Après une demi-finale pleine d’intensité, l’émotion était palpable lors de la révélation des six finalistes du Concours musical international de Montréal (CMIM) hier soir à la Salle Bourgie. Les 10 pianistes demi-finalistes de Piano 2024 ont livré une compétition remarquable, ponctuée par des performances inoubliables.
Depuis le tout début de cette édition consacrée au piano classique, tant sur le plan technique qu’à l’échelle de l’expression poétique, les 24 artistes conviés à présenter leurs programmes de récitals au Concours musical international de Montréal ont tous fait montre d’une sophistication et d’un raffinement admirables. À tel point qu’on a pu éliminer 14 brillants concurrents, à l’issue du premier tour, n’en garder que dix pour la demi-finale, sans apparemment changer d’un cran le très haut niveau d’interprétation.
Une divulgation de notation qui n’a pas cours
La même chose se reproduira primo faciès maintenant pour l’étape finale. Quatre candidats viennent d’être éliminés d’un jet mathématique et, étant donné que la troisième étape est dévolue aux oeuvres concertantes avec orchestre, on ne se rendra pas compte des talents exclus.
Contrairement au Concours Chopin qui, lui, divulgue les notations du jury, ici, nous ne saurons jamais rien de ces mathématiques du classement et de la notation à propos des vrais grands talents éliminés du concours.
Trois prix remarquables déjà remis
Malgré tout une personnalité se distingue déjà avec deux prix de 2500 dollars chacun: il s’agit du pianiste canadien Jaeden Izik-Dzurko. Il a remporté un premier prix pour l’obligatoire mais très belle pièce miniature de la compositrice autochtone Barabara Assiginaak, pièce intitulée Taons et mouches à chevreuil.
Jaeden Izik-Dzurko en a ensuite remporté un autre pour la meilleure interprétation d’une sonate soit la première Sonate pour piano en ré mineur opus 28 si méconnue de Serge Rachmaninoff, trop rarement jouée. Elle le fut avec un brio remarquable assurant relief et sensualité, en tout cas une texture de quasi Étude-Tableau durant le mouvement marqué Andante.
Une épreuve de musique de chambre très goûtée
Un autre prix de 2500 dollars fut aussi décerné à l’Italien talentueux et de belle prestance Gabriele Strata pour un mouvement d’un Quatuor avec piano en mi bémol majeur opus 47 de Robert Schumann.
En effet, l’épreuve nouvelle d’un mouvement de musique de chambre s’était déroulée en compagnie du violoncelliste solo Brian Manker, de l’altiste solo Victor Fournelle-Blain et du violiniste solo Andrew Wan, ce qui ne pouvait que porter toute musique choisie qu’aux nues soit les sphères idéales.
Des dix récitals de demi-finale, je conserverai à jamais en mémoire celui du Canadien Jaeden Izik-Dzurko pour cette fulgurante Sonate no.1 opus 28 de Rachmaninoff.
Une absence en finale d’un immense talent
Plus encore, je retiendrai l’absolue perfection de prestation des deux récitals entiers du Chinois Antonio Chen Guang durant ce concours. Son exclusion de la finale du Concours est un amuïssement injustifiable et des plus regrettables en plus qu’il ne se trouve plus une seule sensibilité féminine en lice.
Plus une seule femme en lice
C’est donc tout autant que je déplorerai l’absence en finale de la Japonaise Arisa Onoda : L’Oiseau de feu de Stravinsky sous les graciles doigts de ses mains ainsi que sa sublime interprétation de la troisième sonate pour piano de Frédéric Chopin auraient dû lui valoir sa place, et largement méritée.
Trois fois le 1er Concerto de Tchaikovsky
Le concours offrira donc, en finale avec l’OSM, par le fait mêne, trois fois le Concerto no.1 de Tchaikovsky (par Elias Ackerley, puis Gabriele Strata et enfin Derek Wang).
Le finaliste et 4ième prix au dernier Concours Chopin, Jakub Kuszlik jouera le second Concerto pour piano en do mineur opus 18 de Rachmaninoff, Jaeden Izik-Dzurko jouera le magnifiquement difficile et exigeant second Concerto pour piano en si bémol majeur opus 83 de Johannes Brahms et l’Américain Anthony Ratinov jouera le Concerto no.3 en do majeur opus 26 de Serge Prokofiev.
Rendez-vous les 15 et 16 mai, à la Maison symphonique: les six pianistes finalistes joueront chacun leur concerto en compagnie de l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de la cheffe Xian Zhang.
LES SIX FINALISTES DE PIANO 2024 ET L’ORDRE DE PASSAGE DE LA FINALE
Mercredi 15 mai 2024, 19h30
Elias ACKERLEY (Royaume-Uni, Corée du Sud)
Anthony RATINOV (États-Unis)
Gabriele STRATA (Italie)
Jeudi 16 mai 2024, 19h30
Derek WANG (États-Unis)
Jaeden IZIK-DZURKO (Canada)
Jakub KUSZLIK (Pologne)
LES GAGNANTS DES PRIX SPÉCIAUX
Gabriele STRATA (Italie)
Gagnant du Prix Musique de chambre
offert en partenariat avec Dixi Lambert et le Festival de musique de chambre de Montréal
Jaeden IZIK-DZURKO (Canada)
Gagnant du Prix de la meilleure interprétation d’une sonate en demi-finale
offert en partenariat avec Anne Stevens
Jaeden IZIK-DZURKO (Canada)
Gagnant du Prix André-Bachand pour la meilleure interprétation de l’oeuvre canadienne imposée
offert en partenariat avec Claudette Hould
Le jury
Présidé par Monsieur Zarin Mehta, le jury international de Piano 2024 est composé de neuf membres reconnus mondialement pour leur expertise et leur expérience: Dmitri Alexeev, Lydia Artymiw, Louise Bessette, Jan Jiracek von Arnim, Robert Levin, Hélène Mercier, Ronan O’Hora et Minsoo Sohn ont délibéré pour sélectionner les six finalistes.