
Perruques/Coiffures: Marie-Josée Corneau
Éclairages: Maude Serrurier
Distribution
Emmanuel Raymond, Jessica Lessard, Jean-François Raynaud, Etienne Cousineau, Dahlia Gamache, Benoit Godard, Tristan Roy, Jocelyne Cousineau, Geneviève Beauchemin, Miguel Doucet, Marie-Josée Corneau, Annie Arsenault, Pierre-Luc Cossette, Bruno Cognyl-Fournier, Anne-Marie Mousseau, Jacinthe Décarie, Valérie Flat, Pascale Rivière, Isabelle Baumann-Lenot.
Musiciens
Maxime Dubé-Malenfant, Nicolas Belpaire, Stéphane Savaria.
Maison de Arts de Laval (1395 Boul. de la Concorde Ouest, Laval)
Présenté en français du 8 au 10 novembre 2024 à 14h et 19h30.
Billets en vente (50$/45$ Étudiant) au https://bellelurette.org
Web: https://bellelurette.org
Photos: Martin Alarie